"Les perdants des élections sont les gagnants du gouvernement" : paroles de manifestants à Clermont-Ferrand

Réforme des retraites, opposition au gouvernement Barnier, "déni de démocratie" après les résultats des législatives... Des manifestants racontent les raisons qui les ont poussés à descendre dans les rues de Clermont-Ferrand pour la grève nationale du 1ᵉʳ octobre.

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"Un ras-le-bol global." En trois mots, Jules, 22 ans, résume le sentiment qui plane au milieu des manifestants réunis sur la place Gaillard de Clermont-Ferrand. Ce mardi matin, dans la capitale auvergnate, ils étaient plusieurs centaines (2 000, selon les syndicats) à se joindre à la grève nationale du 1ᵉʳ octobre. "On dénonce un système qui nous emprisonne, qui augmente la pauvreté et les inégalités, qui ne se bat pas assez pour les droits des femmes ni ceux des personnes qui viennent d'ailleurs", poursuit l'étudiant en philosophie, habitué des manifestations. 

"Un vol démocratique"

Dans le Puy-de-Dôme comme ailleurs, la colère gronde et vise principalement le gouvernement Barnier. "Cela ne correspond pas du tout à ce qu'ont voté les Français. C'est un vol démocratique ! Ça me met en colère. Les perdants des élections sont les gagnants du gouvernement", lâche Yves, sous la pluie. Le retraité craint que le nouveau binôme Macron-Barnier n'offre pas "les avancées" espérées par une grande partie de la population : revalorisation des salaires et des retraites, sauvetage des services publics...

Les citoyens veulent des avancées. Il faut sauver les services publics : l'école, l'hôpital, tout est dévalorisé.

Yves

Retraité

Au milieu de la foule, Rachel n'a pas non plus hésité à rejoindre le cortège clermontois pour défendre les services publics. "On n'est pas d'accord avec la direction que prend le gouvernement", indique-t-elle. L'enseignante dans un collège de Riom prend pour preuve le sort réservé à l'éducation, notamment à travers la réforme du Choc des savoirs qui a instauré des groupes de niveaux depuis la rentrée 2024.

"On nous a dit que les groupes de niveaux à l'école allaient révolutionner les choses, sans nous donner les moyens. Si c'était juste pour faire une annonce et plaire aux parents qui se disent "Mon enfant sera dans une bonne classe et il ne sera plus mélangé parmi les mauvais", c'est de la com' ! Nous, on sait très bien que sur le terrain, ça ne marche pas", lâche-t-elle. 

Je suis là pour exprimer un ras-le-bol. Les urnes n'ont pas suffi visiblement. Nos votes ont été totalement reniés et cela ne nous convient pas.

Rachel

Enseignante dans un collège

Des Gilets jaunes à aujourd'hui

Pour Jules, la nomination du gouvernement Barnier s'apparente à "un déni de démocratie". "Le Premier ministre est issu du 4ᵉ partie de France, les Républicains. Pour moi, c'est une façon pour Emmanuel Macron de se rapprocher de l'extrême droite et de faire en sorte que son gouvernement ne puisse pas être censuré", développe l'étudiant qui soutenait Lucie Castets, candidate proposée par le Nouveau Front Populaire, pour le poste de Première ministre. "Cela fait des années qu'Emmanuel Macron ne respecte pas les opinions du peuple que ce soit sur la réforme des retraites ou, avant, sur les Gilets jaunes", ajoute-t-il. 

François aurait également souhaité un "gouvernement Nouveau Front Populaire". "Les résultats des élections n'ont pas été respectés. Cela aurait dû être le Nouveau Front Populaire, mais on se retrouve avec un gouvernement de droite", regrette le septuagénaire, qui a voté au premier tour des législatives, mais a fait l'impasse au deuxième. Entre un candidat du Rassemblement National ou un candidat issu du parti présidentiel, l'Auvergnat a préféré ne pas choisir. "Entre la peste ou le choléra, je n'ai pas voulu voter", commente-t-il. 

"Les fins de mois sont difficiles"

Officiellement, l'une des revendications principales de cette journée de mobilisation nationale était l'abrogation de la réforme des retraites. C'est aussi l'une des raisons qui a poussé François à descendre dans la rue. "On veut des avancées sociales. Les fins de mois sont difficiles. Avec 1300 euros de retraite, vous croyez qu'on peut vivre ? Je ne le souhaite à personne. Et encore, je ne suis pas à plaindre comparé à d'autres", témoigne-t-il.

Rachel, l'enseignante en collège, ne croit plus à une marche arrière sur cette loi qui repousse à 64 ans l'âge légal de départ à la retraite. "J'ai un peu perdu espoir sur ça, par rapport à toutes les manifestations que l'on a faites et qui sont passées à la trappe. Même si le contexte très récent nous fait dire qu'il faut continuer à montrer que l'on est contre cette loi", désespère-t-elle. Dans le cortège, les pancartes pour dénoncer la réforme des retraites étaient moins nombreuses que les caricatures d'Emmanuel Macron ou de Michel Barnier. 

Propos recueillis par Romain Leloutre / France 3 Auvergne.

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