La France est le 4ème plus gros consommateur de saumon au monde, derrière le Japon, les Etats-Unis et la Russie. 4,2 kg par an et par Français en moyenne et la très grande majorité est importée. Peut-on raisonnablement continuer à en manger tout en préservant les écosystèmes marins ?
La meilleure chose à faire pour préserver les océans, c'est de commencer par arrêter de manger du saumon. Arrêter complètement... que ce soit du saumon d'élevage, sauvage, fumé, frais... C'est ce que dit Didier Gascuel, le directeur du pôle halieutique d'Agrocampus Rennes.
C'est pourtant, le poisson le plus consommé par les Français : en moyenne 4,2 kilos par an, selon pinkbombs.org. Ce chiffre est en augmentation, puisque les Français ne mangeaient que 3 kilos de saumon par an en 2016.
Et aujourd’hui, la capture de saumon sauvage est infime et 99,9% de la consommation mondiale provient d’élevages en cages marines ou à terre.
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Le saumon est carnivore
Didier Gascuel explique que le saumon est un carnivore. Il mange du poisson et des farines de poissons dans des fermes d'élevage. L'enquête Seastemik a calculé que pour nourrir et élever un seul saumon d’élevage, il faut pêcher jusqu’à 440 poissons sauvages. "Ces farines de poissons viennent notamment d’Afrique de l’Ouest et du Pérou", regrette le chercheur rennais et ces poissons transformés ne sont donc plus là pour l’économie locale.
Il y a des usines qui produisent des millions de tonnes de farines de poissons qui servent à nourrir le saumon d’élevage et non les populations. C'est le cas par exemple au Sénégal ou en Mauritanie.
Didier Gascuelprofesseur en écologie marine
L'essentiel de ce saumon d'élevage vient de Norvège et du Chili. Les deux seules exploitations françaises, situées à Cherbourg (Manche) et à Isigny-sur-Mer (Calvados), produisent à peine quelques centaines de tonnes de saumon.
Une mortalité très importante dans les bassins et les cages
C’est une autre réalité de l’élevage de saumon et un autre désastre écologique. Beaucoup de poissons meurent précocement avant d’arriver à maturité. Ils meurent de maladies infectieuses dans les bassins de maturation et les cages marines, de stress, lié à la densité d’occupation. Ils meurent aussi suite aux blessures occasionnées lors d'opérations visant à les débarrasser des poux de mer. La Norvège, premier pays producteur, a atteint en 2023 une mortalité record de 63 millions de saumons, soit 16,7 %. Par ailleurs, là où se trouvent les élevages, l’environnement est fortement pollué, estime Seastemik, car, en Norvège par exemple, l’élevage du saumon rejette autant que les "eaux usées d’environ 10 millions de personnes".
Didier Gascuel nous invite donc à ne pas acheter de saumon. Pourquoi ne pas déguster du maquereau ou une daurade pêchée à la ligne ? Question d'habitude...