Il a transformé son appartement en véritable cabinet de curiosités, un musée à domicile qu’il permet de visiter au gré de ses rencontres. Rue du Port à Clermont-Ferrand, découvrez l’impressionnante collection de Francis.
La visite commence en dehors de son appartement de la rue du Port, à Clermont-Ferrand. Du trottoir on aperçoit un balcon rempli d’objets atypiques et un panneau de bois où on peut lire “Musée insolite du Port”. En dessous, un numéro de téléphone. Si vous le composez, vous tomberez sur Francis. Cheveux poivre et sel, l’œil rieur, s’il vous a à la bonne, il vous ouvrira peut-être la porte de son cabinet de curiosités. Collectionneur né, il accumule souvenirs personnels et objets d’arts à son domicile. “J'ai toujours collectionné, et je suis un peu un philosophe né aussi, comme dit mon grand-père de la Drôme. À partir du moment où j'ai acheté l'appartement de la Poterne qui est magnifique, avec une vue panoramique sur la cathédrale et la fontaine d’Amboise, je me suis mis à faire des cartes postales et je me suis mis à mettre mes collections dans cet appartement dont j'avais fait l'acquisition.” Au fil des collections diverses qui le passionnent, cet appartement se transforme très vite en véritable musée.
Un musée à domicile
Si la collection est de naissance, l’histoire de ce cabinet de curiosités commence avec un coup de cœur : “Je suis tombé amoureux du vieux Clermont en 2009, avec cet appartement de la Poterne”, raconte Francis. Mais après 10 ans à prendre soin de ses trésors, un coup du sort a bien failli réduire à néant ses efforts : J'ai eu un incendie partiel le 2 avril 2020 d'origine électrique. Ce que j'avais fait en 10 ans, ça a été dégradé en 10 minutes. J'en ai conservé une partie et je suis reparti ici le 10 mai 2020 après avoir passé un peu de temps chez mes parents, à Mirefleurs. J’ai toujours eu cette tendance à la collection et à la présentation de mes collections, jusqu'à ce stade du cabinet de curiosités que je trouve relativement accompli, millimétré, ce que j'avais fait au musée insolite de la Poterne et qui est devenu maintenant au musée insolite du Port. Il est composé d’œuvres d'artistes clermontois avec des curiosités diverses.”
Une organisation millimétrée
Si à première vue, les objets s’entrecroisent dans un joyeux brouhaha visuel, l’organisation de ce musée à domicile est méticuleuse, mais seul son auteur en a le secret : “J'ai mes petites thématiques. Je mets ma collection d'objets francs-maçons dans le couloir, près d’une œuvre en hommage à Cabu, qui était venu quelques temps plus tôt à Clermont-Ferrand. J’ai une thématique dans les toilettes et sur un pan de mur où je mélange les 3 religions, la religion traditionnelle, la religion du football qui est une religion plus moderne des Dieux du stade, et une religion également moderne qui va être la politique, et Macron, même si je ne fais absolument pas de prosélytisme. J'ai une partie bretonne près de la fenêtre. Je suis tombé amoureux de la Bretagne, de la presqu'île de Crozon, de mon ami Gwenaël qui a un des plus beaux restaurants de la presqu’île...”
Rencontrer et partager
Une fois le code déchiffré, l’organisation de l’appartement fait sens. Et Francis n’hésite pas à ouvrir sa porte au gré de ses rencontres pour montrer aussi bien les curiosités dénichées au fil des ans que ses souvenirs personnels : photos de vacances côtoient objets d’arts, cadeaux personnels et souvenirs familiaux se mêlent à des trouvailles chinées par le passionné : “Cet appartement est quelque part l'autobiographie de ma vie que je suis le seul à pouvoir vraiment lire, et je la lis à mes visiteurs au hasard de leur visite. La finalité de tout ça reste la rencontre et le partage humain. Ça peut être des gens avec lesquels je parle de mon balcon qui est, soi-disant, l'endroit le plus photographié à Clermont-Ferrand après la cathédrale.”
"Je vis au milieu de ma vie"
Les objets viennent de partout. Francis sait ce qu’il recherche et comment l’obtenir, même si parfois, certains objets viennent à lui : “J'ai eu des dons, comme un petit éléphant en marbre du Taj Mahal qui m'a été offert par un visiteur qui s'appelle François. Après ce sont tous mes voyages , Il y a beaucoup Cracovie et mon ami Scott, la Bretagne et mon ami Gwenaël... Je chine tous les dimanches matin et j'ai des gens qui chinent pour moi, qui savent ce que je recherche, je commande également des œuvres à des artistes clermontois”, raconte-t-il. Il le rappelle, l’appartement n’a pas uniquement vocation à entreposer sa collection, puisqu’il y vit en colocation. Il se faufile entre ses montagnes de trésors accumulés, pour aller de pièce en pièce, mais cet encombrement ne le trouble pas, bien au contraire : “Ça me fait du bien parce que ça m'évoque des souvenirs, des émotions, du partage. Je vis au milieu de ma vie. J'ai l'impression d'avoir vécu, j'ai l'impression d'avoir fait des choses, d'avoir eu des choses et d'avoir fait quelque chose de ma vie.”
Un homme entouré mais solitaire
“Ça comble un vide affectif aussi, peut être, il faut le reconnaître”, admet Francis, soudain l’air mélancolique. S’il a trouvé sa passion, il avoue regretter de n’avoir pas rencontré quelqu’un avec qui partager sa vie : “Je me sens seul, c'est vrai. Mais je le suis puisque je n'ai pas construit ma vie. Et c'est vrai que c'est paradoxal, de cultiver cette passion, parce que ça ne va pas forcément attirer des femmes. C'est un endroit ultra personnalisé. Quand je rencontre une femme, je présente ça comme un endroit personnel. Si je devais vivre avec une femme, ce serait dans l'appartement tout rénové de la Poterne !” plaisante-t-il. "J'ai un vide, il faut le reconnaître mais ce n'est pas une maladie et je compense en effet par des collections d’objets. J'ai toujours été comme ça. Tout homme a besoin d'une femme ou d’un homme, toute femme a besoin d’un homme ou d’une femme. D’ailleurs, dans mon musée, j'ai mis Gabriel Attal. Je trouve que c'est un beau symbole dans notre société moderne, qu' on peut être homosexuel et Premier ministre.” Mais bien vite, son visage retrouve sa jovialité : “Par contre j'ai de la chance en amitié, ça c'est certain.”
Des visiteurs au compte-goutte
Il rencontre des visiteurs environ un jour sur 2, “pas trop non plus parce que ça me dérangerait, j'en ai juste assez pour avoir un peu de richesse. Souvent, c'est un échange sur le balcon puisque je suis au premier étage et s'il y a des affinités, je propose un petit café, j'offre mes cartes postales panoramiques de la Poterne et quand c’est une famille, les enfants repartent systématiquement avec un petit jouet.” Ici, rien n’est sous verre, rien n’est protégé, on peut comme qui dirait toucher à tout, ce qui ne semble pas inquiéter Francis : “Des choses tombent par la loi de la gravité, se cassent régulièrement et ce n'est pas grave. Un objet est moins important qu'un humain.”
Une collection hétéroclite
Il accueille surtout des touristes, parfois des locaux, toujours dans l’idée de faire découvrir sa collection et de partager son savoir : “J'ai affaire à des gens souvent venus de l'extérieur de Clermont-Ferrand, le Clermontois est plus occupé par son quotidien. Mais j'ai aussi des visites de Clermont, souvent des gens intéressés, cultivés. Donc je présente mes objets de Clermont-Ferrand en lave émaillée, ma collection de boules anciennes, mon Christ de Rio dont le 2e exemplaire depuis 8 ans a été offert par moi-même à la cathédrale de Clermont-Ferrand, mon masque mortuaire de Blaise Pascal, en bronze, dont le 2e exemplaire est au musée Roger-Quilliot. Après je reconnais que j'ai une petite collection de sextoys et j'ai quelques armes factices et je trouve que ça intéresse un peu trop les gens. Moi, j'essaie de présenter quand même des choses un peu plus culturelles et j'essaie de partager ma passion du vieux Clermont et de son histoire et de son patrimoine. C'est ça qui m'intéresse le plus. Clara Morgane intéresse beaucoup les hommes. Elle est venue à Clermont, elle m'a dédicacé un t-shirt", raconte-t-il.
Collectionner sans compter
Quand on lui demande combien d’objets il recense dans la collection, Francis avoue ne plus compter : “J'en ai énormément, c'est incalculable. Je ne suis pas capable d'estimer. Il y a des choses qui datent, comme une œuvre que j’ai faite en maternelle avec des pâtes alimentaires !” Pour ce qui est du prix de ses trésors, il reconnaît qu’il ne compte pas non plus : “J'ai tendance à vivre un petit peu au-dessus de mes moyens parce que je suis un peu acheteur compulsif. Ma mère m'engueule en me disant que je dois mieux gérer mon budget et elle a raison. Mais c'est une démarche humaine et non mercantile. On est une époque où tout est mercantile. Moi je suis auto-entrepreneur dans l'immobilier, j'ai assez pour vivre, sauf en fin de mois.”
La passion reprend vite le dessus, et nous poursuivons la visite. “Là, j'ai mis le Tour de France à Clermont-Ferrand, le rugby à Clermont-Ferrand bien sûr, le journal des 10 ans de notre Brennus, j'ai le Brennus. On a un casque de mineur, on appelle ça une barrette avec une lampe de mineur, ça représente le côté paternel à Grenoble où mon grand-père était mineur. J’ai un casque soviétique Mig 21 authentique. J’ai un copain qui fait les poubelles et qui m'a trouvé des casquettes de gendarme, pour tout vous dire. Là, c'est un joug transformé en miroir.” Il a entreposé sa collection jusque dans les toilettes, toujours sur la thématique de la religion, du sol au plafond.
Aucune pièce n’y échappe, pas même la chambre de son colocataire. “Il ne faut regarder que le haut de la chambre parce que le bas est mal rangé. C'est celle de mon cohabitant, Fabien, qui n'est pas là actuellement, qui est à Paris et qui n'a pas rangé sa chambre, mais la mienne est encore pire, donc je vous montre celle-ci. Fabien accepte mes excès”, plaisante-t-il.
L'amour de Clermont-Ferrand
Francis se consacre pleinement à sa vie familiale, amicale, à sa collection et à sa ville : “J'ai une passion pour Clermont-Ferrand, c'est une ville qui me rend heureux et donc je rends à Clermont-Ferrand le bonheur qu'elle me donne. J’espère faire les 510 ans de la fontaine d’Ambroise avec le maire, avec son accord bien sûr, en 2025, avec un concert de musique, j'essaie de bien organiser ça.” Pour découvrir par vous-même les trésors de Francis, il vous suffit de vous promener rue du Port et de lever les yeux.
Retrouvez Francis et son musée insolite dans le numéro de l'émission En Vadrouille intitulé "Une folle journée dans le Puy-de-Dôme". Loïc Ballet a rendu visite à Francis et à de nombreux autres personnages attachants. A voir en Replay sur france.tv