En tête sur tout le département du Puy-de-Dôme au 1er tour des élections législatives, la NUPES n’est pas parvenue à transformer l’essai au 2nd tour. Sur les 5 circonscriptions, la coalition de gauche en remporte 3 et 2 reviennent à la majorité présidentielle. Analyse.
Les résultats du 2nd tour des élections législatives dans le Puy-de-Dôme ont été dévoilés ce dimanche 19 juin, et ils sont en légère contradiction avec ce que laissait présager le 1er tour. En tête partout le 12 juin, la NUPES cède finalement 2 sièges sur 5 à la majorité présidentielle. Le politologue et président de l’Université Clermont Auvergne Mathias Bernard constate ce bon maintien, qui contraste avec les résultats nationaux : “C'est toujours séparé entre la majorité et la gauche. La NUPES n'a pas réalisé le Grand Chelem alors qu'elle était en tête dans les 5 circonscriptions à l'issue du premier tour. Il n'y a finalement pas eu de dynamique de 2nd tour et plutôt une bonne résistance des candidats sortants de la majorité présidentielle, meilleure qu’au niveau national.”
Dans la 2ème et la 5ème circonscription Christine Pirès-Beaune (NUP) et André Chassaigne (NUP), donnés grands favoris, ont confirmé leur domination. Les 3 autres circonscriptions étaient plus disputées, selon Mathias Bernard : “Madame Vichnievski (ENS) fait un score au 2nd tour en léger recul par rapport à 2017, mais de 3 ou 4 points. Dans le contexte national, c’est un score qui est plutôt positif. Madame Lingemann (ENS) qui était une nouvelle députée et n'avait pas forcément l'avantage du sortant parvient à s'imposer d'une courte tête. Valérie Thomas (ENS), obtient un score presque serré. Sa défaite était quand même attendue dans une circonscription très marquée à gauche mais elle est moins large que ce qu'on pouvait projeter suite au résultat du premier tour.” Cette “résistance relative de la majorité présidentielle” lui permet de “limiter la casse” en maintenant 2 circonscriptions sur 5. “Ce sont d'ailleurs les 2 seules circonscriptions que la majorité présidentielle a sur toute l'Auvergne”, rappelle Mathias Bernard. A noter que l'écart entre Delphine Lingemann (ENS) et sa rivale Valérie Goléo (NUP) n'est que d'une centaine de voix.
La conseillère municipale Marianne Maximi devient députée
Ce qui a manqué à la NUPES, selon lui, c’est “une réserve de voix qui aurait pu se trouver chez les abstentionnistes. Il n’y a pas eu de sursaut de la participation, même dans le Puy-de-Dôme”. En moyenne, un électeur sur 2 n'est pas allé voter. Parmi les nouveaux visages à l’Assemblée du Puy-de-Dôme, Marianne Maximi (NUP). Très impliquée dans la vie politique locale, cela a pu jouer en sa faveur, selon Mathias Bernard : “C’est une personnalité qui est connue, qui milite depuis une quinzaine d'années. Conseillère municipale depuis longtemps, elle a fait une campagne de terrain. Ça lui a permis d'aborder ce 2nd tour avec une assez large avance. Elle avait fait un très bon résultat au premier tour. Elle a un positionnement politique qui correspond à la culture de cette circonscription, traditionnellement de gauche, ça lui a permis de capitaliser sur son étiquette politique”.
Un clivage entre villes et campagnes
Ces résultats, explique le politologue, sont aussi le reflet d’une fracture grandissante entre monde rural et urbain : “C'est une tendance que l'on a observée, y compris lors des élections départementales : on a quand même des campagnes ou des villes moyennes qui ont renforcé leur ancrage à droite ou au centre droit. C'est le cas des campagnes du Massif Central, mais aussi d'une ville comme Issoire par exemple, qui a confirmé son ancrage à droite depuis 2014.” Cela a pu, à l’inverse, bénéficier à la gauche dans des circonscriptions plus urbanisées : “Les 2 premières circonscriptions sont davantage dominées politiquement, culturellement, par la métropole clermontoise et notamment le centre de Clermont qui est assez majoritairement à gauche. Lorsqu'on regarde les résultats dans les 3e et 4e circonscriptions, on voit que la partie clermontoise de ces circonscriptions est plus à gauche que le reste de ces 2 circonscriptions”, indique Mathias Bernard. A noter également que la montée du Rassemblement National n’a pas touché le département. Pour rappel, voici le nom des 5 députés du Puy-de-Dôme : Marianne Maximi (NUP-LFI), Christine Pirès-Beaune (NUP-PS), Laurence Vichnievski (ENS-MoDem), Delphine Lingemann (ENS-MoDem) et André Chassaigne (NUP-PCF).