Au cours de sa carrière, Jane Birkin est passée de nombreuses fois sur scène à Clermont-Ferrand pour jouer au théâtre, chanter ses textes ou ceux de Serge Gainsbourg. Mais son lien avec la capitale auvergnate allait beaucoup plus loin.
A Clermont-Ferrand, Jane Birkin a joué au théâtre, chanté ses textes, ceux de Serge Gainsbourg et tourné un film de cinéma. Mais son lien avec la ville ne saurait se résumer à ses prestations artistiques. A Clermont, Jane Birkin s'est amusée dans les boîtes de nuit, elle a déniché des perles aux puces des Salins. Elle a inauguré la première rue Serge Gainsbourg et trouvé un grand ami, Jean-Marc Grangier. C'est dire si pour l'artiste, décédée ce 16 juillet 2023, la capitale auvergnate n'était pas qu'une date sur la liste d'une tournée.
1975 : "7 morts sur ordonnance"
A l’été 1975, elle vient pour la première fois dans la capitale auvergnate pour le tournage du film de Jacques Rouffio "7 morts sur ordonnance". Au casting, elle côtoie Gérard Depardieu, Michel Piccoli et Charles Vanel. Au journaliste qui lui demande ce qui lui a plu dans le rôle, elle répond : “Quand Jacques Rouffio m’a demandé de le faire, je ne m’y attendais pas du tout. Je ne croyais pas du tout que j’étais sa tasse de thé.” Puis, avec une désarmante sincérité : ”Je croyais que j’étais idiote et que je n’intéresserais jamais quelqu’un comme Jacques Rouffio”.
Visiblement inquiet de savoir ce qu’une jeune femme comme Jane Birkin fait dans “une ville de province”, le journaliste lui demande ensuite ce qu’elle fait à Clermont-Ferrand en dehors du tournage. Dans un grand sourire, elle raconte : “Je me suis baladée, j’ai trouvé une vieille chemise de nuit, j’ai été dans les bistrots, j’ai traîné quoi ! J'étais avec Ava …la fille qui fait mes cheveux.” Elle dit avoir découvert la statue de Vercingétorix mais aussi les boîtes de nuit clermontoises où elle dit s’être amusée.
2003 : la rue Serge Gainsbourg
Bien des années plus tard, le 8 mars 2003, Jane Birkin est à nouveau à Clermont pour inaugurer la rue Serge Gainsbourg. La voie, qui vient d’être percée juste derrière la toute jeune salle de spectacle de la Coopérative de Mai, est à l’époque la première de France à porter le nom de l'artiste.
Près de 200 personnes sont venues assister à l’inauguration. Jane Birkin les remercie : “Vous êtes les seuls à avoir fait une rue à son nom, les seuls à avoir pu le porter dans le quotidien. C’est une adresse sur l’enveloppe maintenant, c’est une adresse que vous enverrez à quelqu’un. Je suis très fière de vous d’avoir eu cette idée très belle et je vous embrasse très fort !”
2007 : sur les planches
En 2007, Jane Birkin est de retour à Clermont, pour du théâtre cette fois. Sur la scène de la maison de la culture, elle incarne Electre, l’héroïne de “Sophocle”: “C’est assez intimidant ! Mais je connaissais le metteur en scène et je me suis dit : c’est pas tous les jours qu’on vous demande de le faire, quand même ! Il faut avoir une gratitude parfois dans la vie quand on vous demande de faire de belles choses.”
2009 : à la rencontre des lycéens
En mars 2009, c’est Jane Birkin la chanteuse qui revient dans la capitale auvergnate, mais auparavant, elle est allée rencontrer des élèves du lycée Saint-Géraud d'Aurillac, auteurs d’un clip autour de la chanson "Ex fan des sixties" et d’un livre autour de sa vie. Elle qui s’est construite à travers des rencontres a voulu renvoyer l’ascenseur. “Quelqu'un m’a pris la main quand j’étais jeune, c'était ma maîtresse d’école. Ensuite, ce sont mes rencontres, les personnes qui étaient dans ma vie. J’ai eu la chance d’être éduquée par eux; ils m’ont rendue curieuse !”
A ces jeunes, elle a beaucoup parlé de Serge Gainsbourg. Alors que beaucoup n'étaient pas nés à la mort de l'artiste en 1991, elle leur avait assuré : “vous l'auriez adoré !"
2016 : Gainsbourg symphonique
En 2016, c’est à nouveau pour interpréter les textes de Serge qu’elle revient à Clermont-Ferrand, accompagnée par l'orchestre d’Auvergne. C’est le projet “Gainsbourg Symphonique”. Elle est alors l'invitée du 19/20 régional :
Jean-Marc Grangier, l'ami clermontois
Quand on lui demande pourquoi elle revient si souvent dans la capitale auvergnate, elle confie alors : “Jean-Marc Grangier (directeur de la Comédie de Clermont-Ferrand pendant près de 20 ans NDLR) est un copain, donc je suis un peu biaisée !”
Jane Birkin et Jean-Marc Grangier, c'est une amitié forte. Un lien qui explique par exemple pourquoi elle se trouvait dans le Puy-de-Dôme le jour de ses 70 ans : "Ce soir-là, j'ai fait exprès de chanter à Clermont-Ferrand dans un théâtre dont je connais bien le directeur. Je ne voulais pas être à Paris", avouait-elle en 2016 à nos confrères de la radio Nostalgie. Dans un autre entretien avec nos confrères de La Montagne, elle confiait s'être perdue un jour avec lui dans le brouillard des volcans d'Auvergne, où elle adorait se promener. Même le chien de Jean-Marc Grangier, un bouledogue blanc, est un cadeau de Jane Birkin.
Les puces des Salins, passage obligé
Lors de ses passages à Clermont, elle aimait aussi se rendre aux puces de la ville, juste en face de son hôtel. Dans le supplément week-end du Financial Times, elle racontait avoir du louer un van en 2009 pour ramener l'ensemble de ses achats à Paris ("Quatre chaises de jardin, un cendrier Gitanes, un panier à légumes, un ravissant perroquet en papier mâché portant un canotier, un porte-chapeaux, une maquette illuminée de navire de guerre d'un mètre cinquante de long").
Jane Birkin était revenue à Clermont-Ferrand pour un dernier spectacle le 12 novembre 2022. Sur la scène de l’opéra théâtre, elle avait interprété “Oh ! Pardon tu dormais”, son dernier album studio dont elle avait écrit tous les textes.
