Les deux finalistes de l'élection présidentielle ont beau se rejoindre sur certains sujets sociaux, leurs projets se démarquent nettement sur des points-clés comme les retraites, la santé ou le pouvoir d'achat. Après Marine Le Pen, Emmanuel Macron répond aux questions de France 3.
Pour Emmanuel Macron, cette campagne d'entre-deux-tours ne ressemble en rien à celle du premier, qui s'était déroulée dans l'ombre de la guerre en Ukraine pour le président-candidat.
Il n'avait fait qu'un seul meeting, peu de déplacements et s'était refusé à débattre avec les 11 autres prétendants à l'Élysée, déclenchant la colère de ses adversaires, qui l'avaient accusé de vouloir "enjamber" le scrutin.
Pour son premier grand meeting d'entre-deux-tours, Emmanuel Macron s'est offert samedi une carte postale de Marseille, là où Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour dimanche (31%), près de neuf points devant le président sortant.
C'est à la sortie de ce meeting, que le chef de l'Etat s'est prêté à l'exercice de l'interview, dans le même format que sa rivale à l'Elysée, Marine Le Pen.
Voici trois points à retenir de ces questions-réponses.
1. Réduire la fracture entre la ville et la campagne
Prenant acte d’un "besoin de proximité", le candidat à l'Elysée a insisté sur son bilan avec la mise en place des "Maison France service" dans chaque canton.
"On en a fait une par canton conformément à l'engagement que j'avais pris en 2019". Elles ont vocation à rassembler tous les services de l’Etat (Pôle Emploi, antenne préfectorale…) ainsi que les opérateurs (électricité, eau,…).
Emmanuel Macron a aussi promis aussi de mettre fin à la fracture numérique avec le déploiement du "plan 3" de la fibre. "On aura complétement terminé en relançant l'investissement d'ici à fin 2024".
Le candidat sortant promet de continuer à maintenir des services publics essentiels comme la Poste "à travers les Maisons France service" et de poursuivre "un moratoire sur la fermeture d'écoles dans le rural".
2. Augmenter les retraites
Sur ce sujet, on s'en souvient Emmanuel Macron a d'abord proposé de repousser l'âge légal de départ de 62 à 65 ans, à raison de quatre mois par an, se projetant ainsi au-delà du prochain quinquennat.
Mais sitôt qualifié pour le second tour, il a ouvert la porte à un recul limité à 64 ans, avec une "clause de revoyure" dans cinq ans. Sans remettre en cause l'allongement prévu de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein, qui doit passer d'un peu moins de 42 années actuellement à 43 d'ici 2035.
Emmanuel Macron va plus loin : "dès cet été je veux pouvoir augmenter de 4 % la retraite, pour les plus petites retraites celles en dessous de 1.000 euros (...) nous allons les mener à 1.100 euros".
" On supprimera la contribution à l’audiovisuel public, 38 euros par an, et on permettra à tous ceux qui travaillent d’avoir justement jusqu’à 6.000 euros de prime payée par l’employeur, sans charge pour l’employeur et sans impôt pour eux".
3. Revoir le système de santé
Face à un secteur éprouvé par deux années de crise sanitaire, Emmanuel Macron explique vouloir réorganiser les conditions de travail, "parce qu’aujourd’hui les gens ne veulent plus travailler dans certains endroits parce que les conditions ne sont pas les bonnes."
"On va mettre en place une nouvelle méthode. Dans chaque territoire, les élus avec les médecins et les autres professions paramédicales décideront des solutions. Il faut permettre d'embaucher des médecins en étant salarié".
Emmanuel Macron propose également d’instaurer une quatrième année d’internat "pour les médecins généralistes dans les zones rurales", une mesure déjà évoquée par son ministre de la Santé, Olivier Véran.
"C’est une révolution d’ensemble, ajoute le candidat sortant, on a investi avec l’hôpital avec le Ségur et maintenant on doit changer les conditions de travail et l’organisation du système de santé sur le territoire".
Pour lutter contre les déserts médicaux qui touchent quatre millions de Français, Emmanuel Macron promet des assistants "aux médecins qui iront dans ces zones et des aides pour les décharger des actes médicaux et gagner du temps."
Selon un sondage Ipsos Sopra/Steria publié samedi, le président sortant l'emporterait au second tour de la présidentielle face à Mme Le Pen, avec un score de 55,5% contre 44,5% pour la candidate du RN.
Et avec toujours plusieurs inconnues, notamment le niveau de l'abstention et le report des 21,95% de voix qui se sont portées sur le candidat insoumis Jean-Luc Mélenchon. L'évolution des intentions de vote pour le second tour est à suivre sur le site de franceinfo.
L'électorat Mélenchon rassemble des composantes distinctes, mais surtout les 18-24 ans attentifs au réchauffement climatique et aux "nouveaux combats culturels de la gauche", notamment le "féminisme" et l'"antiracisme", relève une note publiée samedi de la Fondation Jean-Jaurès.