Fermés depuis 6 mois à cause de l’épidémie de COVID 19, les thermes pourront rouvrir le 19 mai avec une jauge limitée à 50 %. Près de Clermont-Ferrand, les thermes de Royat ont eux choisi d’accueillir du public à partir du 7 juin.
« À la suite d’un arbitrage du Premier Ministre et du président de la République ce jour, le ministère de l’Économie et des Finances nous informe que les 113 établissements thermaux, fermés depuis le 25 octobre dernier, sont autorisés à rouvrir à compter du mercredi 19 mai avec une jauge de 50 % de curistes », a annoncé le CNETh (Conseil national des établissements thermaux) dans un communiqué publié le lundi 3 mai.
De nombreux appels
Conséquence, aux thermes de Royat, près de Clermont-Ferrand, le standard téléphonique est submergé d’appels. Dominique Ferrandon, directeur des thermes de Royat et de Royatonic raconte : « Les appels ont commencé le jour de l’annonce du déconfinement. On nous demandait quand nous allions ouvrir. Depuis hier, on a de nombreuses demandes et c’est plutôt rassurant ». Il poursuit : « On ne sait pas où on va mais on est optimistes. On a enfin une date. On a l’assurance d’avoir l’autorisation d’ouvrir à partir du 19 mai. Mais il faut qu’on règle nos protocoles de préouverture avec les analyses. On a décidé d’ouvrir le 7 juin pour des raisons techniques. Il nous faut 3 à 4 semaines pour remettre l’établissement en marche. Il y a aussi des raisons qui tiennent à l’organisation des hébergements. On veut repartir sur un cycle de 3 semaines pour ne pas être obligés de bousculer toutes les réservations des curistes ».
C’est un soulagement
Eric Brut, directeur général de Thermauvergne, semble lui aussi se réjouir de l’annonce de la réouverture des établissements thermaux en Auvergne : « C’est un soulagement. On a enfin une date de réouverture. Cela faisait plusieurs mois que la profession demandait une date. Aujourd’hui cette date correspond à la première échéance de déconfinement. On est plutôt satisfaits. On sait que les établissements thermaux pourraient rouvrir avec une jauge limitée à 50 %. Ca veut dire qu’on n’est pas encore sur la totalité du potentiel. Je pense que la jauge de 100 % pourrait être atteinte au 30 juin. Mais pour l’instant, ce n’est pas parce qu’aujourd’hui on a une annonce de date que finalement toutes les modalités sont encore précisées et suffisamment claires pour les autorités et les établissements thermaux ».
Des doutes sur le retour des curistes
Il s’interroge sur un retour éventuel des curistes : « On va laisser les exploitants s’organiser. Naturellement, ces dernières années on a allongé la durée de l’ouverture à la cure thermale. On a vu des établissements retarder leur fermeture. On pourrait aller jusqu’à fin novembre s’il n’y a pas de remise en confinement. L’idée est de capitaliser sur l’ouverture. Le plus difficile sera le démarrage. Il faudra recruter un nombre suffisant de curistes. Le problème est qu’à la fois du côté des établissements et de celui des curistes on a souffert de douches froides régulières avec des ouvertures repoussées. A chaque fois il faut rappeler les curistes pour reporter. Certains établissements ont fait ça à 3 ou 4 reprises. Il ne faudrait pas que cela nuise à la venue des curistes ».
Une jauge limitée
Le directeur des thermes de Royat n’est pas inquiet de la limitation de la jauge à 50 %. Il indique : « On nous autorise à ouvrir à 50 % de notre capacité ERP (Etablissement recevant du public. NDLR). On n’est plus sur le calcul de l’an dernier du nombre de curistes au m². On est sur la déclaration de la catégorie des établissements recevant du public. Finalement on est assez peu impactés car on doit être sur une déclaration de l’ordre de 800 personnes. Cela veut dire qu’on peut prendre 400 personnes en instantané. Comme le passage dans les soins dure 2 heures, quand on ouvre de 7 heures à 13 heures, on peut faire 3 passages de curistes. Cela ne nous pénalise pas trop ».
On perd à peu près 100 000 euros par mois sur les thermes et Royatonic
Ce qui le préoccupe davantage, c’est la santé financière de son établissement. Dominique Ferrandon souligne : « On était hyper mal l’an passé. On était sous forme de régie municipale donc on a eu du mal à accéder aux aides. On a aussi bataillé pour l’activité partielle qui nous a été en partie accordée a posteriori. On est un peu moins mal cette année car on a modifié nos statuts. L’accès à l’activité partielle nous aide un peu. Si on ouvre bientôt, on va limiter la casse. On perd à peu près 100 000 euros par mois sur les thermes et Royatonic ».
Des aides de l'Etat
De son côté, Eric Brut met en avant l’accompagnement de l’Etat envers les thermes : « Les établissements thermaux n’ont pas été maltraités par le gouvernement. Ils ont été accompagnés, avec la mise en place de l’activité partielle, des fonds de solidarité, l’accession au prêt garanti d’Etat. Mais le diable est toujours dans les détails. Les régies municipales n’ont pas eu accès au prêt garanti ni à la mise en place de l’activité partielle. Les établissements en régie sont en grande difficulté. De plus, des dispositions ont été prises pour l’exercice 2021, notamment la prise en compte du fonds de solidarité pour les frais fixes. Mais on n’a pas eu l’effet rétroactif sur 2020 et ça fait plusieurs mois que la profession demande sur les périodes de fermeture 82 millions d’euros au gouvernement ». Il enchaîne : « Les établissements ont largement consommé leur trésorerie. Ils ont utilisé les prêts garantis d’Etat qu’il faudra un jour rembourser. Ils ont bénéficié de l’activité partielle mais il va falloir embaucher du personnel. L’autorisation d’ouvrir c’est bien mais il va falloir qu’on puisse ouvrir avec des curistes. Seront-ils au rendez-vous le 19 mai ? Je ne sais pas. Il faudra apporter des messages positifs et rassurants envers eux ».
3 000 réservations à Royat
Dominique Ferrandon semble plutôt confiant quant à la venue des curistes : « On maintient une date de fin de saison en octobre. Mais on prévoit d’ouvrir les après-midis sur certaines périodes, notamment pour des curistes de Clermont-Ferrand. On a 40 % de nos curistes qui en sont originaires. On va aussi maintenir les cures du soir. Je serai obligé de bouger la date de fin de saison si je montais à 6 000-6500 curistes. Aujourd’hui j’en suis à 3 000 réservations. Je pense qu’on va rapidement monter à 4 000-5 000 ». Il ne pense pas avoir de difficultés pour recruter du personnel assez rapidement : « Sur la partie Royatonic on n’a que des salariés en CDI donc ils n’attendent que de reprendre. On a commencé à informer les saisonniers en fin de semaine dernière. On avait quelques craintes mais ils vont revenir. On aura nos équipes ».
Des économies à réaliser
Il précise : « C’est la première fois depuis 13 ans que les thermes et Royatonic sont dans la même structure juridique. On a des effets de mutualisation et des économies d’échelle qui sont plutôt intéressantes à faire. On va trouver des synergies de fonctionnement. On va aussi modifier pas mal de choses sur Royatonic comme ouvrir le soir, 7 jours sur 7, y compris les jours fériés. Je suis plutôt optimiste si on arrive à rentrer un peu de chiffre d’affaires. Les curistes sont demandeurs. Cela fait 2 ans qu’ils sont privés d’un traitement médical ». Avec la réouverture des thermes, c’est toute une économie locale qui espère aussi être soulagée. Le directeur générale de Thermauvergne confie : « Il n’y a pas que les établissements thermaux qui ont souffert. Un emploi créé par un établissement thermal permet la création de 7 ou 8 emplois périphériques. C’est un coup d’arrêt économique sur l’ensemble du territoire. De nombreux acteurs dépendent de l’établissement thermal. Le séisme est aussi sur l’ensemble du territoire ». A Royat comme dans les autres villes thermales auvergnates, on attend avec impatience le retour des curistes dans la ville.