"On est la seule profession à ne pas monter en grade, on se sent méprisés", la grève des greffiers continuent à Clermont-Ferrand

Les greffiers ne lâchent rien et continuent de se mobiliser jeudi 21 septembre. Ils étaient devant le tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand. Une mobilisation qui dure depuis le 15 juin, mais ils ne se sentent pas écoutés et se sentent même méprisés.

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"Greffes en colère", les mots sont écrits en majuscules, en noir et souligner plusieurs fois en rouge. Une colère qui s’accumule et qui ne faiblit pas depuis le 15 juin. 

Des greffiers se sont réunis une nouvelle fois devant le tribunal de grande instance de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, jeudi 21 septembre, parmi eux, il y avait Céline Caneira.

Cela ne fait même pas 10 ans que je suis greffière et je suis déjà usée  

confie une jeune greffière.

À 34 ans, elle est greffière dans le service d’application des peines, elle a intégré le service en 2017, et aujourd’hui encore elle se mobilise et dénonce le manque de moyens, mais surtout une injustice concernant la nouvelle grille salariale. Cette dernière prévoit une revalorisation du salaire des greffiers de 10 à 20 euros brut par mois, mais qui s’accompagne en contrepartie d’une baisse d’échelon au sein de leur grille salariale, entraînant une diminution d’ancienneté allant de deux à quatre ans. 

Les greffiers sont catégorie B +. En fin de carrière, on peut gagner 2600 net par mois", explique Céline Caneira. "Les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation sont passés catégorie A sans nouvelles missions. On est la seule profession à ne pas monter en grade. On est une profession où on ne dit jamais rien, généralement, on courbe le dos. Mais là, on voit les autres évolués et pas nous. On se sent méprisés".

Près de 900 mesures judiciaires à gérer

Peu connus, les greffiers sont pourtant au cœur des rouages de la justice. "Les gens imaginent que l’on s’occupe uniquement de retranscrire les procès pendant les audiences, mais nos journées ne s’arrêtent pas là. On est l’intermédiaire entre le magistrat et le justiciable", raconte Céline Caneira. 

On prépare les dossiers, on va à l’audience pour prendre des notes. On s’occupe des notifications de justice, on est là à tous les stades. On a une grosse gestion de la paperasse. Nous ne sommes pas qu'à l'audience

Au service d’application des peines, attachée à un magistrat, elle s’occupe de 900 mesures, elle fait deux audiences par mois en moyenne, mais gère tous les appels des condamnés et tout ce qui a trait aux bracelets électroniques. Chaque greffier est avec un magistrat. Au tribunal de Clermont-Ferrand, il y a cinq juges d’application des peines et donc cinq greffiers. En tout, ils sont 140 greffiers au tribunal.  "Normalement, il faudrait 60 greffiers pour 100 000 habitants, en France, on est à 34 greffiers pour 100 000 habitants", ajoute la jeune greffière.

Un métier de contact avec les justiciables, les avocats et les magistrats

"Lorsque j’étais en fac de droit, on ne parlait que des concours d’avocats ou de magistrats, mais très peu du métier de greffiers. Pourtant, ce métier m’a toujours intéressé. Le contact avec l’humain, avec les justiciables, mais aussi avec les avocats et les magistrats, tout ça était important pour moi. On peut compter sur nous. Et on peut voir l’évolution positive et négative des personnes condamnées, certaines récidives, d’autres non".

En 2014, elle prend son premier poste de greffière à Pontoise, dans la région parisienne. Très vite, elle se rend compte des difficultés du métier. "On aurait dû être 12 et on était que 7. Avec ce manque d’effectifs, on faisait au mieux pour gérer les dossiers, mais on manquait de moyens, on devait donc gérer l’énervement des personnes qui étaient compréhensibles".

"Les infirmiers de la justice"

Officiellement, les greffiers travaillent un peu plus de 37 heures, mais dans les faits Céline Caneira avoue travailler plus de 40 heures. "On a aucune évolution de carrière possible. On aurait pu devenir attaché de justice, mais on sera obligé de passer un concours alors que c’est faire partie de l’équipe du magistrat, ce que l’on fait déjà. On est fatigués et on ne nous écoute pas".

Malgré le mouvement de grève, les greffiers vont continuer le travail et traiter les urgences. 

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