Après une première semaine d'entre-deux-tours marquée par une quête de proximité pour le président-candidat et une recherche de crédibilité pour la candidate d'extrême droite, les deux finalistes à la présidentielle s'affrontent par médias interposés. Immigration, pouvoir d'achat, retraites, Marine Le Pen répond aux questions de France 3.
Changement de ton et de rythme pour Marine Le Pen qui depuis plusieurs semaines menait une campagne à bas bruit, favorisant les déplacements dans de petites localités de la "France des oubliés" autour de la thématique du pouvoir d'achat.
Voici trois points que nous avons retenus de cet entretien à (re)voir ici en intégralité.
1. Passer la TVA sur les énergies de 20 à 5,5 %
L'objectif pour les deux finalistes est d'élargir leur base du premier tour en attirant notamment les électeurs de leader insoumis Jean-Luc Mélenchon (21,95% des voix).
Selon les enquêtes d'opinion, environ 80% des électeurs de l'ex-polémiste Éric Zemmour pourraient mettre un bulletin Le Pen dans l'urne le 24 avril, contre environ 20% pour les électeurs ayant voté Mélenchon. Alors pas question de lâcher un thème rebattu depuis le début de la campagne : le pouvoir d'achat.
Dans cet entretien vendredi à France 3, la présidente du Rassemblement national s’est donc engagée une nouvelle fois à réduire la facture énergétique des Français. Elle propose de faire gagner 15 euros aux Français par plein d’essence en jouant sur les taxes.
Marine Le Pen promet de baisser la TVA sur les énergies de 20 % à 5,5 %. "Ce sont des mesures qui sont tout à fait finançables, cela coûtera 12 milliards d’euros, et j’entends appliquer ces mesures de façon pérenne".
La présidente du Rassemblement national a par ailleurs confirmé vouloir réduire de 15 % le prix des péages autoroutiers qu'elle juge beaucoup trop élevé.
Marine Le Pen s'oppose aux mesures appliquées par certaines grandes villes pour réduire la pollution de l'air : "il ne faut pas interdire l'entrée dans les grandes villes à ceux qui ont de vieilles voitures, mais ne peuvent pas se payer une nouvelle, il faut y aller doucement."
Marine Le Pen promet de reverser les salaires aux soignants non-vaccinés, ou de mettre en place le référendum d'initiative populaire pour "donner corps" aux "revendications des mouvements de rue" comme les gilets jaunes.
2. Partir à la retraite à 62 ans
Sur le sujet explosif des retraites, Marine Le Pen défend un maintien de l'âge légal à 62 ans pour ceux qui ont commencé à travailler après 25 ans, avec un taux plein après 42 années de labeur.
La Présidente du Rassemblement national se démarque du projet de son concurrent Emmanuel Macron qui a ouvert la porte à un recul limité à 64 ans, avec une "clause de revoyure" dans cinq ans.
"Je souhaite permettre aux Français de partir à la retraite en bonne santé", insiste Marine Le Pen qui explique que selon elle, "c’est tout à fait soutenable financièrement".
Pour la candidate à l'Élysée, "le départ à la retraite à 62 ans avec 42 annuités, c’est un maximum". En précisant toutefois que "cela dépendra de l’âge auquel les personnes auront commencé à travailler".
Pour ceux qui ont débuté plus jeunes, les possibilités existantes de départ anticipé seraient élargies selon l'âge d'entrée dans la vie active, jusqu'à 60 ans et 40 années de cotisation pour les carrières débutées avant l'âge de 20 ans.
Faut-il obliger les jeunes médecins à travailler en zone rurale pour lutter contre la désertification ? "Je ne crois pas à la contrainte, mais plutôt à l’incitation fiscale", répond Marine Le Pen.
Elle propose notamment de "recréer des emplois et de financer des structures dans ces zones rurales, afin que les familles de ces médecins puissent trouver leur place et vivre bien". Une proposition tenue aussi par le président sortant.
Interrogée sur les régimes spéciaux, Marine Le Pen s’indigne que l’on parle de "revenir sur des contrats qui ont été passés pour de bonnes raisons", pour certaines professions comme les militaires ou les pêcheurs, promettant de ne pas revenir sur "les engagements pris par ses prédécesseurs".
3. Organiser un référendum sur l'immigration
Avec les projecteurs de nouveau braqués sur elle, en tant que finaliste de la présidentielle, Marine Le Pen doit répondre également à des questions plus insistantes sur son programme, alors qu'elle a veillé jusque-là à laisser les propos les plus radicaux sur l'immigration à son rival d'extrême droite Eric Zemmour.
Son projet de faire réviser la Constitution par voie référendaire, une hypothèse contestée par les juristes, et sa vision de la politique étrangère sur la Russie ou l'Allemagne, l'ont parfois mise sur la défensive. Cette fois, le propos est clair, assumé.
"On va régler ce problème de l'immigration et ne seront présents sur le territoire national que les gens qui respectent la loi, qui respectent nos valeurs et qui ont eu l'autorisation d'y être".
"Ça fait 40 ans que les Français ne sont pas consultés sur ce sujet majeur (...). Nous subissions une immigration dérégulée, massive et anarchique qui a des conséquences dans tous les secteurs de notre pays", indique Marine Le Pen. "Les Français n'ont qu'un seul pays, le leur".
L'élimination d'Eric Zemmour la replace aussi à nouveau en première ligne face aux accusations de racisme ou de Frexit, alors qu'elle avait évité de développer ses propositions radicales sur l'immigration et l'Europe avant le premier tour.
À neuf jours du scrutin, Emmanuel Macron garde l'avantage dans les intentions de vote (de 53 à 55%) mais avec une marge moindre qu'il y a cinq ans (64/36%).
Avec toujours plusieurs inconnues, dont notamment le niveau de l'abstention et le report des 21,95% de voix qui se sont porté dimanche sur le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon.
Le président sortant a considérablement allégé son agenda diplomatique. Il multiplie les immersions en région dans le Nord, en Alsace et en Normandie, avec des rencontres et échanges parfois vifs à l'occasion de longs bains de foule, avant un grand meeting samedi à Marseille.
Les deux finalistes de l'élection présidentielle ont beau se rejoindre sur certains sujets sociaux, leurs projets se démarquent nettement sur des points-clés comme les retraites, la santé ou le pouvoir d'achat. Après Marine Le Pen, Emmanuel Macron a répondu aux questions de France 3.