En attendant la nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites, les actions se poursuivent. Ce lundi 13 mars, la CGT Michelin organisait un barrage filtrant à Clermont-Ferrand, au niveau du site des Gravanches et de Chantemerle, avec l’objectif d’empêcher l’entrée ou la sortie des camions.
La grève contre la réforme des retraites se poursuit. Devant les locaux de Michelin à Clermont-Ferrand, à l’intérieur d’un camion, de la marchandise que son chauffeur doit livrer, ce lundi 13 mars. Mais il ne peut pas passer, en raison de barrages mis en place par des salariés de Michelin. Après un échange tendu, le conducteur comprend qu’il va devoir patienter : "Pour l'instant, ils vont seulement me retarder, mais si je reste là tout la journée, ça va me rajouter du travail demain. J'aurais 2 journées à faire en une. Comme d'habitude, ce sont les mêmes qui vont trinquer !" D'autres chauffeurs soutiennent le mouvement : "Je suis tout à fait d'accord avec eux. Il n'y a que comme ça que ça bougera. Si on ne bloque pas, l'Etat ne nous écoute pas."
La CGT Michelin a mis en place un barrage filtrant devant les sites des Gravanches et de Chantemerle : « Aujourd’hui, l’objectif est de pénaliser le capital et Michelin, qui reste l’une des grandes entreprises de la région. L’objectif est qu’il n’y ait pas de pneu qui sorte du site de Chantemerle, le magasin logistique. C’est de là que sortent tous les pneus qui vont ensuite aller chez les fournisseurs. A côté, c’est le site des Gravanches. On va pénaliser aussi le site des Gravanches en empêchant les camions de livrer la gomme », explique Romain Baciak, secrétaire général de la CGT Michelin.
"Taper sur le capital"
Alors que la semaine s’annonce décisive, la CGT, soutenue par Force Ouvrière notamment, tente une nouvelle démonstration de force : « Marcher dans la rue, faire le nombre, c’est bien, mais on se rend compte que pour que Macron retire cette réforme, il faut taper sur le capital. On sait très bien que ce sont les grandes entreprises qui dirigent le pays. On espère que Michelin, si les mouvements se durcissent un peu, demandera à Macron de retirer la réforme », indique Romain Baciak.
Augmenter les salaires
Dans son viseur l’un des fleurons de l’industrie française : Michelin, car la réforme des retraites est associée à un malaise plus profond, selon Zya Yilmaz, délégué syndical CGT Michelin : « On attend une reconnaissance. Le plus bas salaire chez Michelin est à peu près à 1 centime au-dessus du SMIC. On veut un peu de reconnaissance et de dignité. On veut toucher la part qui nous revient des dividendes versés aux actionnaires. Il est temps. » Alors que l’inflation continue d’augmenter, ces salariés de Michelin demandent aussi une hausse des salaires.
Une porte-parole du groupe Michelin indique : “Sur la question de l'inflation, nous avons eu une négociation annuelle. Nous nous sommes efforcés de favoriser les plus bas salaires, et c'est déjà ce qu'on avait fait l'année dernière. On va également verser une prime. Est-ce que ça couvre totalement les effets de l'inflation sur les plus bas niveaux de rémunération ? Peut-être pas tout à fait. Les dépenses incontournables pèsent davantage sur les petits salaires mais nous avons tenté de définir un montant d'augmentation qui tient compte du niveau de l'inflation.” En 2023, le groupe annonce près de 5% d'augmentation, versés dès le mois de février. “D'habitude, on la verse à partir du mois de mai”, précise la porte-parole. Tous les salariés, y compris les CDD et les alternants, qui perçoivent une rémunération inférieure à 50 000€ annuels toucheront également une prime de 700€.
La porte-parole précise que les coûts de production en France entrent également en ligne de compte : “Des hausses de salaires non-maîtrisées pourrait affecter compétitivité des sites français pourrait être menacée. On est dans des équilibres qui sont assez compliqués pour l'instant. La politique qu'on a opérée depuis l'année dernière, c'est de répercuter en partie la hausse des salaires et du coût de l'énergie sur le prix des pneus mais on sait que ça a une limite.” La question des dividendes est également abordée : “On a aussi besoin de nos actionnaires. Si on n’a plus d'actionnaires, on n'a plus d'investissement non plus. Ce sont des questions qui sont examinées très sérieusement. “
Michelin étudie également la manière d’aborder l'allongement des carrières, en cas de réforme : “On a une gestion des secondes parties de carrière qui s'appuie globalement sur moins de pénibilité dans les usines, avec l'automatisation. On a un gros programme d'automatisation qui rend le travail beaucoup moins pénible et beaucoup plus ergonome. C'est une piste qui va être beaucoup développée en France grâce à des investissements d'automatisation extrêmement importants.” “On a une clause de revoyure. Au mois de juin ou juillet, on va avoir de nouvelles discussions pour savoir s'il ne faut pas faire un geste supplémentaire.” La porte-parole indique qu’une clause de revoyure pourra être activée si nécessaire.
-Propos recueillis par Camille Da Silva, France 3 Auvergne