Plongez dans l’histoire architecturale et culturelle de la France avec la dernière piscine Tournesol de Clermont-Ferrand, véritable icône des années 70.

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C’est comme si elle avait pris un grand bain de jouvence. En près de 50 ans, la piscine Tournesol Jacques-Magnier à Clermont-Ferrand n’a pas pris une ride. C’est dans ce grand édifice en forme de soucoupe volante, digne d’un film de science-fiction, que la génération des babys boomers a pu faire son premier grand plongeon. Dispersées partout en France, ces piscines hors du commun s'enorgueillissent d’avoir accueilli les débuts de Laure Manaudou et d’Alain Bernard. On vous raconte leur histoire. 

Opération “mille piscines” 

Tout est parti d’un échec. L’équipe de France de natation fait piètre figure durant les Jeux Olympiques de Mexico en 1968. Alors aux grands maux, les grands remèdes. Le Général de Gaulle, président de l'époque, propose un projet politique ambitieux : l’opération “mille piscines”. Comme son nom l'indique, le gouvernement ambitionne de construire 1 000 piscines partout en France. "Il était persuadé qu’il fallait que les Français apprennent à nager”, raconte Catherine Carton, chargée de mission label Pays d’Art et d’histoire auprès de la métropole de Clermont-Ferrand. En 1969, un concours est alors lancé pour la conception de ces piscines industrialisées partout en France. L’architecture fantasque imaginée par Bertrand Schoeller a été retenue. Il y a plusieurs autres modèles qui ont été aussi créés même si celle-ci a connu un succès assez phénoménal”, souligne Catherine Carton.

Pendant près de vingt ans, les municipalités françaises s'équipent alors de piscines Tournesol : Bondy, Marseille,  Biscarosse et même le Luxembourg. Parmi les communes candidates, il y a aussi la ville de Clermont-Ferrand. En 1976, après une construction express - seulement 3 mois - les Clermontois ont pu faire leurs premiers sauts dans la piscine Jacques-Magnier, installée dans ce quartier de la Plaine, une zone d’urbanisation prioritaire (ZUP).  Cette piscine colle avec l’esprit du quartier : une cité Michelin à l’origine, elle-même construite dans les années 30 de manière industrialisée, estime la chargée de mission. Il y a un esprit commun entre la cité et la piscine”. L’opération fut malgré tout trop ambitieuse. Ce ne sont finalement que 181 piscines Tournesol qui ont fleuri partout en France. 

Une architecture particulière 

Malgré un projet finalement peu abouti, la résonance architecturale traverse néanmoins les décennies, pour trouver son public sur les réseaux sociaux. Le compte @laffairetournesol se consacre à faire le tour de France pour retrouver ces vestiges de l’architecture des années 70.

Pour Catherine Carton, ces piscines Tournesol sont des édifices “instagrammables par nature”  : une forme futuriste aux couleurs criantes tout droit sortie d’un film de Wes Anderson. Pour les uns, elle évoque une soucoupe volante déposée sur le sol ; pour les autres, une sorte de champignon aux mille hublots qui laissent passer la lumière. Autant de caractéristiques qui fascinent les fans de l’esthétique seventies. “C’était un élément incontournable de la culture pop de cette époque. Et elle continue de séduire encore aujourd’hui”, assure Catherine Carton. Elle décrit les caractéristiques de cet édifice : “La coupole est constituée d’une ossature d’acier de 39 arcs. Ils forment un cercle de 34 mètres de diamètre sur une surface de 1000 mètres carrés. Cette structure métallique est recouverte de tôle et de tuiles. Un tiers de la façade sud de la coupole est mobile et permet d’ouvrir la piscine vers l’extérieur, d’où son nom de “piscine tournesol”. Elle ne se tourne pas vers le soleil mais s’ouvre au soleil”

Une "espèce en voie de disparition"

La principale problématique de ces constructions préfabriquées est justement la longévité : vieillissement rapide des matériaux bon marché, esthétique “ringarde”, passoire énergétique... Depuis les années 2000, la piscine Tournesol n'a plus trop la cote. Sur les 181 piscines Tournesol françaises, seules 51 ont conservé leurs formes d’origine. Les autres ont été reconstruites, ou soit complètement transformées, ou soit fermées voire détruites. En région Auvergne-Rhône-Alpes, 11 sont présentes dont 3 à l’état d’origine”. Parmi elles, la piscine Jacques-Magnier. L’une des seules survivantes de cette "espèce en voie de disparition".  

Elle est la seule existante dans le Puy-de-Dôme. Celle de Cournon-d’Auvergne a été détruite en 2013. Dans la région, il y a également celle de Langeac qui existe toujours même si elle a été transformée. La piscine Jacques-Magnier est la seule des quatre départements encore dans son jus

Catherine Carton

Chargée de mission Label ville et pays d'Art et d'Histoire

 Pour le plus grand bonheur des nageurs confirmés ou non. Chaque année, la piscine Jacques-Magnier compte plus de 50 000 entrées. Elle pourrait bientôt être labellisée architecture contemporaine remarquable. Un dossier a été déposé.

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