Réforme des retraites. « Au bout d’un moment, le corps ne suit plus » alerte Christophe, salarié Michelin à Clermont-Ferrand

Alors que le gouvernement doit dévoiler son projet de réforme des retraites, selon un sondage, plus de deux tiers des Français sont défavorables au report à 64 ans. A Clermont-Ferrand, Christophe, salarié chez Michelin, en fait partie.

Le gouvernement s’apprête à dévoiler sa réforme des retraites mardi 10 janvier. Ulcérés par le report probable de l’âge de départ à la retraite, les syndicats sont déjà prêts à manifester. A Clermont-Ferrand, Christophe est salarié chez Michelin depuis 9 ans. Agé de 44 ans, ce père de deux enfants est farouchement opposé à cette réforme. Il a récemment pris sa carte à la CGT : « Je suis syndiqué depuis un an et demi, à cause de toutes ces réformes inacceptables ». Il travaille sur le site de Ladoux, sur un poste de "radio RX" : « Je fais des clichés radio de contrôle des pneus ». Christophe a débuté sa carrière jeune : « Avant de travailler chez Michelin, j’ai fait de l’intérim, j’ai connu pas mal de boulots, j’ai travaillé dans un bar-restaurant pendant quelques années. J’ai commencé à travailler à 17 ans, sans compter les petits boulots comme castrer les maïs. J’ai arrêté les études après mon CAP-BEP maintenance. A la base je venais du site Michelin de la Roche-sur-Yon. J’ai connu la fermeture du site. J’ai fait les 3-8, les 4-8, les 5-8. Maintenant, je fais les 1-8 du matin, c’est-à-dire que je commence à 5 heures et je finis à 13 heures ». Il explique toucher 1 500 euros net par mois.

"C'est un métier qui me plaît"

Le Bib est attaché à son travail : « C’est un métier qui me plaît. On apprend beaucoup de choses. A la base, j’étais à la maintenance, qui n’était pas mon métier : c’était moins passionnant. Depuis que je suis passé à la recherche, j’exerce un métier beaucoup plus diversifié. Je ne dirais pas que j’ai plaisir à aller travailler tous les matins. On est obligés ». Il estime faire un métier contraignant : « Les horaires sont ce qu’il y a de plus contraignant dans mon métier. A cela s’ajoute en manufacture la contrainte de tout le temps travailler physiquement. On travaille toujours avec nos mains. On a des postes qui sont aménagés, mais pas tous. Quand on a travaillé et qu’on a fait que de la main d’œuvre, on a le dos cassé, les bras cassés. Je ressens parfois des douleurs. Je connais des sciatiques, des tendinites. Au bout d’un moment, le corps ne suit plus. Faire les 3-8 n’aide pas non plus. Moralement, c’est de la pression constante. Il faut faire beaucoup de production. Quand je rentre chez moi, la sieste s’impose car je suis fatigué. Michelin veut qu’on fasse des séances de sport avant de démarrer et travaille sur l’ergonomie. Mais je pense qu’il y a encore beaucoup à faire ».

"Je ne suis pas d’accord à travailler 2 ou 3 ans de plus"

Christophe n’est pas d’accord avec le gouvernement au sujet de la réforme des retraites : « Je n’ai jamais trop regardé à quel âge je pourrai partir à la retraite. Je n’ai que 44 ans et il me reste encore quelques années à travailler. En ayant commencé à 17 ans, j’ai accumulé pas mal de trimestres. Avec la réforme, je ne suis pas d’accord à travailler 2 ou 3 ans de plus. On a été contraints pendant des années de travailler sur des horaires qui ne nous convenaient pas du tout et là, on demande à des anciens de continuer à travailler dans des circonstances assez pénibles. Ce n’est pas facile de travailler en 3-8 ou en 4-8. C’est illogique. Pourquoi taper sur les ouvriers ? La pénibilité à l’Assemblée n’est pas la même ». Il insiste : « Je ne me vois absolument pas travailler jusqu’à 63 ou 64 ans. Je préfèrerais vivre 3 ans dehors, tranquillement, à passer une retraite paisible. Rallonger l’âge de départ à la retraite ce sont des années de perdues ». Le salarié Michelin imagine sa nouvelle vie à la retraite : « A la retraite, je me vois faire un peu plus de voyages, si je suis mieux payé. Si la pension est plus grosse, je pourrai peut-être me faire plaisir. J’aimerais profiter de ma famille et ne plus penser au travail. Je connais des personnes parties à la retraite et qui profitent de leur nouvelle vie. Cela me fait envie. J’ai aussi connu une personne morte une semaine avant sa retraite et c’est choquant. J’aimerais bien partir à la retraite à 60 ans. On n’a pas une espérance de vie exceptionnelle. Travailler deux ans de plus n’est pas acceptable. Ca va être 3, 4, 5 ans de plus ensuite. On s’arrête où ? ». Le gouvernement souhaiterait permettre à ceux qui ont commencé à travailler jeune de partir plus tôt à la retraite. Le départ serait toujours anticipé de deux ans pour ceux qui ont validé cinq trimestres avant l'âge de 20 ans, et pourrait l'être de quatre ans pour ceux qui en ont accumulé dix.

Prêt à descendre dans la rue

La réforme des retraites est un sujet qui est sur toutes les lèvres en ce moment dans son service : « Avec mes collègues, on parle pas mal de la réforme des retraites. Eux aussi ils sont complètement contre ». Les syndicats sont dans les starting-blocks pour appeler à manifester. Un appel que Christophe entendra : « Si les syndicats le demandent, j’irai directement manifester. Il faut soutenir la grève. On ne peut pas laisser l’Etat faire cette réforme des retraites. Il faudrait peut-être déjà que les décideurs se mettent au niveau des salariés, pour voir comment ça se passe. En manifestant, j’espère faire bouger les choses ». Plus de deux tiers des Français (68%) sont défavorables au report à 64 ans, selon un sondage Ifop-Fiducial, de fin septembre 2022.

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