A Clermont-Ferrand, les boutiques de CBD ont le vent en poupe. Cette substance issue du cannabis a longtemps été dans le collimateur des autorités mais sa qualité sans psychoactif l’a rendue légale, contrairement au cannabis. Depuis quelques jours, une autre substance fait parler d’elle : le HHC. Le ministre de la Santé envisage de l’interdire.
Dans ce magasin de Clermont-Ferrand, sur les étals, ce sont les produits à base de CBD qui sont mis en avant. Pour trouver les fleurs à base de HHC (hexahydrocannabinol), une molécule dérivée du cannabis, il faut passer en réserve. Agathe Bogacz, gérante d'une boutique de CBD, explique : « On le stocke ici en réserve parce qu’on considère que ce n’est pas un produit qu’on veut mettre en avant. On préfère valoriser des fleurs bio, de chanvriers indépendants, des fleurs locales au maximum. Ici on est vraiment sur un produit transformé qui ne correspond pas vraiment à l’éthique de notre magasin ». Cette boutique a refusé pendant longtemps d’en vendre, jusqu’à ce que la demande des clients devienne vraiment trop pressente, et jusqu’à ce que les finances l’exigent. En deux mois, le chiffre d’affaires a été multiplié par quatre.
"Le HHC c’est vraiment la poule aux œufs d’or"
L’interdiction de cette substance serait donc une mauvaise nouvelle d’un point de vue économique. Agathe Bogacz poursuit : « Le HHC c’est vraiment la poule aux œufs d’or. On a augmenté drastiquement notre chiffre d’affaires. On verra ensuite comment cela se passera. Cela nous préoccupe ».
Un vendeur inquiet
Dans cette autre boutique, la demande est forte mais vendre du HHC, c’est hors de question : trop artificiel, trop dangereux. Ce vendeur est même favorable à son interdiction. Mathieu Duverger, gérant d'une boutique de CBD, souligne : « C’est une molécule psychoactive donc je pense que c’est mieux qu’elle soit interdite. C’est une molécule qui bénéficie d’une faille juridique, plus pour très longtemps. C’est une molécule qui peut engendrer de graves problématiques, si on doit garder des enfants ou si on doit conduire ». Pour ce précurseur de la vente de CBD, le HHC, s’il continuait à être autorisé, pourrait même nuire à l’image de la filière qui se bat pour faire reconnaître les "bienfaits du CBD".
Vers une interdiction des produits à base de HHC
Nicolas Authier, chef du service de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand, indique : « Le HHC est une substance de synthèse fabriquée à partir du CBD. Le CBD est très peu psychoactif et le HCC est plus psychoactif. Il se rapproche du THC en termes d’effets sur le cerveau. C’est la première fois qu’une molécule de synthèse apparaît aussi largement et aussi rapidement sur le marché, en s’appuyant sur des commerces légaux. Si on se base sur le fait qu’il s’accroche aux mêmes récepteurs que le THC et qu’il a les mêmes effets, le HHC a aussi les mêmes effets indésirables : ce sont des effets neurologiques, des effets sédatifs importants, des vertiges, des troubles du comportement. Il y a aussi des effets psychiatriques, notamment des crises d’angoisse extrêmement importantes, ou de la paranoïa. Pour l’instant, il paraît logique que la réglementation sur le HHC se rapproche de celle sur le THC et que cette substance rentre dans la liste de stupéfiants, à condition d’avoir suffisamment de données pour pouvoir le justifier, des données sur les risques, la dépendance, l’addiction. Pour l’instant, on a très peu de données car c’est arrivé très rapidement et il n’y a pas beaucoup d’études scientifiques. Cela va être le rôle de l’agence du médicament, par l’intermédiaire de son réseau des centres d’addictovigilance, de collecter des données sur le HHC, afin de voir si cela peut permettre de monter un dossier de classement comme stupéfiant et de le proposer au ministère de la Santé ». Les produits à base d'hexahydrocannabinol seront probablement interdits d'ici à quelques semaines, a annoncé lundi 15 mai le ministre de la Santé, François Braun.