Réchauffement climatique : végétaliser nos communes est-ce suffisant ? On fait le point avec des experts

Plusieurs sites à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) font l'objet d'un programme de végétalisation. À Aurillac (Cantal), seulement 10 % de la surface urbanisée est recouverte d’arbres, selon une récente étude. Face au réchauffement climatique, la nature au cœur des villes est un enjeu, mais ce n'est pas le seul.

Les villes n’ont plus le choix : elles doivent s’adapter au réchauffement climatique. Selon une étude, réalisée par Statista, 80 % de la population française vit dans un espace urbain. L'enjeu est crucial. Avec les vagues de chaleur successives dans l’Hexagone, certaines municipalités essaient de réduire la place du bitume. À Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), la mairie entreprend des travaux de végétalisation sur douze sites, dont la place Jaude du centre-ville, jugée trop minérale.  

Les arbres contribuent à réguler les températures non seulement parce qu'ils produisent de l’ombre, mais aussi, car ils abaissent les températures avec l'évapotranspiration.

Bastien Castagneyrol - Chercheur à l’INRAE (institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement)

A quelques kilomètres de là, à Aurillac, les arbres, au cœur de la ville, font aussi parler d'eux. En se basant sur des photographies aériennes et à l'aide d'algorithmes, la start-up Kermap, évalue la proportion de végétation arborée de toutes les villes de France. Selon elle, le chef-lieu du Cantal ne compterait que 10 % de surface urbaine boisée, contre 19 % à l'échelle nationale. "L'écart de température, entre une rue, avec ou sans arbres, peut atteindre 2°C", nous rappelle Bastien Castagneyrol, chercheur à l'INRAE.

Mais peut-on affirmer que Clermont-Ferrand serait plus en avance qu'Aurillac, face au réchauffement climatique ? Non, c'est bien plus complexe. "Si vous comparez les villes en termes de nombre d'arbres, ce n'est pas très pertinent. Le plus intéressant à évaluer, c'est en termes de canopée, c'est-à-dire la surface couverte par ces arbres", précise l'expert.  Avant d'ajouter : " il faut surtout que l'accroissement urbain ne se fasse pas au détriment des espaces naturels existants."

En Auvergne-Rhône-Alpes, près de 25 000 hectares de sol, sont artificialisés chaque année. 

"Ceux qui ne voient dans la transition climatique qu’une punition n’ont rien compris"

"La végétalisation est un instrument parmi d’autres pour lutter contre l’îlot de chaleur. Elle ne suffira pas", nous explique Magali Reghezza, géographe et membre du centre de formation sur l'environnement et la société de l'ENS.

Parmi les autres outils : la rénovation thermique, pour lutter contre la canicule au sein des bâtiments. Ou encore revoir la forme de certaines rues, certaines places. "Dans certains pays chauds, les villes sont pensées en fonction de la chaleur, les rues sont plus étroites pour permettre aux bâtiments de créer de l'ombre. Ainsi, les sols sont maintenus au frais", précise Vincent Viguié chercheur au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (CIRED). 

L'architecture urbaine peut aussi être repensée avec l'utilisation de façades plus claires ou de toits qui réfléchissent la lumière. Il faut aussi réfléchir aux espèces plantées : elles doivent résister à la chaleur, mais aussi à la sécheresse, car l’eau sera plus rare. C'est toute une réflexion autour de la ville qui doit s'opérer. 

Magali Reghezza ajoute : "Les architectes et urbanistes travaillent désormais avec des paysagistes, des écologues, des biologistes. Ceux qui continuent à ne voir dans la transition climatique qu’une punition n’ont décidément rien compris. Dans de nombreuses communes françaises, le sujet est pris à bras de le corps."

Réduire les émissions de gaz à effet de serre : une priorité 

Les villes, sont aujourd'hui responsables en France de 67 % des émissions de gaz à effet de serre. Réduire ces GES est donc primordial pour les villes de demain. " Elles vont devoir répondre à plusieurs défis : la décarbonation massive et rapide, mais aussi à une sobriété en énergie, en eau, en sol, en matériaux etc.", poursuit Magali Reghezza. 

En région Auvergne-Rhône-Alpes, en 2021, les transports représentaient 32 % des émissions de gaz à effet serre, et pour le secteur de l'industrie et de la gestion des déchets, c'était près de 25%.

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