Après le premier tour de la présidentielle, à Clermont-Ferrand, la gauche se prépare en coulisses aux élections législatives, pour faire barrage à celui ou celle qui occupera l'Élysée. Les partis tentent de former une union, mais l'entente est-elle possible, même au niveau local ?
À l'issue du premier tour de la présidentielle, la couleur politique de la ville s'est confirmée : Clermont-Ferrand reste un bastion de la gauche. Mais coup de théâtre, la gauche qui a imposé son sceau sur la ville, c'est La France Insoumise.
Avec 31,15 % des voix, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête. La capitale de l'Auvergne, qui avait pourtant renouvelé son maire socialiste en 2020, n'a accordé que 2,60 % à Anne Hidalgo. Assiste-t-on à un renversement des forces ?
Union de la gauche
Après avoir donné leurs consignes de vote pour le second tour, au niveau national, les partis se préparent pour les législatives de juin. La gauche espère bien former une grande union, mais la forme qu'elle prendra reste encore à définir.
L'objectif : obtenir la majorité à l'Assemblée nationale, pour contraindre celui, ou celle, qui sera chef de l'Etat à une cohabitation. Un cas de figure qui n'est plus arrivé depuis 2002.
Union ou désunion ?
Tandis que les discussions commencent au niveau national, les élus locaux attendent de connaître la marche à suivre. Ici, lors des dernières municipales, socialistes, verts et communistes ont formé une majorité à Clermont-Ferrand. La France Insoumise, elle, est restée dans l'opposition. On peut se demander si localement, l'union de la gauche est bien possible.
Dès le lendemain des résultats de la présidentielle, le maire de Clermont-Ferrand avait appelé les mouvements de "[sa] majorité à se mettre autour d'une table".
Depuis, Olivier Bianchi a déclaré être prêt à inclure La France Insoumise dans cette discussion. "Mais, les insoumis doivent nous démontrer qu'ils veulent cette unité. Puisqu'ils sont les plus forts aujourd'hui, c'est à eux de prendre des initiatives. "
Une gauche bouleversée
"Il y a un travail à faire avec les syndicalistes, avec les intellectuels, avec les universitaires, avec les citoyens, continue l'élu socialiste. Pour redéfinir ce que pourrait être une politique de gauche de transformation sociale dans ce pays."
La France Insoumise sera-t-elle la figure de proue de cette nouvelle gauche, grâce à son bon score à la présidentielle ? Olivier Bianchi s'y refuse : « Jean-Luc Mélenchon n'est pas devenu l'alpha de toutes les prochaines élections.»
LFI veut mener la barque
Sur ce point Marianne Maximi, élue de La France Insoumise à la mairie de Clermont, est en désaccord. "Ça va plus que rebattre les cartes, on est plus dans la même configuration que les années précédentes, nous sommes largement en tête."
Une position de leader dont la France Insoumise compte profiter. Dans un courrier envoyé, jeudi 15 avril , le parti a donné ses conditions pour une union de la gauche.
Entre autres, le programme devra être fait "à partir de celui qui a recueilli le plus de votes à l’élection présidentielle : « L’avenir en commun »".
"On propose une fusion proportionnelle qui respecte le poids de chacun dans les urnes.", détaille l'élue. Selon cette logique, la France Insoumise pèsera le plus dans cette union avec les 22 % de Jean-Luc Mélenchon. "Il n'y a pas de volonté d'hégémonie", défend Marianne Maximi.
Cuisine de campagne
L'argument ne convainc pas Nicolas Bonnet, élu Vert de Clermont-Ferrand et porte-parole de Yannick Jadot en Auvergne. Sans contester l'important électorat de LFI, il relativise l'adhésion des électeurs : "Il y a eu un important vote utile en direction de LFI". Selon lui, pour être plus représentatif, le poids de chaque parti devrait se calculer sur plus d'élections. "Ce qui est toujours compliqué dans une entente, c'est que l'un n'écrase pas l'autre."
Avant d'agir l'élu attend les consignes nationales pour savoir s'il y aura ou non une union de la gauche. Il veut pourtant y croire. "Ce ne sera pas facile de trouver des accords, mais c'est plus simple que pour la présidentielle, là il y a plusieurs députés."
Point d'achoppement supplémentaire : le courrier de LFI a été adressé au Parti communiste, à Europe Ecologie-Les Verts (EELV), mais pas .. aux socialistes.
À ce sujet, Marianne Maximi bote en touche : la décision est prise au niveau national.
"Pas de petits calculs"
Pour Cyril Cineux, élu communiste de Clermont-Ferrand, mais aussi 4e adjoint d'Olivier Bianchi, hors de question de choisir entre LFI ou le PS, le mot d'ordre, c'est "l'union".
"La politique ce n'est pas que des stratégies à la petite semaine. Le bon score des Insoumis a évidemment des conséquences dans les rapports de force, mais on ne va pas choisir un tel ou un tel, on ne va pas faire ce genre de petits calculs. "
Avec une union de la gauche, il espère même convaincre une partie des abstentionnistes "l'objectif c'est de parler à l'ensemble des électeurs de gauche".
Éviter le scénario de 2017
Les élus gardent tous en mémoire les élections législatives de 2017. Aucune union n'avait été trouvée : insoumis, socialistes, communistes et verts, étaient partis en ordre dispersé, chacun avec leur candidat.
Résultat, dans le Puy-de-Dôme, seule Christine Pirès Beaune du Parti Socialiste avait remporté une circonscription.