Durant l'hiver, la cheminée fonctionne parfois à plein régime. Mais que faire de ses cendres ? Plusieurs solutions s’offrent à vous. On vous explique tout.
L’hiver est bien installé, et avec lui ses traditionnels feux de cheminée. Savez-vous que vous pouvez donner une seconde vie aux cendres de votre cheminée ? Claude Ingold, artisan cendrieur à Celles dans le Cantal, est convaincu des bienfaits des cendres : “On peut transformer les cendres en lessive naturelle : c’est ce que j’appelle l’eau de cendres. Mon objectif est de vendre 500 litres par mois mais actuellement j’en suis à la moitié du chemin”. Il remonte le temps et évoque une utilisation ancestrale des cendres : “Il y a environ 500 000 ans, on a appris à domestiquer le feu. C’est à partir du XIIe siècle qu’on s’est préoccupé de l’hygiène du corps et de l’habitat, lorsqu’on découvre le savon à Alep. Au XVIIIe siècle on découvre le savon de Marseille. Entre ces –500 000 ans et la Renaissance, il fallait bien trouver un moyen d’effectuer un nettoyage. De nombreuses civilisations avaient un usage des cendres de bois”.
La recette de l'eau de cendres
Claude Ingold révèle ses secrets de fabrication pour obtenir une eau de cendres : “Il faut d’abord tamiser les cendres. On enlève le charbon, le métal. On va obtenir une farine aussi fine que celle du boulanger. On la mélange ensuite avec de l’eau déminéralisée. Moins elle est minéralisée, plus elle va aller piocher le potassium présent dans les cendres. Cela peut être de l’eau de pluie. Il faut la mélanger 3 jours aux cendres et on vient mélanger le tout une à deux fois par jour. Le ratio est d’un tiers de cendres, deux tiers d’eau. Je laisse le tout se décanter. Ce que je récupère de liquide, je le filtre. On peut prévoir deux filtrages de nature différente, comme des textiles usés, ou un filtre à café permanent, doublé d’un filtre à café. Il faut que le résultat soit d’une grande limpidité. Comme on a tamisé, ce qu’il reste au fond du récipient peut servir de crème à récurer naturelle. La cendre est abrasive mais ne raye pas”. Il poursuit : “On peut utiliser cela dans tous les endroits où l’on peut rincer, comme dans la salle de bain, l’émail, les casseroles. Je nettoie même mes véhicules avec cela. C’est une crème à récurer naturelle”. Claude Ingold souligne : “L’eau de cendres peut aussi servir de base à tous les détergents de la maison. On peut l’utiliser pour la vaisselle. On peut rajouter du vinaigre blanc ou du bicarbonate de soude, selon l’utilisation que l’on souhaite faire”. Les cendres peuvent aussi être utiles en hiver : “Quand la cendre est tamisée, on peut l’utiliser pour la neige et la glace. Quand la route est verglacée, la cendre permet d’éviter de glisser”.
Utile pour les jardiniers
Les cendres peuvent aussi connaître une seconde vie dans le jardin et dans le potager. Christian Rougeron, vice-président des Jardiniers des Pays d’Auvergne, rappelle quelques principes : “On entend dire que la cendre est très utile au jardin mais il faut revenir aux fondamentaux. La cendre est du bois et lorsqu’on procède à une incinération, il ne reste que les minéraux. Le calcium est l’élément présent en plus grande quantité et représente 20 à 30% de la quantité des cendres. La potasse est aussi présente, à hauteur de 5 à 10%, tout comme le magnésium, présent à hauteur de 2 à 3%, le phosphore, présent à hauteur de 1%. Il reste aussi un peu de silice et des oligoéléments, comme le cuivre, le fer et le manganèse”.
Bien connaître son sol
Le jardinier prévient : “Les cendres peuvent être intéressantes comme apport de fertilisant. On va apporter des éléments minéraux comme la potasse. Mais la cendre est un amendement calcaire qui est intéressant pour les sols acides. Cela ne concerne que les sols granitiques. Dans le Massif central, il y a beaucoup de sols argilo-calcaires, qui ne sont pas acides. Pour un jardin, l’idéal est d’avoir un PH situé entre 6 et 7. Quand on a un sol avec un PH supérieur à 6, la cendre présente des risques. Cela peut contribuer au blocage des oligoéléments. Le manganèse et le fer ne sont plus assimilables et cela présente des carences. En général, les plantes jaunissent”. Christian Rougeron insiste : “Certaines plantes sont peu sensibles à cet apport, comme la pomme de terre. Le haricot est beaucoup plus sensible et n’aimera pas un apport de cendres. Pour les plantes d’ornement, comme celles qui demandent de la terre de bruyère, il faut s’abstenir d’apporter des cendres : on est à peu près sûr de les faire dépérir. Les rosiers non plus n’apprécieront pas un apport de cendres”.
Enrichir sa pelouse
Pour certains sols, les cendres constituent un engrais naturel : “Pour un sol granitique, la cendre est un très bon amendement. Cela va remplacer la chaux. Il faut apporter 100 g maximum de cendres par m². Les cendres permettent aussi d’enrichir la pelouse, avec un apport de potasse. Il faut avoir la main légère, en apportant 50 à 100 g par m². On peut le faire en fin d’hiver, début de printemps”. Pour savoir de quel type de sol on dispose, le jardinier propose une méthode simple : “On peut prendre un échantillon de sa terre de jardin, le mettre dans un récipient. On verse dessus du vinaigre d’alcool. S’il n’y a pas de réaction, s’il n’y a pas de mousse qui se forme sur la terre, cela signifie que la terre est acide. C’est dans ce cas qu’on pourra utiliser les cendres”. Enfin, Christian Rougeron indique, que contrairement aux idées reçues, les cendres ne sont pas très efficaces pour lutter contre les limaces.