Le gouvernement avait promis un remboursement total des fauteuils roulants. Pourtant, selon les nouvelles conditions de prise en charge tarifaire, certaines personnes devront financer elles-mêmes leur fauteuil. Stéphane Peytavie, député écologiste de Dordogne et une maman, interpellent le gouvernement.
"Regardez mon fauteuil, il n'est pas spectaculaire, pas extravagant, juste adapté, léger, maniable et sur-mesure. Il coûte 8.000 euros, ce n'est pas un luxe, c'est une question d'autonomie et de dignité. Avec les nouvelles conditions de prise en charge, mon fauteuil ne serait plus du tout remboursé." Ces mots, ce sont ceux de Stéphane Peytavie, député écologiste de Dordogne, à l’Assemblée Nationale.
Regardez mon fauteuil, il n'est pas spectaculaire, pas extravagant. Il coûte 8.000 euros, ce n'est pas un luxe, c'est une question d'autonomie et de dignité.
— Sébastien Peytavie (@speytavie) January 24, 2024
Avec les nouvelles conditions de prise en charge, mon fauteuil ne serait plus remboursé.
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Des nouvelles conditions de prise en charge tarifaire
Pour ajouter un petit peu de contexte afin de faciliter la compréhension du problème, retour sur l’histoire du financement du fauteuil roulant. Depuis 2005, il existe une base de remboursement de 558 euros pour un fauteuil roulant. Et voilà, l’historique s’arrête ici. Depuis, rien n’a bougé. "Sur un fauteuil avec un prix moyen de 5-6 000 euros, on est loin du compte", s’insurge Stéphane Peytavie. Les mutuelles et la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) interviennent et viennent compléter le remboursement. "Mais même si on cumule tout ça, il y a encore un reste à charge, et beaucoup de personnes handicapées renoncent à un fauteuil adapté à leurs besoins. Ou alors, elles lancent une cagnotte, s’indigne-t-il. Ça créé des inégalités importantes et une véritable injustice."
La machine s’est relancée en avril dernier, quand lors de la Convention nationale du handicap, Emmanuel Macron a annoncé et promis le remboursement intégral des fauteuils roulants. Une annonce "importante, attendue, et très bien accueillie". Seulement voilà, quelques mois plus tard, cette promesse est loin d’être tenue. "
Ces derniers jours, les fabricants, prestataires et associations nous alertent sur le fait qu’un seul type de fauteuil (standard) serait remboursé.
Stéphane Peytavie, député écologiste de Dordogne
Renoncer à un fauteuil adapter ou le financer soi-même
En effet, il y aurait bien une augmentation de la base de remboursement à 2 600 euros pour les fauteuils manuels et 18 000 euros pour les fauteuils électriques. Une super nouvelle sauf qu’il ne faut pas crier victoire trop vite. Un plafond du même montant serait instauré. Ce qui signifie, pour faire simple, que seuls les fauteuils de moins de 2 6000 euros seraient remboursés. Pour les autres… Rien. S’il n’y a pas de remboursement par la sécurité sociale, il n’y a pas, non plus, de remboursement par la mutuelle et les autres aides possibles.
"Aujourd’hui, ça veut dire que, soit on renonce à un fauteuil adapté à notre handicap, soit on doit se le financer nous-même, résume Stéphane Peytavie, en colère. Et quand on sait que la plupart des personnes vivent de l’AAH, soit 890 euros par mois, c’est impossible de le financer."
Le handicap est un état de santé que l’on n’a pas choisi, et on subit une société qui n’est pas adaptée aux handicaps.
Stéphane Peytavie, député écologiste de Dordogne
Un an de travail et une maîtrise de l'administration
Pour Sandrine Theillard, qui vit dans le Puy-de-Dôme, cette nouvelle est une véritable "catastrophe". Elle est maman de Paul, 21 ans, qui est atteint d’une amyotrophie spinale de type 2. Paul est en fauteuil roulant depuis l’âge de deux ans et a déjà eu cinq fauteuils. Cette année, il doit le changer, et son appareilleur a mis Sandrine en garde et lui a dit de faire rapidement sa demande de financement.
Le fauteuil roulant de Paul coûte 38 119 euros. La sécurité sociale prend en charge 5 187 euros, la mutuelle 4 920 euros et la MDPH 13 000 euros. "Il me reste 15 000 euros à trouver. Avec les fonds sociaux de la sécu, de la mutuelle et de mon employeur, j’ai toujours réussi à me faire financer le fauteuil. Mais c’est un an de travail, et une certaine maîtrise de l’administration", souligne Sandrine.
Si les choses ne bougent pas, quand Paul devra changer son fauteuil, il devra le choisir parmi un catalogue. "En termes de communication, c’est magnifique. Mais c’est l’arbre qui cache la forêt. S’il n’est pas dedans, je dois financer 38 000 euros, seule", souffle-t-elle, lassée.
On est parent, on a notre métier, mais on est aussi infirmier, kiné, secrétaire administrative… J’ai 50 ans, et parfois, j'ai l’impression d’en avoir 70.
Sandrine Theillard, maman
"Le fauteuil, c'est leurs jambes et leur autonomie"
"Grâce à son fauteuil, Paul peut aller en cours, peut se verticaliser, aller aux toilettes… C'est leurs jambes, mais aussi leur autonomie." Et face à cette décision, Sandrine est en colère, mais aussi fatiguée et lassée. "On nous nivelle par le bas. On va se retrouver avec gens inconfortables sur leur fauteuil", martèle la maman de Paul.
Pour Stéphane Peytavie, l’une des solutions est d’enlever le plafond de remboursement. "S’ils ont trop peur des dépenses inadaptées, ils n’ont qu’à demander à ce que le choix du fauteuil soit validé par un ergothérapeute. Mais c’est une suspicion assez mal venue de penser que l’on prendrait des options inutiles", insiste le député.
C’est un très mauvais message à envoyer, surtout dans une année durant laquelle on reçoit les jeux paralympiques en France.
Stéphane Peytavie, député écologiste de Dordogne
La prise de parole de Stéphane Peytavie commence déjà à faire du bruit. Pour aller plus loin et faire entendre l’absurdité de cette décision, il va lancer une pétition. Sandrine, de son côté, espère de tout cœur que les associations et que le secteur du handicap se mobilisent.