Le groupe Auchan a annoncé ce mardi 5 novembre un projet de plan social. Parmi la dizaine de magasins menacés, deux sont en Auvergne : l’hypermarché de Clermont-Ferrand Nord et le supermarché d’Aurillac.
Mardi 5 novembre, le groupe Auchan a présenté à ses représentants du personnel un projet de plan social menaçant 2 389 emplois en France. Parmi la dizaine de magasins menacés, deux se trouvent en Auvergne : l’hypermarché de Clermont-Ferrand Nord et le supermarché d’Aurillac. Le site de Clermont-Ferrand Nord, situé à Croix-de-Neyrat, compte près de 200 salariés.
"Si on supprime Auchan, c’est tout un quartier qui va dépérir"
A Clermont-Ferrand, l'annonce est brutale. Nicolas Deluzier, délégué syndical CGT Auchan Clermont-Ferrand Nord indique : “On ne s’attendait pas du tout à la fermeture de l’hypermarché. Pour nous, ce n’était pas du tout envisageable. Ce n’est toujours pas envisageable. On va se battre pour maintenir cet hypermarché ouvert, pour les travailleurs et les travailleuses d’Auchan, mais aussi pour le quartier. Le quartier Croix-de-Neyrat a besoin de ce poumon. Si on supprime Auchan, c’est tout un quartier qui va dépérir. On ne peut pas accepter cela”. Il poursuit : “Il y a eu des mauvais choix stratégiques et budgétaires par une direction générale complètement déconnectée de la réalité depuis 10 ou 15 ans. Par exemple, ils ont mis en place un nouveau parcours d’encaissement avec beaucoup de caisses automatiques. Il y a eu des attentes en caisse inacceptables pour les clients qui voulaient des caisses traditionnelles”. Nicolas Deluzier insiste : “Depuis ce matin c’est très dur. Il y a une violence sociale. Des salariés ont pleuré. On a des salariés qui ont 20 à 30 ans d’ancienneté. Ils n’ont connu qu’Auchan, qui a repris Mammouth en 1998. C'est une douleur énorme. C’est la douche froide”.
Christophe Delay, délégué syndical FO Auchan à Clermont-Ferrand, souligne : “Notre première réaction est l’abattement. Plus d’une dizaine de collègues vont être touchés par ces annonces, pour la majeure partie avec 20 ans d’ancienneté. C’est dramatique. Pour Clermont Nord, c’est une annonce encore plus brutale avec la fermeture complète du magasin. Les commerçants de la galerie marchande vont aussi être impactés. Il n’y a pas de secret, il n’y aura pas de la place pour tout le monde en termes de reclassement. A Aubière, on a une dizaine ou une quinzaine de postes qui sont éligibles au reclassement. Sur Clermont Nord, cela concerne plus de 200 personnes”.
Des réactions politiques
Sur X, Olivier Bianchi, maire (PS) de Clermont-Ferrand s’est exprimé : “Je regrette la décision du groupe Auchan de fermer son magasin de Clermont Nord. Cette fermeture brutale touche environ 200 salariés, impacte fortement le quotidien des Clermontois, et laisse une friche commerciale dans un quartier en plein renouvellement urbain”.
Sur le même réseau social, Marianne Maximi, députée (LFI) du Puy-de-Dôme, indique : "Les plans sociaux ne cessent de s'accumuler ! La famille Mulliez, 8ème fortune française, supprime 2 389 emplois dont 194 à Clermont-Ferrand après s'être gavé de crédits d'impôts. Ce carnage social qui consiste à profiter de l'argent public avant de licencier doit cesser".
Vers un accompagnement des salariés
La direction espère limiter le nombre de licenciements secs via un accompagnement des collaborateurs concernés, formations de reconversion, congés de reclassement et plan de départs volontaires. "Ce n'est pas un projet de décroissance que l'on veut gérer, la baisse des coûts est un moyen, pas une finalité", a assuré le patron du distributeur Guillaume Darrasse auprès de plusieurs médias dont l'AFP.
De mauvais résultats
Auchan Retail avait déjà annoncé en septembre 2020 la suppression de 1 475 postes en France, après un plan de départs volontaires de plus de 500 postes en janvier de la même année. Longtemps considéré comme l'un des acteurs les mieux-disants en terme social au sein de la grande distribution, Auchan enchaîne les mauvais exercices économiques et sa holding Elo Groupe avait annoncé en juillet une perte nette de près d'un milliard d'euros sur les six premiers mois de 2024.