Nouveau variant, relâchement : pourquoi le nombre de cas de Covid augmente en Auvergne

En Auvergne, de plus en plus de personnes sont testées positives au Covid 19 depuis la mi-mars. Plusieurs facteurs expliquent ce rebond de l’épidémie. Selon un épidémiologiste de Santé Publique France, l’augmentation pourrait durer encore 3 semaines.

Le taux d’incidence du Covid 19 flambe à nouveau en Auvergne. Alors que le masque a été abandonné dans la plupart des lieux publics ainsi que le pass vaccinal, le virus semble avoir saisi l’opportunité de refaire surface. « Au niveau régional, on a une augmentation franche de plus de 50% depuis une semaine. Le taux d’incidence régional est au-dessus de 600, sachant qu’il est inférieur aux valeurs nationales qui sont à près de 900. Dans la région c’est 637 et 897 au niveau national. Ça représente un peu plus de 50 000 personnes testées positives depuis une semaine et un peu plus de 200 000 personnes testées », confirme Thomas Benet, épidémiologiste à la cellule régionale de Santé publique France en Auvergne-Rhône-Alpes.

Dans le détail, pour la semaine glissante du 12 au 18 mars, les taux d’incidence pour 100 000 habitants sont les suivants :

  • Allier : 1 065,1
  • Cantal : 1385,7
  • Haute-Loire : 508,2
  • Puy-de-Dôme : 792,3

Vous pouvez retrouver le taux d’incidence de chaque département grâce à la carte ci-dessous.

Thomas Benet constate : « Au niveau de la région, il n’y a pas de particularités excepté dans l’Allier et le Cantal où les taux d’incidence sont un peu plus élevés, supérieurs à 1 000. C’est lié au décalage de l’épidémie qui a été un peu plus tardive dans ces deux départements et c’est redescendu plus tardivement. Ils ont des dynamiques épidémiques comparables aux autres départements de la région. » Selon lui, deux facteurs principaux expliquent la hausse des contaminations et, en premier lieu, le sous-variant BA.2, actuellement prédominant dans la région et plus transmissible que la souche Omicron : « Il n’y a pas pour l’instant de preuve qu’il y ait plus de sévérité et c’est ce qu’on voit pour l’instant dans les hospitalisations. Il n’y a pas d’augmentation des hospitalisations Covid, ni en soins critiques », tempère Thomas Benet.

Il faut s’attendre à avoir une augmentation des hospitalisations qui sera probablement modérée.

Thomas Benet, épidémiologiste

Il ajoute : « Le relâchement des mesures barrière peut également expliquer ce rebond. On le voit par rapport à d’autres transmissions virales comme la grippe, qui augmente depuis 2 semaines alors qu’elle était contenue depuis le mois de décembre. Elle a été contrôlée jusqu’à début mars, ce qui suggère que ce sont vraiment les mesures de limitation des contacts qui endiguaient cette dynamique ». L’épidémiologiste surveille de près la courbe des hospitalisations : « Il faut s’attendre à avoir une augmentation des hospitalisations qui sera probablement modérée, selon des travaux de l’Institut Pasteur. Ils anticipent une augmentation du nombre de personnes hospitalisées mais une charge hospitalière qui va rester à peu près stable. La situation actuelle va se traduire la semaine prochaine et la suivante sur les hospitalisations. Sur le moment où il y aura une diminution, sur les courbes prévisionnelles, ils prévoient mi-avril mais c’est très incertain car beaucoup de facteurs rentrent en jeu et notamment les facteurs météorologiques qui peuvent jouer favorablement et tasser la courbe. »

Un pic atténué

Il tient cependant à rassurer : « On ne sera pas dans la situation du pic de 5ème vague Omicron. Il y a une  proportion importante de la population qui a été infectée récemment par ce variant et ces personnes sont partiellement protégées du fait de l’infection et de la vaccination et du rappel. Cette vague sera inférieure à celle de cet hiver. C’est difficile de prévoir le pic, c’est très sensible à l’application des mesures barrières ». Pas de 6ème vague selon lui, en tout cas pour le moment : « Les moins bonnes hypothèses de l’Institut Pasteur prévoient un pic atténué, au maximum 2 fois inférieur à cet hiver. » Thomas Benet insiste sur le maintien des gestes barrières et notamment le port du masque, même si celui-ci n’est plus obligatoire.    

28% de positivité

Dans les laboratoires de la région, le rebond épidémique n’est pas passé inaperçu : « Les demandes augmentent fortement depuis la fin de la semaine dernière, en lien avec une reprise épidémique depuis 10 jours qu’on constate avec les taux de positivité, qui étaient descendus aux alentours de 10% de nos tests début mars et qui se retrouvent à 28%, un rebond assez important », indique le docteur Thomas Duret, biologiste et directeur général Inovie Gen Bio, qui constate lui aussi un relâchement des mesures barrières : « C’est lié au nouveau variant qui est assez majoritaire dans les séquençages que l’on réalise. Le premier sous-linéage d’Omicron était le BA.1 et là on est sur le BA.2 qui est plus contagieux avec un risque de transmission plus élevé. Il y a aussi une diminution des gestes barrière et une augmentation des contacts sociaux qui font que la positivité augmente ainsi que la demande en tests ».

Entre 3 500 et 4 000 tests chaque jour

Dans ses 35 laboratoires en Auvergne, en Lozère et dans le Cher, début mars, il comptait 1 000 demandes par jour pour des tests Covid. Désormais, ces laboratoires reçoivent entre 3 500 ou 4 000 demandes quotidiennes : « Depuis 2 ans on fait face à des vagues successives puis des activités en forte hausse puis en baisse. On a gardé notre fonctionnement 24/24h au niveau des analyses en PCR. Au niveau des préleveurs et du personnel administratif pour les enregistrements, on avait conservé le personnel recruté cet hiver lors de la demande exceptionnelle en décembre. On n’attendait pas une hausse si proche et si rapide mais on n’a pas de souci pour répondre à la demande. » Sur cette hausse des cas, l’OMS considère que la France fait partie des pays ayant levé trop "brutalement" leurs mesures anti-Covid et se retrouvent confrontés à une nette remontée des cas sous l'effet du sous-variant BA.2, a déploré l'Organisation mondiale de la santé. Lors d'une conférence de presse délocalisée en Moldavie, le directeur de l'OMS en Europe, Hans Kluge, s'est dit "vigilant" sur la situation épidémique actuelle sur le continent, tout en affirmant rester "optimiste". "Ces pays ont levé les restrictions brutalement de trop à pas assez", a estimé le responsable onusien. Le variant BA.2 serait 30% plus contagieux que le BA.1.

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