"On est traités comme des pions" : à Clermont-Ferrand, la colère des assistants d'éducation

Dans les collèges et lycées on les appelle les pions. Mardi 1er décembre, les assistants d’éducation ont manifesté à Clermont-Ferrand pour demander de meilleurs salaires, des embauches et moins de précarité.

Familièrement ce sont les pions, et ils ne veulent plus de cette définition telle que le Larousse la livre : des éléments qui ne jouent qu’un rôle minime, qui sont manipulés et dont on dispose arbitrairement. Ils étaient une centaine mardi 1er décembre venus de tout le Puy-de-Dôme pour manifester devant le rectorat de l’académie de Clermont-Ferrand. "On manifeste car on est traités comme des pions comme on nous appelle vulgairement dans l’Education Nationale c’est-à-dire qu’aujourd’hui on est une profession précaire, on est en CDD perpétuellement pendant 6 ans, des CDD d’un an et au bout de ces 6 ans on est complétement rejetés. On veut un vrai statut de travailleur de la fonction publique qui s’accompagne par des contrats moins précaires et plus durables" dit Davy Delfour, délégué CGT-AED 63.

Pour Cécile Guimera, elle aussi assistante d’éducation (AE ou AED en langage administratif) : "C’est quand même nous qui sommes le plus souvent avec les élèves et qui les gérons le plus. On les surveille, on les aide dans leurs difficultés scolaires. On est là pour eux, s’ils ont des problèmes à côté au niveau de la famille ils se confient beaucoup à nous. On gère les absences, la surveillance, le self, on appelle les parents et on les rassure…"

Sur leur banderole 3 revendications : des titularisations pour lutter contre la précarité, des embauches massives pour mettre fin aux sous-effectifs et une hausse des salaires pour contrer les inégalités. Car comme l’explique Philippe Leyat, secrétaire  SNSE-FSU : "Les temps plein travaillent 41 heures, donc c’est impossible de poursuivre des études et avoir un emploi du temps complet. J’étais surveillant il y a 25 ans, le salaire aujourd’hui d’un assistant d’éducation qui fait 10 heures de plus par semaine, c’est 20% de salaire de plus, c’est une dégradation certaine".

Une demande de reconnaissance

Tous demandent que leur rôle dans les établissements, connus par des générations d’élèves soit pris en compte. "La crise du COVID l’a mis en exergue dans le sens où ça a été à nous d’être en première ligne pour faire appliquer les protocoles qui ont pu changer régulièrement. Si on veut protéger les élèves, c’est notre rôle à nous aussi. Sans nous il n’y a pas de vie scolaire, pas d’internat, les établissements doivent fermer car ne pouvant pas assurer la sécurité des élèves au quotidien" poursuit Davy Delfour.

Une reconnaissance qui pourrait passer aussi par une intégration plus facile dans l’Education Nationale. Pour Philippe Leyat : "Tous les jours au contact des jeunes ils peuvent acquérir des compétences et elles ne sont jamais valorisées, jamais reconnues par l’institution. Il n’y a pas de condition d’accès facilité pour les concours enseignant, pas de concours spécifique pour ceux qui voudraient entrer dans la fonction publique et devenir enseignant ou conseiller d’éducation". Contrairement à ce qui se pratique dans le privé précise Julien Damour : "Dans le privé il y a un peu plus de reconnaissance, on peut suivre des formations pour gravir les échelons, mais on a juste besoin d’avoir le bac et on ressent parfois qu’on est au bas de l’échelle".

Enfin il y a les salaires, ils dénoncent le taux horaire au smic et la non prise en compte de certaines heures de nuit à garder les internats, demandent à bénéficier des primes COVID et Réseau d’Education Prioritaire. D’autant que pour certains, c’est un travail indispensable pour boucler leur budget. "Je travaille en plus de mes études donc à 80% dans le collège de la Durolle à la Monnerie, on est en zone REP. Ça a des bons côtés comme travail mais c’est quand même compliqué des fois avec les élèves, on aimerait être plus reconnus pour le travail qu’on fait. On est les seuls à ne pas toucher de prime".

Une délégation a été reçue en fin de matinée. Le rectorat les a renvoyés vers le Ministère de l’Education pour les questions sur les salaires et les titularisations. Mais des discussions vont être menées localement sur la durée des contrats qui pourraient être étendus à 3 ans.
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