Incendie aux Eaux de Volvic : que reprochent les associations écologistes aux usines d’embouteillage ?

Sans que l'incendie criminel sur le site des Eaux de Volvic, survenu la nuit du 1er mai dans le Puy-de-Dôme, n’ait été revendiqué, un tag dénonçant l'exploitation massive de la ressource en eau a été découvert à proximité. Depuis plusieurs années déjà, la question de l'embouteillage de l’eau créé des tensions partout en France.

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"Extractivisme de l'eau ? Nan mais à l'eau quoi" : ce message recouvrait les murs d'un local technique de la Société des eaux de Volvic, mercredi 1er mai au matin. Dans la nuit, deux individus encagoulés ont mis le feu au petit bâtiment d'une importance stratégique. Les dégradations techniques ont forcé l'arrêt de l'usine qui fabrique près de 3,5 millions de bouteilles par jour. L'activité a pu reprendre ce vendredi et l'enquête, elle, suit toujours son cours. 

L'acte n'a pas été revendiqué. Les quelques mots tagués laissent penser que les revendications sont d'ordre écologique. Ils dénoncent l’exploitation massive des ressources naturelles dans le but de la vendre sur des marchés internationaux. La société des Eaux de Volvic n’avait jamais connu une telle attaque. Mais dans le Puy-de-Dôme comme ailleurs, la gestion de l'eau et la question de son embouteillage font débat depuis plusieurs années déjà. 

Pression sur les milieux naturels

Partout en France, des collectifs se forment sur les territoires où sont implantés des minéraliers : Vosges, Ain, Languedoc, Auvergne... Tous partagent la même revendication : la quantité d'eau prélevée est "trop importante" à une époque où la ressource tend à se raréfier et où les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents. 

"On a beau nous dire qu'il n'y a pas d'impact, lorsque l'on enlève autant d'eau à un milieu naturel, elle manque", appuie François Dominique De Larouzière, géologue auprès de l'association Préservation Environnement Volcans d'Auvergne (Preva). Celle-ci a "désapprouvé" l'acte de sabotage aux Eaux de Volvic et encourage des "actions non-violentes" pour faire entendre sa voix.

Les associations ne veulent pas la peau des industriels. Elles disent juste que la donne a changé et qu'il faut s'adapter. On sait que c'est un système très compliqué, qu'il faudra dix ou quinze ans pour que les choses bougent mais on ne peut plus continuer à tirer sur la corde.

François Dominique De Larouzière

Géologue dans le Puy-de-Dôme

Accaparement d'un "bien commun"

L'eau est souvent décrite comme "un bien commun" accaparé par une poignée d'exploitants. Les associations de défense de l'environnement revendiquent un partage plus "équitable". "Parfois, vous avez trois plants de tomates devant chez vous que vous ne pouvez pas arroser en été. Par contre, vous voyez passer des camions de grandes compagnies de l'eau. Cela semble insensé et injuste", commente François Dominique De Larouzière. 

Des collectifs de défense de l'environnement, dont Preva, plaident pour une diminution des quotas de prélèvements annuels autorisés par les préfets. "Certains sont tellement élevés que les gestionnaires ne parviennent pas à prélever à hauteur de leur autorisation", ajoute le scientifique. Dans le bassin de Volvic, 11 milliards de litres sont disponibles. La société des Eaux de Volvic a le droit d'en prélever 2,5 milliards soit un peu plus de 20%. "Les quantités que nous prélevons sont toujours inférieures aux quantités autorisées par notre arrêté préfectoral", précise-t-elle sur son site internet

Pour Frédéric Bonnichon, le président de la communauté d'agglomération Riom Limagne Volcans, les "avancées techniques et juridiques sont nombreuses" parmi lesquelles un accord signé en avril entre les Eaux de Volvic et les syndicats d'approvisionnement en eau. Ces derniers pourront désormais utiliser l'un des captages d'eau potable de l'exploitant pour alimenter le bassin de Riom, en cas de crise sur l'approvisionnement. "C'est une interconnexion historique. Cet acte de malveillance est une forme de terrorisme industriel. Il prouve la radicalisation des positions et une dérive vers l'éco-violence alors que le débat avance", commente Frédéric Bonnichon (LR), également conseiller régional membre de la commission Eau. 

Surproduction de plastique

La production de plastique est un autre point de friction. Les industriels mettent en avant une utilisation de plastique recyclé. Insuffisant pour les associations environnementales qui préféreraient un retour à des bouteilles en verre consignées. "Actuellement, on en trouve que dans les restaurants, rappelle François Dominique De Larouzière. Cela reste un produit haut de gamme, peu développé parce que coûteux."

Au niveau national, le collectif Stop embouteillage appelle à l’arrêt définitif de la filière de l’embouteillage industriel de l’eau et encourage à consommer l'eau du robinet. Celle-ci souffre encore de nombreux préjugés. 

Il faut éduquer les gens et leur faire comprendre que l’eau du robinet est parfaitement consommable. Les campagnes de pub des quinze dernières années ont été très efficaces pour intégrer dans l'inconscient collectif que l’eau en bouteille est mieux. De récents scandales nous ont montré que ce n’est pas toujours le cas.

François Dominique De Larouzière

Géologue dans le Puy-de-Dôme

Traitements non conformes à la réglementation

Ces dernières semaines en effet, les tensions ont été exacerbées par des fraudes autour du traitement des eaux minérales. Dans une enquête publiée en janvier, le journal le Monde et la cellule d’investigation de Radio France révélaient que l’eau vendue sous l'étiquette “de source” ou “minérale naturelle” subissait en réalité une purification. La réglementation interdit la désinfection de ces deux catégories d’eau, censées être naturellement de haute qualité microbiologique, contrairement à l’eau du robinet pour qui la désinfection est nécessaire afin de la rendre potable.

Les signalements ont commencé en décembre 2020 avec le témoignage d’un ancien salarié de la société Sources Alma (Saint-Yorre, Cristaline, Chateldon, Vichy Célestins…). Le groupe Nestlé Waters (Perrier, Contrex, Vittel, Hépar…) était également largement mis en cause. 

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