Au Brézet, à Clermont-Ferrand, des agriculteurs en colère bloquent l’autoroute A71 ce mercredi 24 janvier, dès la mi-journée. Ils répondent à un appel national visant à améliorer les conditions de travail et de rémunération du monde agricole.
Les Jeunes Agriculteurs du Puy-de-Dôme et la FNSEA 63 se joignent aux manifestations et blocages d’agriculteurs qui se multiplient partout en France. Ce mercredi 24 janvier, en fin de matinée, ils bloquent l’autoroute A71 au niveau du Brézet à Clermont-Ferrand. Peu avant midi, l'autoroute a été coupée dans les deux sens. Les convois de tracteurs convergent vers l'échangeur.
"On fait 70, 75 heures par semaine, 80 pour certains"
Henri Ferret, 20 ans installé en polyculture élevage près d’Ambert, est venu manifester : « On demande à l’Etat des actes de confiance sur la rémunération des agriculteurs, sur la réglementation qui pèse beaucoup sur nos fermes et les normes que ne subissent pas les autres pays. Cela nous met en concurrence déloyale sur certains produits et ça plombe aussi le marché français. Sur la partie élevage, on a un cahier sanitaire à tenir à jour, jusqu’à l’abattoir. C’est bien qu’il y ait une traçabilité des produits mais d’autres pays ne l’ont pas. Cela fait qu’il y a des produits qui arrivent sur le marché et qui sont beaucoup moins chers ! Forcément, ils coûtent moins cher à produire. C’est surtout ça qu’on dénonce ». Fils d’agriculteur, il est passionné, mais cela ne suffit plus : « On le fait par passion, pas pour le revenu, mais il y a un minimum à avoir si on veut attirer les jeunes. Si on veut remplacer les agriculteurs qui partiront à la retraite dans les 10 ans, il va falloir des revenus et améliorer nos conditions de travail. On fait 70, 75 heures par semaine, 80 pour certains et moi, personnellement, je me tire 400 euros par semaine. Je vis tout juste, je paye mes annuités mais je ne mets rien de côté. On ne peut pas travailler pour la gloire. » Il attend que les prix des produits rémunèrent plus justement les agriculteurs, sans peser sur les consommateurs.
Nous, ce qu'on veut, c'est justement vivre de notre métier et ne pas avoir des aides.
Mathieu Trillon, agriculteur
Mathieu Trillon, agriculteur en polyculture dans le Puy-de-Dôme, participe à l’opération. Lui aussi est révolté par les normes imposées : “ Elles nous embarrassent et nous pénalisent tous les jours. Par rapport aux importations qui n'ont pas les mêmes normes que nous, on est pénalisé dans la production, dans notre envie de continuer notre métier, de faire le mieux possible. Notre métier, c'est produire et ce n'est pas faire des papiers. On dénonce cela à la fois pour nous mais aussi par rapport aux Français. Ce n’est pas normal qu'on importe des choses qui sont moins bonnes et qui n'ont pas les mêmes normes qu'on nous impose. C'est une absurdité."
Pour lui, le malaise des agriculteurs est aussi bien moral que financier : “On a toujours cette épée de Damoclès au-dessus de la tête et la peur d'un contrôle, de savoir si on a bien rempli les bonnes cases. Dans notre métier, on ne réfléchit pas avec des pourcentages, des cases, des croix, des justificatifs. Psychologiquement, c'est pénible de travailler dans cette ambiance-là. On voudrait que notre métier soit reconnu par les politiques. Ce n’est pas juste nous entendre, c'est nous comprendre, nous aider et nous soutenir. On casse du sucre sur le dos de notre métier. Déjà, on ne gagne pas sa vie, et puis en plus, psychologiquement, on nous en met plein la tête. Forcément ça ne peut pas tenir.”
« Pression commerciale, prix et revenus en berne, surtranspositions règlementaires et empilement de normes parfois contradictoires, imports croissants sans équivalence de règles, inégalité entre pays européens, hausse des charges, injonctions contradictoires entre la volonté politique et les textes … : ras-le-bol ! », dénoncent les syndicats dans un communiqué.
La circulation fortement perturbée
La circulation sera donc fortement perturbée dans le secteur. « Cette perturbation prendrait la forme de cortèges d’engins agricoles qui pourraient converger vers l’échangeur autoroutier du Brézet pour mener des opérations « escargot » ou des blocages », annonce la préfecture. Grâce à cette carte, vous pourrez suivre le trafic en direct :
Des difficultés de circulation sont à prévoir sur :
- A71 – échangeur n°16 le Brézet
- A710 direction Montpellier
- A71 entre Gerzat barrière de péage et le Brézet
- A75 – échangeur 3 Zénith
Le préfet du Puy-de-Dôme abaisse la vitesse de 20 km/h entre l’aire de péage de Gerzat sur l’A71 et le diffuseur n°4 de l’A75, et sur l’A711 dans le sens Lempdes vers Clermont-Ferrand entre le diffuseur 1.3 et l’A71. Il est recommandé d’éviter ces secteurs dès 10h30 et de suivre les itinéraires alternatifs conseillés.