Des camions, des bétaillères, des tracteurs : ils étaient une petite centaine à converger vers la place de Jaude, à Clermont-Ferrand, ce jeudi 23 décembre. On vous explique la raison de la colère de ces éleveurs et négociants du Massif central.
Le cortège est parti tôt ce jeudi 23 décembre afin de converger dans la matinée vers la place de Jaude de Clermont-Ferrand. Selon les organisateurs, une centaine de camions, bétaillères et autres tracteurs sont mobilisés. Une opération escargot a eu lieu sur l’autoroute A 75, 189 et A 71. Les véhicules roulaient à 30 km/h, occasionnant quelques ralentissements.
Si ces éleveurs et négociants du Massif central sont dans la rue, c’est afin de protester contre la contractualisation obligatoire. Pierre-Antoine Fabre, négociant en bestiaux à Pierrefort, près de Saint-Flour, dans le Cantal, explique : « La Loi Egalim II nous impose une contractualisation obligatoire. On est pour la revalorisation de la production bovine mais on est contre cette obligation de contractualiser. On est pour la contractualisation si elle est volontaire, mais de façon obligatoire, on est contre. On veut garder nos libertés de commercialiser, de choisir. On veut juste que monsieur Macron et monsieur Denormandie (ministre de l’agriculture, NDLR) retirent ce mot d’obligation dans la loi».
Une loi applicable en 2022
Le négociant en bestiaux explique en quoi consiste la contractualisation : « A partir du 1er janvier 2022, on sera contraints de contractualiser tous les bovins de plus de 12 mois qui sont destinés à l’exportation ou à l’engraissement ou à la boucherie, pour une durée minimum de 3 ans, avec le producteur. Contractualiser signifie signer un contrat avec un ou plusieurs opérateurs, pour une durée de 3 ans, en s’engageant sur des volumes et sur des tunnels de prix. C’est très contraignant pour le producteur car il doit s’engager sur des volumes et sur des dates de sortie. C’est finalement très compliqué ».
"On ne veut pas de cette obligation"
Initialement, la loi Egalim II visait une meilleure rémunération des éleveurs, mais pour Pierre-Antoine Fabre, elle a échoué : « Cette loi nous rajoute des contraintes et c’est ce qui nous gêne. Si cela permet de mieux rémunérer l’éleveur, tout le monde va vouloir contractualiser. On ne veut pas de cette obligation ».
Une proposition des agriculteurs
Le négociant propose une autre voie, plus adaptée aux agriculteurs : « La meilleure solution serait la contractualisation libre. Si un éleveur veut contractualiser, qu’il le fasse, mais s’il veut rester libre, on veut qu’il puisse le faire ». Il est prêt à se mettre hors-la-loi : « On va voir si on va respecter cette loi. S’il le faut on ne s’y pliera pas, pour laisser la liberté à nos éleveurs ».
"L’heure est grave"
Pierre-Antoine Fabre ajoute : « Cette mobilisation a lieu pour faire comprendre au gouvernement que nous ne sommes pas d’accord avec cette obligation de contractualiser. On demande une rencontre avec la préfecture. Aujourd’hui, l’action n’est pas syndicale. Elle est montée par un groupe d’éleveurs et de négociants. C’est un mouvement libre. Il faut savoir que cela fait plus de 15 ans qu’on n’a pas vu des négociants qui manifestent dans la rue à côté des éleveurs. S’ils sortent, c’est la preuve que l’heure est grave ».
Le point de vue de la FNSEA
Cette manifestation n’était pas du goût de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire. La FNSEA du Puy-de-Dôme et les JA 63 indiquent dans un communiqué : « La majorité des agriculteurs et éleveurs soutiennent la loi EGAlim 2 instaurant la contractualisation qui doit permettre la construction du prix en marche avant dans le respect du coût de production. Les manifestants-négociants de ce jour ne défendent pas une juste rémunération des producteurs. L’organisation actuelle des marchés fait que les agriculteurs sont le dernier maillon du retour de la valeur de leur propre production, qui accepterait de travailler à perte ? ».
A 17h30, la préfecture du Puy-de-Dôme mettait en garde les automobilistes.
En effet, en raison du retour du convoi des manifestants, des ralentissements étaient notables sur l'autoroute A75, entre Aubière et Issoire.