Mundiya Kepanga, originaire de Papouasie Nouvelle-Guinée, voyage à travers l’Europe pour sensibiliser les plus jeunes à la protection de la nature. Vendredi 24 mars 2023, des lycéens et écoliers ont planté des arbres avec le chef papou à Aurillac : l’occasion pour lui de transmettre le message de ses ancêtres.
Sous la pluie de mars, à Aurillac, le chef originaire de la tribu des Huli de Papouasie Nouvelle-Guinée, Mundiya Kepanga, aide les élèves à retourner la terre qui abritera les premières graines de cette plantation. Un symbole d’espoir dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Depuis la sortie du documentaire "Frère des arbres", réalisé en 2016 par Marc Dozier et Luc Maresco, Mundiya Kepanga voyage à travers l’Europe pour alerter sur la déforestation et l’état des forêts primaires.
Je considère que les enfants sont comme des graines. Lorsque vous avez des graines et que vous les plantez dans la terre, vous allez les arroser, pour pouvoir les nourrir, qu’ils puissent pousser. Si vous donnez de bons conseils aux enfants, ils vont pousser et devenir des arbres ou des adultes solides.
Mundiya KepangaChef papou
Sensibiliser les jeunes générations
Antoine Lopes est élève en Première Sciences et Technologies de l'Agronomie et du Vivant au lycée Georges Pompidou d’Aurillac. Depuis deux ans, lui et ses amis préparent cette plantation d’arbres, inaugurée hier par le chef Papou.
Avec ce film, je partage un message, une légende de mes ancêtres. Mes ancêtres nous ont appris que les hommes sont les frères des arbres. Si les arbres disparaissent, les hommes vont disparaitre à leur tour.
Mundiya KepangaChef papou
Impressionné, Antoine retient les paroles du chef : "Il pense à nous pour l’avenir : qu’on est la génération qui va au moins essayer de changer le réchauffement climatique. C’est plein d’espoir pour nous, et même pour les enfants ; ils sont en bas âge certes, mais je pense qu’ils peuvent comprendre l’intérêt de ce projet", pense le jeune homme.
Pour Mariam Sala, enseignante : "C’était une très grande occasion et très belle surprise de pouvoir venir le rencontrer". Ses élèves, impatients à l’idée de rencontrer le chef d’une tribu, se sont montrés "finalement très à l’aise" aux côtés de Mundiya Kepanga. Cette plantation a été l’occasion pour le chef de transmettre le message de sa communauté Kobe Tumbiali, qui vit au cœur d’une des dernières forêts primaires du monde dans la région de Tari.
Un documentaire "Frère des arbres"
Le chef papou explique que dans son pays, les hommes ont une "relation particulière avec les arbres". Antoine la comprend et la partage :
Quand on compare un homme à un arbre, c’est assez vrai car comme il l’a dit, une graine grandit au fur et à mesure du temps. Les hommes, c’est un peu pareil. On naît et on grandit .
Antoine Lopes, lycéen
Lors de ses visites en France ou en Europe, Mundiya Kepanga vient partager un message : "nous sommes tous impactés par le réchauffement climatique. Nous vivons sur la même planète. Et il est très important que nous tous, nous prenions soin des arbres et prenions conscience de l’importance de protéger les arbres."
Il est très important de respecter la nature. Si vous ne la respectez pas, elle ne nous respectera pas en retour. Chacun doit respecter la nature, parce qu’elle est incontrôlable. Vous devez respecter la nature si vous voulez qu’elle vous respecte.
Mundiya Kepanga, chef papou
Un nouvel espoir pour la Papouasie Nouvelle-Guinée
En 2014, la Papouasie Nouvelle-Guinée est devenue le premier exportateur de bois exotique au monde. Un tiers du territoire était exploité. De nombreuses entreprises étrangères ont exploité ces forêts.
"Lorsque nous avons réalisé notre film, le frère des arbres, il y a quelques années, la situation était dramatique en Papouasie Nouvelle-Guinée. La déforestation s’était beaucoup accentuée, et accélérée", a expliqué le chef papou à notre équipe de reportage.
Mais l’arrivée récente du nouveau Premier ministre, James Marape élu en 2019, dont le slogan est "Take back PNG" (Reprenons la Papouasie en main) lui redonne espoir. "Il y a une véritable prise de conscience de l’importance de la préservation de notre capital forestier. La situation a véritablement changé, donc aujourd’hui je suis plutôt optimiste" conclut-il.