L’été est la saison des orages. Soudains, imprévisibles, localisés, ils peuvent parfois vous prendre par surprise. Que vous soyez en plaine ou en montagne, voici les bons réflexes à adopter pour éviter d'être foudroyé.
Une centaine de personnes sont foudroyées chaque année en France, selon les travaux du docteur Elisabeth Gourbière en 2012, médecin spécialiste de la foudre. Le plus souvent, les accidents surviennent en juillet et en août, deux mois particulièrement orageux, et lors de randonnées, loin des zones d'habitation. Les risques liés aux orages ne s’arrêtent pas à la foudre : grêle, vents violents et fortes pluies peuvent également vous mettre en danger si vous êtes bloqué sous l’orage. Voici les conseils de Laurent Gerbaud, chef du pôle de santé publique au CHU de Clermont-Ferrand.
Observer les nuages
Pour se protéger, le premier réflexe à avoir, “c'est de ne pas se retrouver bloqué sous un orage”, recommande le professeur Gerbaud. “Il vaut mieux éviter les situations où on n'a pas de possibilité d’accéder à un endroit où se réfugier, comme une randonnée où il n’y a pas de demeure à proximité ou de voiture.” Il recommande de se renseigner sur la météo, mais il concède que les prévisions météo ne sont pas toujours d'une grande précision par rapport à l'endroit où se déclenche l’orage. Alors, chacun doit jouer au prévisionniste : “Il faut bien regarder les nuages. Ce sont de grands nuages, comme des tours. Cela veut dire qu'il y a beaucoup d'air chaud qui remonte en altitude. Quand l'air chaud va se refroidir et qu'il y aura une descente d'air froid, on assiste à la création d'une polarisation électrique de l'air chaud qui monte et l'air froid qui descend.”
Prudence surtout en début et fin d'orage
Selon lui, les périodes les plus dangereuses, avec le risque de foudroiement le plus grand sont “juste avant le début de l'orage et à la fin de l'orage.” Il explique : “La pluie peut jouer un rôle de rééquilibrage entre ces 2 pôles électriques qui s'opposent. Ce n'est pas une règle absolue mais globalement, les éclairs où il y a foudroiement du sol sont soit juste avant le début de la pluie, soit quand l'orage est en train de partir et qu'il a cessé de pleuvoir. Si on est vraiment dans l’obligation de se déplacer, il est plus sûr de le faire quand il pleut beaucoup et que tout se passe dans le ciel.” On peut même calculer la distance de l'éclair par rapport à soi : “C'est très simple, le son se déplace à la vitesse de 300 m/s et la lumière est instantanée. Il suffit de compter le nombre de secondes : 3 secondes correspondent à 1km.”
Eviter de sortir
En cas de doute, mieux vaut s’abstenir de sortir. “Il vaut mieux renoncer à une randonnée que se retrouver coincé”, alerte Laurent Gerbaud. “Évidemment, un concert avec un chapiteau et des appareils électriques, ce genre d’évènements, on n’y va pas. Des gens sont morts de foudroiement parce qu'ils utilisaient une guitare électrique, un ampli ou un micro. C'est arrivé.” Toutes les activités électriques, comme la tondeuse par exemple, sont à proscrire, mais pas seulement. “On a eu des décès par foudroiement récemment sur des terrains de sport, de football essentiellement. Sur les terrains de sport, il vaut mieux s'abriter dans le vestiaire, la buvette et ne pas hésiter à le faire dès qu'on sent l'orage se rapprocher.”
Couper son téléphone, éloigner les objets métalliques
Si on est complètement pris dans l'orage pour éviter le foudroiement, “d'une façon générale, il faut se dire que tout ce qui va permettre à l'électricité de trouver son chemin entre le ciel et le sol, ou le contraire, est à proscrire”, alerte-t-il. Club de golf, barre de fer, et même smartphones doivent être déposés au sol : “Quand on a des objets métalliques sur soi, comme un râteau, une pelle, une bêche, une fourche, la pointe métallique doit impérativement être dirigée vers le sol. Sinon, on fait paratonnerre. Évidemment, quand il y a de l'orage, on n'utilise pas de cerf-volant. Le téléphone, il vaut mieux le couper. Il va créer un petit champ magnétique qui peut tout à fait être un circuit pour les électrons. Ça ne va pas attirer la foudre cependant, si la foudre se prépare dans un rayon d'une centaine de mètres, elle va passer par là. Si on a un bout métallique au niveau du parapluie, on fait paratonnerre. Il vaut mieux éviter le parapluie.”
Fermer les fenêtres de la voiture
Sur un lieu de baignade, on s'éloigne impérativement du bord du rivage. "C'est un endroit où il y a beaucoup de foudre.” Ailleurs dans la nature, on évite de s'abriter sous un arbre isolé. "Il va attirer la foudre. Si on se met dans un bois, on évite de se mettre à l'orée du bois”, conseille Laurent Gerbaud. En voiture, “on ferme les fenêtres, on s'arrête parce qu'avec les rafales de vent et la pluie, ça peut être dangereux de conduire et on ne bouge pas de la voiture sauf si on est à proximité immédiate d'un abri beaucoup plus sûr.”
Se mettre à quatre pattes
Enfin, lorsqu'on est pris dans l'orage, il recommande de ne pas paniquer. “Paniquer conduit toujours à des erreurs de raisonnement. Si vraiment on est très coincé et que la foudre tape un peu partout, il vaut mieux être soit à 4 pattes, soit couché. C'est parce qu'on a la possibilité que la circulation électrique se fasse sur l'extérieur du corps et ne pénètre pas le corps.”
Ne pas rester sous un arbre
En montagne, les randonneurs et touristes se laissent parfois surprendre par l’orage, et cela est encore plus dangereux qu’ailleurs. Selon l’adjudant Crazez du PGHM (Peloton de gendarmerie de haute montagne) de Murat, il faut tout faire pour éviter de se retrouver bloqué sous l’orage en montagne : “Il faut regarder la météo ! Le secret, c'est d'anticiper. À partir du moment où on est sous l'orage, il n’y a plus grand-chose à faire. Il faut surtout ne pas s'y retrouver. C'est un peu bête comme conseil mais on est un peu démunis quand on est sous l'orage, il n’y a plus rien à faire. Il faut vraiment être très vigilant à cette période et bien consulter la météo.”
Si malgré tout, on s'y retrouve pris, voici ses conseils : “Il faut éviter d'être sous les arbres, éviter d'être auprès des falaises qui conduisent la foudre. On a l'habitude de dire, à tort, qu'il faut se mettre dans les grottes ou dans les renfoncements. En fait c'est une erreur parce que lorsque l'éclair tape la montagne, l'électricité se répand partout autour. Elle se propage le long des parois qui sont mouillées. On n'est pas à l'abri dans une grotte, l'électricité peut arriver jusque-là. On est à l'abri de la grêle et du vent, mais pas forcément de la foudre.”
Se protéger du vent et de la grêle
Si l’orage s’accompagne de vent violent, il recommande de quitter les zones exposées : “Il vaut mieux être sous le vent qu'au vent. Ça paraît évident, mais il y a pas mal de gens, par exemple, qui restent dans un col en montagne qui canalise et accélère le vent. Il vaut mieux s'abriter sous le vent en essayant de se protéger du relief et non pas là où le vent vient du côté de la montagne.” Contre la grêle, “malheureusement, il n’y a pas grand-chose à faire”, regrette l’adjudant Crazez. “On peut mettre le sac à dos sur la tête”, mais les options pour se protéger sont très limitées.
Pour éviter de vous retrouver en danger, avant de partir en montagne et tout au long de votre périple, il conseille de surveiller le ciel : “Quand on est en montagne, ce sont souvent les orages d'été qui sont les plus violents. On peut les voir arriver en restant attentif à certains signes. En général, quand il fait beau, chaud et qu’en début d'après-midi, il commence à y avoir du vent, c'est que l'orage se prépare. En parallèle, il faut surveiller les gros cumulonimbus qui se forment. C'est là que l'orage éclate. Souvent, on a une bonne heure pour anticiper. Il faut être très attentif à ces signaux, parce que la météo n'est pas toujours fiable au niveau de l’orage de montagne. C'est tellement localisé que c'est très dur d’anticiper.” Surveiller le ciel est donc un indispensable pour rester en sécurité et prendre les devants en cas d’orage.
Un risque cardiaque et de brûlures
Le risque dans l'orage est le foudroiement, ou le fait de recevoir des charges électriques liées à la foudre dans le corps. Le professeur Gerbaud explique :“Le foudroiement est dû au fait qu'il y a des charges électriques opposées, positives et négatives qui sont très importantes. Pour résoudre le déséquilibre, il y a un échange d'électrons. La foudre peut monter ou descendre. L'essentiel des éclairs se forment entre les nuages, à peu près 90%”. Selon le professeur Gerbaud, il y a 2 risques dans le foudroiement : un risque électrique immédiate au niveau du cœur. Le foudroiement peut provoquer un arrêt cardiaque. “Si cela arrive, on appelle le 15, on masse, on utilise le défibrillateur”. L'autre danger de la foudre est la brulure : “Si elle passe à l'intérieur du corps, elle va amener une énorme intensité thermique et électrique qui crée des brûlures. Quand quelqu'un est foudroyé, en fonction du point d'entrée de la foudre et du point de sortie ça peut être des petites brûlures cutanées, mais on peut avoir des très gros dégâts au niveau des organes internes.” Il insiste : “Foudroiement, ça veut dire toujours appel au SAMU !”