La success story de Wazoo, le groupe de folk auvergnat qui fait danser dans les campagnes depuis 25 ans

Vingt-cinq ans ont passé depuis "La Manivelle" et pour les artistes de Wazoo, Jeff et Kévin, le succès est toujours au rendez-vous. Le groupe folk auvergnat nous livre sa recette presque magique pour rester moderne et faire danser toute la France des villes et des campagnes.

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Voilà 25 ans que leurs tubes sont incontournables : en discothèque, dans les bals, sur TikTok ou même en manifestation, toutes les occasions sont bonnes pour écouter Wazoo. Les deux Auvergnats Jeff Chalaffre et Kévin Quicke ont fait du chemin, depuis la création de leur groupe il y a un quart de siècle : “Avec Kévin, le chanteur, on avait monté un groupe en 96, on faisait comme tous les jeunes. On était jeunes et fous, on s'est dit “Tiens, on va faire un peu de musique ensemble”. On faisait de la reprise. L'été, on allait jouer dans le sud de la France. Au bout de 2 ans qu'on faisait ça, on s'est dit qu’on allait se mettre à faire nos propres chansons. J'aimais bien les groupes comme “Les Négresses Vertes” ou “Matmatah", pour le côté un peu festif, accordéon et “Tri Yann” qui avait pris du patrimoine et l’avait mélangé avec des musiques actuelles. Personne n’avait vraiment fait ça en Auvergne”, se souvient Jeff. 

Moderniser des airs auvergnats

Leur vient alors une idée : moderniser et mettre au goût du jour des airs traditionnels de leur Auvergne natale, pour faire danser : “Quand j'étais jeune étudiant, le week-end, je faisais des bals et souvent, on faisait une partie d'un répertoire de bourrée auvergnate qu'on jouait pour les anciens qui venaient danser. J'avais ça en tête et donc l'idée c'était de prendre du patrimoine musical du centre de la France. Avant, on nous comparait souvent à Manau parce que c'était un groupe qui faisait du rap et qui le mélangeait à de la musique bretonne. On a fait pareil mais sur l’Auvergne, et on a enregistré notre première chanson qui s'appelait "La Manivelle”, raconte le compositeur. 

Éclair de génie, "La Manivelle" lance la carrière de Wazoo en 1999. Le refrain est inspiré d'un thème traditionnel auvergnat mis au goût du jour par les deux compères. “Aujourd'hui, on fait des chansons, on les publie et, tout de suite il y a une espèce de buzz. Mais à l'époque, il fallait prendre plus de temps pour faire évoluer les choses. On avait enregistré nous-même, on avait un petit studio et, vu qu'il n'y avait pas internet, on allait dans les lieux où on jouait régulièrement, dans les lieux un peu emblématiques de Clermont-Ferrand et on donnait ça au DJ”, raconte Jeff. Les deux amis rencontrent immédiatement le succès : “La semaine d'après, le DJ me dit “Le morceau, on l'a diffusé, ça marche bien”. À l'époque, il y avait un gros morceau qui cartonnait dans les soirées, c'était un morceau de “Louise Attaque” qui s'appelait “Je t'emmène au vent”. Souvent il le diffusait après et il disait que la piste ne désemplissait pas. Après, on a commencé à le faire en concert, on voyait que ça fonctionnait super bien. De fil en aiguille, on a eu la chance d'être repérés. Un manager nous a pris sous son aile et nous a trouvé un contrat de distribution. C'était TF1 Musique qui avait produit notre premier album.” 

"La Manivelle", un tube

Et le succès de "La Manivelle" s’étend au-delà des frontières de l’Auvergne, malgré son empreinte locale, autant dans la mélodie que dans le texte : “À l’époque, on disait que c'était une chanson que seuls les Auvergnats pouvaient comprendre parce que dedans il y a plein de petites allusions à l'Auvergne. Il y avait Vercingétorix, dans le 2e couplet, on parlait de l'ASM. On a aussi un exploit du Clermont Foot en 1997 il me semble, qui avait éliminé le PSG à l'époque, alors que Clermont Foot était encore un club amateur. Du coup, j'ai dit “Au Gabriel Montpied, les Parisiens mangent la potée” en référence à cette petite victoire. Dans le dernier couplet, on parlait d'un fameux druide à roulettes. C'était un lieu de perdition qui était au pied du puy de Dôme, une discothèque un peu emblématique et tous les week-ends où nous allions là-haut festoyer, on voyait ce personnage qui s'appelait Boudu”, explique Jeff. De l’Auvergnat dans le texte donc, qui confond parfois le reste de l’Hexagone, plaisante l’artiste : “Malgré toutes ces petites allusions, il y avait quand même à l'époque, je me rappelle, des médias parisiens qui pensaient qu'on était de Bretagne. Mais bon, ils sont parisiens, on les excuse. On aime bien les Bretons, mais quand même !” 

Des succès intergénérationnels

Depuis, la trajectoire n’a pas dévié. Wazoo raconte le monde rural de manière joyeuse et dansante : “On essaie de faire quelque chose de festif, qui fédère. On voulait faire un titre qui mette le feu dans une soirée mais on voulait aussi faire quelque chose qui sente le volcan, la truffade et le rugby.” Vingt-cinq ans plus tard, le public adhère toujours. Mieux, il s’est enrichi : “On est très fiers d'avoir un public qui s'est renouvelé au fil du temps. Par exemple sur YouTube on voit que 60% des gens qui nous écoutent ont entre 18 et 35 ans. Il y a 25 ans, certains n'étaient pas nés”, indique Jeff.  

Pour durer sur scène, Wazoo joue ses chansons qui marchent le mieux et elles sont nombreuses, se félicite Jeff : “Certains groupes font un tube et puis après, il ne se passe plus rien. Nous, on n'a pas ce problème-là. On a la chance d'avoir plusieurs morceaux qui marchent. Il y a “Boire un canon” qui marche vachement sur les réseaux sociaux, on a "l’Apérophilie", qui est aussi une espèce d'hymne, il y a “Brise-pied” qui est un air traditionnel qu'on a un peu modifié à notre sauce. C’est une danse, on explique que c'est un peu la Macarena auvergnate. Même quand on va au fin fond des Ardennes, les gens dansent le brise pied. Il y a “La terre est basse” aussi, qui est un standard. 

"On cultive la simplicité"

Si Wazoo dure dans le temps, c’est grâce à sa proximité avec son public. Le groupe se fait l’écho de ses préoccupations : “Notre chanson “Agriculteurs” est devenue un petit peu un hymne du monde rural, ça c'est une fierté. On est très fiers de ça, notamment dernièrement quand il y a eu des manifestations, la chanson est devenue virale sur TikTok. On termine souvent notre concert par “Agriculteurs”, qui nous rend fiers. Wazoo, à la base, c'est un groupe qui fait des chansons festives, qu'on écoute entre amis pour faire la fête le week-end. Mais on se rend compte qu’avec la fracture territoriale en France, on est devenus la bande-son des territoires oubliés du monde rural.” De l’amour pour leur terroir, et le public le leur rend bien : “En ce moment, on tourne un clip et on a été dans les Combrailles filmer dans plusieurs familles d'agriculteurs. On était touchés parce qu'une fois, arrivé le soir, les gens nous ont gardés pour manger. Il y avait toute la famille qui était là et la toute petite qui avait 8 ans nous a fait une petite dédicace. On était très touchés. Il y avait ses parents qui étaient là et ses grands-parents, et tout le monde connaissait nos chansons par cœur.” 

Représenter la ruralité 

Une forme de représentation pour les territoires où la culture a parfois du mal à arriver, c’est la mission que se sont donnée les deux artistes : “Un agriculteur a eu une phrase un peu touchante en me disant “Vous nous défendez à travers vos chansons”. On a aussi un titre qui s'appelle “Cantal plus”. Il y a beaucoup de gens qui me disent que c'est un titre politique parce qu’on dénonce un peu la désertification des campagnes face à une espèce de d'idéologie de la métropolisation.”  

Alors, pour être dignes de la confiance du public et rendre à ceux qui les ont accompagnés vers le succès, Jeff et Kévin se servent de leur visibilité pour alerter face à la désertification : “Il n'y a pas très longtemps, à Saint-Gervais-d'Auvergne, à Champagnac ou encore à Chomelix, des parents nous ont envoyé des messages pour qu'on diffuse leur combat. Ces gens-là se battent pour que leur école ne ferme pas. Des élus du Livradois-Forez nous avaient demandé de relayer leur indignation parce que l'État voulait fermer l'hôpital à Ambert. On se rend compte qu'on ne vit pas dans le même monde. Nous, on chante pour ce monde-là et les gens nous sont reconnaissants par rapport à ça.”  

De belles rencontres

Leur carrière a été jalonnée de belles rencontres, se souvient-il : “On a reçu un double disque d'or des mains de Chantal Lauby qui était un peu notre marraine parce qu'elle est auvergnate. Au fil du temps, on a gardé des liens avec elle. C'est quelqu'un qu'on apprécie beaucoup et c'est un joli souvenir.” Mais le meilleur souvenir, c'est le lien concret avec le public et les organisateurs d’événements : “Les organisateurs, c'est souvent des petits comités des fêtes qui se mobilisent. Dernièrement, on était au fin fond du Cantal, dans un village de 300 habitants et le soir, il y avait 1 500 personnes alors qu'il pleuvait les cordes. C’est touchant de voir ça. On cultive la simplicité. Quand j'écris des chansons, j'essaie de faire quelque chose qui fédère les générations.” 

Respectueux, simples, les artistes sont appréciés du public, mais pas seulement : “On est respectueux des gens qui nous accueillent avant le concert. Des fois, on se retrouve sur des festivals où des organisateurs nous expliquent les caprices des stars. Lors d’un festival dans les Ardennes où on est allé 2 fois, le programmateur était nouveau, il n’était pas là lors de notre première venue. Quand on est arrivé, il nous a dit qu'il y avait des bénévoles qui se souvenaient de nous, pas forcément pour nos chansons, mais pour notre simplicité. Il racontait qu’une chanteuse connue était venue et qu’il ne fallait pas l'approcher parce que ça la dérangeait, alors que nous, on a terminé à 06h00 du matin avec le public à la buvette. Les gens s'en souviennent. Ce sont des petits détails comme ça, mais qui ont leur importance. Dans la vie de tous les jours, c'est important, je crois, ces valeurs. Les gens qui nous accueillent, souvent, ce sont des gens simples et qui ont une sensibilité par rapport à ça je pense. C'est un peu ce qui fait notre durée dans le temps.” 

Une amitié solide

Leur longévité est aussi liée au lien solide qui unit les deux membres de Wazoo : “On dure parce qu'on est amis et qu'on entretient cette amitié. Il y a toujours forcément un décalage de génération par rapport à la musique. J'essaie d'évoluer aussi musicalement pour pouvoir être dans mon époque et pas faire has been, tout simplement. C'est peut-être la gentiane qui nous donne une inspiration divine comme ça !” plaisante Jeff. La gentiane, potion magique ? Au vu des résultats du groupe, on est tentés de le croire : “Les singles et les albums, on en est à 600 000 à peu près, on a fait plus de 600 concerts. Au niveau des streamings maintenant, si on cumule Spotify, Deezer, Youtube, TikTok qui est très important pour nous - ne serait-ce que sur TikTok on doit être à 40 millions de streamings - au total, c'est plus de 60 millions de streamings.” Pour fêter dignement son quart de siècle, Wazoo sort en 2024 un nouvel album intitulé "Un veau qui tète bien n'a pas besoin de foin".

Vous pouvez retrouver le groupe Wazoo dans l'émission En Vadrouille présentée par Loïc Ballet sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, le samedi 4 mai à 12H50 . À retrouver dès à présent sur france.tv

Pour retrouver les dates de concert du groupe c'est ici.

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