A l'appel de la CGT Michelin, une manifestation a lieu ce mercredi 13 novembre à Clermont-Ferrand, devant le siège du fabricant de pneus, afin de s’opposer à la fermeture des usines de Vannes et de Cholet. Des salariés des deux sites sont notamment présents dans la capitale auvergnate. On compte environ 300 manifestants.
Après l’annonce de la suppression de 1254 emplois, mardi 5 novembre, l’heure est à la riposte syndicale chez Michelin. À l’occasion d’une réunion extraordinaire du CSEC (Comité social et économique central) au sujet des usines de Vannes et de Cholet, les salariés de différents sites Michelin se mobilisent ce mercredi 13 novembre, devant le siège du groupe. La CGT affirme que “Michelin doit garantir tous les emplois et les salaires. Il en a largement les moyens”. On compte environ 300 manifestants.
Marianne Maximi, députée (LFI) du Puy-de-Dôme, prend la parole : “Les profits sont record pour Michelin. Ils sont reversés à des actionnaires. Michelin n’est plus l’entreprise paternaliste et familiale qu’on nous a décrit. C’est faux. Aujourd’hui 67 % des actionnaires de Michelin sont des fonds étrangers, 60 % sont des banques et des assurances situées à l’étranger. On va porter ces combats à l’Assemblée nationale. Dans le cadre du débat sur le budget, on a déposé beaucoup d’amendements pour conditionner les aides publiques versées à ces grandes multinationales, au détriment des PME et des TPE. Il faudrait que les multinationales soient en capacité de rembourser les aides publiques qu’elles touchent alors qu’elles sacrifient des emplois sur notre territoire”.
Derrière les chiffres, il y a des vies. Les licenciements ne sont pas une fatalité dans ce pays. Tout cela est issu de choix politiques et nous pouvons en faire bien d’autres.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, s’exprime à son tour : “Honte à Michelin qui n’est pas présent ici pour regarder en face celles et ceux dont ils veulent supprimer les emplois. Il faut commencer par nommer les responsables. Evidemment, nous parlons de monsieur Menegaux (Directeur général du groupe Michelin, NDLR), avec 1250 emplois détruits mais 1,4 milliard de dividendes versés l’année dernière. Cela signifie que les actionnaires toucheront pour chaque licenciement 1 million d’euros. (...) Emmanuel Macron et ses gouvernements sont aussi responsables et coupables”.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, s’exprime devant le siège de Michelin. Vidéo : @manale_mkn, @F3Auvergne. Plus d’infos : https://t.co/d0tHjOhznZ pic.twitter.com/MyHytRtCU4
— Catherine Lopes (@lacatch) November 13, 2024
C’est une honte de nous licencier alors que Michelin fait des bénéfices
Cyril, salarié de l'usine de Cholet
Cyril, 50 ans, est salarié de l’usine de Cholet depuis 20 ans. Il indique : “Cette décision impacte notre vie de famille. Entre salariés, on est très solidaires. Il faut réfléchir à une reconversion mais ce n’est pas évident”.
Nicolas travaille à Vannes depuis 14 ans. Il confie : “Il est important de se mobiliser à Clermont-Ferrand, surtout par rapport à la façon dont on nous a annoncé que l’usine allait fermer. Michelin Vannes existe depuis 61 ans. En dix minutes, on nous annonce que ça va fermer. Notre colère est là. Je suis fier de cette solidarité devant le siège. J’aurais aimé un peu plus de monde. On est tous dans le même bateau. Cholet et Vannes ferment. Qui va fermer derrière ? Il y a d’autres usines en France qui sont sur la sellette. On va se battre pour les négociations”.
"Nous ne les laisserons pas faire"
Serge Allègre, secrétaire général CGT industries chimiques (FNIC) prend la parole, devant le siège de Michelin : “Nous sommes ici pour faire entendre notre colère à ceux qui provoquent la détresse, la misère sociale et, sans aucune retenue, détruisent nos vies, nos familles et notre projet. Cette entreprise dans laquelle nous travaillons n’a cessé de vouloir satisfaire la finance, la spéculation, entretenues par cette volonté sans limites de répondre aux parasites que sont les actionnaires. Il n’y a pas si longtemps, nous étions près de 50 000 salariés chez Michelin, dont 30 000 ici à Clermont-Ferrand. Aujourd’hui nous sommes tout au plus 15 000 et bientôt 13 500. Michelin, dans toute sa splendeur, veut fermer les usines de Vannes et de Cholet. Nous ne les laisserons pas faire. (...) J’en viens à l’utilisation des aides publiques, détournées pour alimenter le dividende des actionnaires. Soyons un peu sérieux monsieur Menegaux, il y a le crédit impôt recherche à 55 millions mais pas seulement. Il y a le CICE, avec 24 millions d’euros par an, les allègements de loi Fillon, les subventions d’exploitation pour 5,5 millions d’euros. Mais aussi le mécénat et autres crédits d’impôts pour 4 millions d’euros”.
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A 14 heures, le cortège qui s'était formé place du 1er Mai, s'est élancé vers la place des Carmes, siège de Michelin. On pouvait entendre : "Exploités pendant 50 ans. Cinq minutes pour nous virer".
Manifestation à Clermont-Ferrand à l’appel de la CGT Michelin. Vidéo : @manale_mkn, @F3Auvergne. Plus d’infos : https://t.co/d0tHjOhznZ pic.twitter.com/H0PtaSDMvE
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Dans la manifestation, des affiches sont brandies. Sur l'une d'elles, on peut lire : "Septembre 2000, entrez à l'école d'enseignement technique Michelin. Vous pouvez faire carrière dans notre entreprise. Novembre 2024, nos profits sont plus importants que l'humain et l'emploi français pour nos dividendes".
Voici quelques slogans affichés pendant la manifestation de la CGT Michelin de Clermont-Ferrand. Photos : @manale_mkn, @F3Auvergne. Plus d'infos : https://t.co/d0tHjOhznZ pic.twitter.com/Yd4dOPCq8e
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Une affiche fait référence au plan social chez Auchan, annoncé le même jour que celui de Michelin. A Clermont-Ferrand et à Aurillac, deux supermarchés sont menacés de fermeture.
"Les mesures d’accompagnement de Michelin c’est du vent"
Avant de rejoindre le siège de Michelin, sur la place du 1er Mai, une centaine de manifestants étaient déjà rassemblés vers 13 heures. Parmi eux, Grégory, salarié de l’usine de Cholet depuis 5 ans, est venu exprimer sa colère à Clermont-Ferrand. Il avait auparavant travaillé 5 ans à la Roche-sur-Yon, une usine qui a fermé en décembre 2020. Il explique : “On s’attendait à l’annonce du plan social depuis un moment, même si on nous disait que tout allait bien. J’ai déjà vécu la fermeture de la Roche-sur-Yon, et là, 5 ans après, c’est reparti. On nous a dit de partir à Cholet en nous disant que c’était l’avenir. Mais au bout de deux ans c’était déjà la m....C’est l’argent avant tout. Tout part en Pologne et en Serbie maintenant. Les mesures d’accompagnement de Michelin c’est du vent. Ils vont nous mettre la pression pour qu’on prenne le premier boulot qui se présente. Michelin ne respecte personne. On nous a annoncé la fermeture en 10 minutes. On veut une rémunération et un accompagnement exemplaires, ce qu’on n’a pas eu à la Roche-sur-Yon. On ne lâchera pas”.
Florent travaille aussi depuis 8 ans à l’usine de Cholet : “On veut dire aux patrons qu’ils ne sont pas dignes de l’esprit Michelin, un esprit familial. Les collègues sont en colère. On sait qu’il y a des réalités économiques mais Michelin a les moyens de faire face. Ils ont choisi de faire passer le profit avant l’humain”.
Je demande un salaire décent et un licenciement décent
Gaetan, salarié de Cholet
Gaëtan travaille à l’usine de Cholet depuis 13 ans : “Je suis là car ans 8 mois je n’ai plus de travail. Notre grand patron a vendu du rêve dans les médias en parlant de salaire décent, qui peut faire vivre chez Michelin une famille de 4 personnes. Mais quand on voit ce qu’il veut nous donner pour un licenciement, il y a un manque total de respect. Je demande un salaire décent et un licenciement décent. Je repars à zéro. Je ne retrouverai jamais le salaire que j’ai chez Michelin. Je suis déjà en train de calculer comment je vais vivre avec ma famille dans 8 mois. Avec les prêts immobiliers et de voiture, on commence déjà à se gratter la tête. Nos enfants trinquent aussi, ils sont en stress total”.
Des inquiétudes en Haute-Loire
Gaëtan, 31 ans, est salarié de l’usine de Blavozy, en Haute-Loire, depuis 8 ans. Il raconte : “Je suis venu pour soutenir mes collègues. Ce qui leur arrive peut arriver à tout le monde. A Blavozy, on a 6 semaines de fermeture en fin d’année donc il y a de quoi s’inquiéter. Il y a des baisses de production et 3 semaines de chômage partiel. L’annonce du plan social pour Vannes et Cholet a été un choc. On ne comprend pas qu’une entreprise avec des milliards de bénéfices puisse fermer deux usines”.