Les livreurs de la firme Just Eat de Clermont-Ferrand sont en grève ce vendredi 15 juillet à l'appel de la CGT : leurs 15 emplois sont menacés par un licenciement économique.
Anthony Almeida est livreur pour la firme Just Eat à Clermont-Ferrand et son emploi est menacé. Ce vendredi 15 juillet, il ira manifester place de Jaude à 19 heures, tout d’abord pour dénoncer les conditions salariales : “Pour vous donner un exemple, le matériel et les réparations sont totalement à nos frais. Si on a un accident et que le vélo est cassé par exemple, c'est à notre charge aussi, donc c'est à nous d'assurer nos vélos par nos propres moyens. Nous n’avons que 0,15€ par kilomètre. Pour le téléphone, nous avons 3,03€ pour le mois pour un forfait plus réparation éventuelle. Ils ont passé des accords quand ils ont ouvert la société en France qui bafouent complètement la convention collective du transport, qui nous suppriment les heures de nuit, les primes de dimanche et jour férié ainsi que les paniers repas.”
Des emplois menacés
Mais ce qui inquiète le plus ce livreur, c’est la menace qui pèse sur son emploi et celui de tous les autres livreurs clermontois : “A Clermont, ce qui nous concerne le plus, ça va être le licenciement économique, comme dans 20 autres villes en France. Nous comprenons tout à fait ce licenciement économique parce qu'il y a très peu de commandes. En revanche, c'est un groupe qui a quand même énormément d'argent et il est inconcevable d'accepter ce qu'il nous propose". Un congé de reclassement de 10 mois avec une rémunération à 65%, un budget formation de 3 000€ et un budget pour création d'entreprise de 4 500€, “des sommes totalement indécentes” pour Anthony Almeida.
Des questions autour des licenciements
Sur Clermont-Ferrand, il y a au total 15 livreurs qui attendent des réponses à leurs questions : “Nos délégués syndicaux et nos représentants du CSE ont eu plusieurs réunions reportées ou annulées. Le problème est que le groupe ne donne aucune information sur les chiffres, par exemple le nombre de commandes effectuées par ville pour expliquer nos licenciements.” Depuis le début du mois de juillet, Anthony a livré 22 commandes. “Au mois de juin, j'ai fait 29 commandes sur tout le mois en étant aux 35 heures”, précise ce salarié. Quelque 200 postes devraient être supprimés, selon la CGT, d’ici la fin de l’été.
"Ce n'est pas de gaité de cœur"
En mars, un an après avoir annoncé le recrutement en France de 4 500 livreurs en CDI, le groupe anglo-néerlandais de livraison de repas Just Eat Takeaway, a annoncé un plan de sauvegarde de l'emploi pour se séparer de 269 d'entre eux en raison d'un "contexte économique incertain". "Ce n'est pas de gaieté de coeur", avait déclaré à l'AFP Meleyne Rabot, directrice générale de Just Eat France dans la foulée d'un CSE pour informer les représentants du personnel en mars dernier, alors que la société emploie entre 800 et 900 livreurs en CDI pour l'heure. En France, Just Eat dessert actuellement 2 500 communes et son modèle repose sur le salariat dans 27 villes.
Une "réorganisation"
A terme, la plateforme conserverait des livreurs en CDI seulement à Paris et sa banlieue, Lyon, Marseille, Toulouse, Strasbourg, Lille et Roubaix, "qui représentent 75% des commandes et deux tiers des effectifs", a précisé Mme Rabot. En revanche, dans 20 villes, dont Bordeaux ou Nantes notamment, l'entreprise "projette de basculer d'un modèle employé vers un mode de livraison alternatif" restant à définir. Just Eat souhaite également supprimer 23 à 30 postes dans les fonctions support, pour en conserver 41. Selon la dirigeante, à l'issue de la réorganisation qui pourrait être effective "dans le courant du 2e semestre" 2022, l'entreprise garderait uniquement 530 livreurs en CDI en France, où sa situation économique est "plus complexe" qu'ailleurs.
Un marché "compétitif"
"Ces deux dernières années, suite à la fusion (entre Just Eat et Takeaway, ndlr), il y a eu des dépenses importantes. On a pour but de revenir à court terme à la rentabilité, je ne dis pas qu'on va abandonner le modèle du salariat", a ajouté Mme Rabot, qui précise que le marché de la livraison de repas est "volatile et compétitif". Il est notamment dominé en France par Uber Eats et Deliveroo qui, à l'inverse de Just Eat, n'ont pas fait le choix du salariat pour leurs flottes de livreurs.