Une douzaine de services du CHU de Clermont-Ferrand sont désormais en grève. Les agents s'opposent à la mise en place d'une nouvelle organisation de travail dès 2025. Celle-ci les empêcherait de concilier vie privée et vie professionnelle, laissant également craindre des répercussions sur la prise en charge des patients.
Cardiologie, ophtalmologie, chirurgie digestive, brancardage... Une douzaine de services du CHU de Clermont-Ferrand sont désormais en grève ou ont déposé un préavis. Depuis l'annonce d'une nouvelle organisation du temps de travail, il y a deux semaines, la colère monte parmi les 6 500 agents.
Des difficultés pour les parents isolés
Les plannings pourraient être bouleversés début 2025 avec, par exemple, des cycles de travail plus longs ou encore une impossibilité de choisir les jours de RTT. "Beaucoup de nos agents sont en familles monoparentales, divorcés ou en garde alternée et vont devoir changer tous leurs plans de garde en très peu de temps. Cela va avoir un gros coût financier pour eux", défend Siham Nouace, secrétaire générale FO du CHU.
C'est en train de chauffer. On n'a jamais vu autant de services concernés par des préavis de grève. Les agents sont mécontents. Ils font déjà de gros efforts : sont rappelés sur des congés, font des nuits, beaucoup d'heures...
Siham NouacerSecrétaire générale FO du CHU de Clermont-Ferrand
Outre la difficile conciliation entre vie privée et vie professionnelle, ce changement de planning brutal risque d'entraîner des rythmes de travail plus soutenus, une accumulation du nombre d'heures et une récupération difficile. "Douze jours de travail avec deux jours de repos secs ne permettent pas de récupérer de l'épuisement professionnel. Des nuits à 40 heures en 4 jours empêchent d'être en pleine capacité de prendre en charge les patients", avance Christophe Cibert, représentant CGT.
Selon l'intersyndicale (FO, Sud, CGT), l'absentéisme des personnels sera une conséquence inévitable de cette nouvelle organisation à laquelle elle s'oppose fermement. "Avec les nouveaux cycles de travail, les remplacements vont être très difficiles le week-end. Il n'y aura aucun agent en plus, donc dès que l'on aura des absents, les services vont se retrouver en difficulté", alerte Didier Giraudet, secrétaire adjoint SUD Santé du CHU.
Incidence sur les patients
Les représentants du personnel craignent qu'une telle mesure ait des répercussions sur l'accueil des patients. "À partir du moment où l'on imposera des contraintes aux personnels, ils seront forcément moins performants. Et avec moins de personnels aussi, ce sont des patients potentiellement en danger parce qu'ils seront moins bien pris en charge", poursuit Didier Giraudet.
Dans la mise en place de ces nouveaux plannings, le personnel n'aurait pas son mot à dire, selon les syndicats. "On a une directrice générale qui n'est pas du tout dans le dialogue social. Elle a une feuille de route. Pour elle, le personnel est une variable d'ajustement économique et son objectif, est de réduire le déficit du CHU qui n'est que structurel. Le personnel est la seule variable qu'elle veut mettre en action", déplore Christophe Cibert.
Les personnels veulent travailler dans de bonnes conditions. La directrice générale se trompe en voulant les contraindre à des rythmes de travail qui ne leur permettront plus de répondre à leurs obligations familiales et qui vont créer de l'insatisfaction.
Christophe CibertReprésentant CGT
Sollicitée, la direction du centre hospitalier n'a pas souhaité s'exprimer. De son côté, l'intersyndicale prépare une assemblée générale le 5 novembre prochain.