Un mois de février aux températures printanières. Il y a de quoi être perturbé. C'est le cas des arbres de nos forêts. L’Office national des forêts s’inquiète du dérèglement du cycle biologique des arbres. Ce redoux risque de les fragiliser au moindre coup de froid.
Les températures repartent à la hausse en Auvergne, en ce début de février. Un redoux agréable pour nous, sans doute, mais pas pour … les arbres. En effet, la sécheresse de l’été n’est pas le seul fléau lié au réchauffement climatique. En cette fin de l'hiver, une hausse des températures précoce est tout aussi dangereuse pour nos forêts. On fait le point avec Médéric Aubry, expert en changements climatiques pour l’Office national des forêts (ONF) Auvergne-Rhône-Alpes.
Des arbres plus fragiles au froid
Grâce aux températures douces de ce mois de janvier, les arbres ont accéléré leur croissance. Par conséquent, les bourgeons, déjà présents, risquent de se fragiliser au moindre coup de froid. Médéric Aubry explique pourquoi : “Ce n’est pas le redoux en lui-même qui est dangereux. C’est le fait qu’il accélère le cycle des arbres. Le redoux va faire démarrer plus tôt l’activité de l’arbre et donc le rendre plus sensible aux gelées qui pourraient arriver plus tard, vers la fin de l’hiver. À cause de ce redoux, les arbres ne sont plus acclimatés au froid et n’ont donc plus les armes nécessaires pour y résister. Donc, le véritable risque, ce sont les gelées tardives qui détruisent les jeunes tissus issus du bourgeonnement et empêchent donc la croissance de l’arbre. L’arbre peut toujours puiser dans les réserves pour refaire des bourgeons mais ce n’est pas l’idéal. Si, en plus, on ajoute à cela la sécheresse. Ça peut vraiment devenir délétère pour les arbres”.
Des espèces plus menacées que d’autres
Certains arbres sont plus fragiles que d’autres, comme l’épicéa par exemple. L’expert indique : “Il n’est pas très résistant, il a besoin de beaucoup d’eau toute l’année. Et en plus, il est très sensible aux scolytes qui ne cessent d’augmenter en population au fil des générations”. Les scolytes, un insecte qui parasite de nombreux arbres, sont l’autre conséquence néfaste du réchauffement climatique sur la végétation. “Ces températures élevées tout au long de l’année sont bénéfiques pour les générations de scolytes et peuvent représenter une menace pour les arbres”, précise Médéric Aubry.
Diversifier les essences d’arbres pour s’adapter
Pour aider les forêts à mieux résister à la chaleur et à s’adapter au réchauffement climatique, l’ONF mise sur la diversification des espèces d’arbres. Médéric Aubry explique : “On essaie de favoriser les essences les plus résistantes à la sécheresse en favorisant des essences méditerranéennes par exemple. Même s'il n'y a pas d'essence miracles. On essaie également de renouveler les essences déjà existantes. Pour les arbres plus avancés en âge, on va essayer de mener une sylviculture sans à-coups. On essaie d’éviter que les coupes soient des perturbations qui s’ajoutent au régime de perturbation lié au réchauffement climatique”.
La forêt a donc encore besoin d’un petit coup de pouce de l’Homme pour continuer à jouer un rôle essentiel pour notre environnement.