Rencontre avec un chasseur d’orages : "C’est l’esthétisme que je recherche et l’adrénaline que cela peut procurer"

Depuis qu’il est tout petit, Alexis Linant est passionné par les orages. Ce photographe s’est même exilé en Auvergne afin de mieux les traquer. Rencontre avec un chasseur d’orages qui s’enflamme au moindre éclair.

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Il traque la photo parfaite. Alexis Linant, photographe basé à Champeix, dans le Puy-de-Dôme, est un chasseur d’orages. Il a quitté sa Normandie natale pour l’Auvergne en novembre dernier. Agé de 29 ans, il se passionne depuis son plus jeune âge pour les orages en particulier : « Je recherche tout ce qui est en rapport avec la météo, comme les orages, les tempêtes, la neige. Depuis que je suis petit, ça m’intéresse. A l’époque, il n’y avait pas encore Internet donc c’était assez compliqué pour se documenter. Vers 2006, j’ai eu l’occasion d’avoir un ordinateur avec Internet et j’ai regardé si je n’étais pas le seul à être passionné par les orages. J’ai pu rencontrer plein de monde avec cela et cela m’a permis d’approfondir encore plus ma passion ».

Un orage qui a tout fait basculer

Alexis se souvient avec émotion d’un orage qui a tout changé : « En juillet 2006, j’avais 13 ans. Il y avait des orages violents en Normandie, au nord de Rouen, après une canicule. C’est l’esthétisme de l’orage qui était intéressant. Il y avait de la foudre.  C’est à partir de ce moment-là que j’ai compris que les orages étaient vraiment une passion ».

La traque de la photo parfaite nécessite un minimum d’organisation et de matériel : « On a des radars météo sur divers sites. Avec cela, on sait leur position, même s’ils évoluent beaucoup et parfois, ce n’est pas simple du tout. On a aussi des modèles météo pour prévoir la localisation des orages ». Alexis est prêt à aller loin pour prendre le meilleur cliché : « Tout dépend du potentiel. S’il s’agit d’orages comme on peut en avoir comme actuellement, en général je ne dépasse pas les 200 km. Mais pour de grosses situations qui sont vraiment intéressantes, cela peut aller jusqu’à 500 à 600 km ».

Trouver la position idéale

Le photographe explique comment il choisit sa position : « J’essaie d’être assez proche de l’orage et en même temps, de ne pas l’être trop pour éviter le danger. Il faut faire attention avec la foudre. Le mieux est d’être à 1 voire 2 km maximum ( même si de plus loin, un orage peut être très esthétique voir plus parfois selon les conditions !) et essayer de ne pas être sous la pluie, si on a de la chance. Il faut être mobile pour bien suivre l’orage. Il faut essayer d’éviter la grêle ». Alexis souligne ce qui le fait vibrer : « C’est l’esthétisme que je recherche et l’adrénaline que cela peut procurer. C’est vraiment quelque chose à vivre. Ce ne sont pas de simples nuages qui donnent des éclairs : c’est bien plus complexe et bien plus intéressant ».

"La prise de risque est mesurée"

Cependant, il rappelle qu’il doit être prudent face aux dangers de l’orage : « La prise de risque est mesurée mais parfois, on peut avoir de la foudre qui s’abat assez proche alors que l’orage est à une dizaine de kilomètres. Là, cela devient plus compliqué ». Le chasseur d’images fait appel à des logiciels de retouche mais il essaie d’être le plus fidèle possible au spectacle qu’il a pu contempler : « J’ai un appareil photo Sony A 7 III qui est réputé pour diminuer le contraste. Il y a beaucoup de post-production pour faire ressentir ce que j’ai pu vivre, sans en abuser. On essaie de rendre la lumière au mieux et pour que cela reste au minimum concret ». Il poursuit : « En Auvergne, je connais d’autres chasseurs d’orages. Ils ne sont pas forcément d’ici car l’Auvergne est réputée pour ses orages. C’est un peu le Graal français, avec la Côte d’Azur. Il y a des chasseurs d’orages qui sont capables de faire de nombreux kilomètres pour une bonne situation. En Auvergne, il y a une partie importante d’orages liés au relief, aux montagnes. Il y a des caractéristiques qui favorisent les orages ».

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Un mélange d'excitation et de stress

Alexis ne vit pas uniquement de sa passion pour les orages : « Je couvre des mariages, je réalise des portraits afin d’en vivre. Je ne vis pas de la vente des photos d’orages ou météo : il s’agit de ma passion mais je propose mes clichés à la vente si les gens souhaitent en acquérir et avoir une petite déco dans leur maison. Je vis des photos que je peux faire lors des mariages, portraits, mises en valeur des biens des gens ». Il évoque une photo en particulier dont il peut s’enorgueillir : « Je suis assez fier d’une photo prise l’année dernière sur la Côte d’Azur. C’est presque un rêve d’avoir réussi à vivre cela et de l’avoir immortalisé ».

Il détaille ce qu’il ressent lorsqu’il est prêt à débusquer un orage : « Je ressens à la fois de l’excitation et beaucoup de stress. Ce n’est pas simple de bien se placer. Si sur les radars on a un bel orage situé à 30 km, on peut arriver à 5 minutes de la position et voir que l’orage faiblit. Cela ne présente pas du tout d’intérêt. Quand les conditions sont réunies, on passe un très bon moment. C’est une passion peu commune même si elle devient de plus en plus connue. Beaucoup commencent à s’y intéresser ». Alexis définit l’orage parfait : « Un bel orage est assez proche de ma position, avec de la foudre ramifiée. Le côté esthétique compte beaucoup. C’est le top ». En ce moins de juin, Alexis est sur le qui-vive, prêt à partir le plus rapidement possible à la recherche de l’orage de ses rêves.

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