Santé : 3 choses à savoir sur les troubles bipolaires

Méconnus et encore difficiles à accepter : les troubles bipolaires caractérisent des variations cycliques de l’humeur, alternant phases de dépression et d’exaltation. Médecin psychiatre au CHU de Clermont-Ferrand, Ludovic Samalin nous en dit plus.
 

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Entre 1 à 3% de la population mondiale en est atteinte, selon les définitions. On parle de plus en plus des troubles bipolaires ces dernières années, plutôt que de « psychose maniaco-dépressive », la dénomination scientifique traditionnelle. Le docteur Ludovic Samalin, médecin psychiatre et enseignant-chercheur au CHU de Clermont-Ferrand travaille sur les troubles bipolaires au sein du centre FondaMental, structure dédiée qui accueille les patients concernés par cette pathologie, en lien avec les médecins et les psychiatres. En un an, le centre a réalisé une cinquantaine de bilans et reçu près d’une centaine de patients. 
 

  • Qu’est-ce qu'on entend par "bipolarité" ?

Docteur Ludovic Samalin : En tant que médecin, je parle plutôt de « troubles bipolaires ». On est pas bipolaire, par contre on vit avec des troubles bipolaires ou on en souffre. Ces troubles ont une particularité : on alterne épisodes dépressifs, avec des phases d’excitation psychique et motrice (euphorie, irritabilité, pic d’énergie…). Chacune de ces 2 types de phases peut durer plusieurs heures, une journée, plusieurs semaines voire plusieurs années : c'est une sorte de dépression en miroir. Chaque patient vit avec un trouble bipolaire différent, avec une évolution propre à chacun. Mais ces troubles ont un fort retentissement et provoquent de vives souffrances, lorsque les phases sont rapprochées, ce qui rend difficile les relations au travail ou même dans son cercle familial.
  • Quels sont les signes d’une telle pathologie ?

L.S : Elle est souvent difficile à diagnostiquer, le diagnostic présente un retard de 5 à 7 ans en moyenne par rapport au déclenchement des troubles. En général, les premiers signes apparaissent entre 15 et 35 ans, pendant le parcours scolaire ou dans la vie sociale et familiale. Le plus souvent, l’individu présente un impact métabolique plus élevé (grande perte ou prise de poids) et souffre des conséquences d'un comportement jugé excessif : attitude intrusive ou familière avec des inconnus, excès de vitesse ou de substances addictives... Par ailleurs, les risques psychiques et physiologiques sont accrus : une femme atteinte de bipolarité sur deux fait une dépression post-partum (ou "baby blues"), un malade sur deux effectuera une tentative de suicide au cours de sa vie.
 
  • Peut-on vivre normalement en étant atteint de troubles bipolaires ?

L.S : On peut tout à fait envisager de retrouver des phases de normalité, être intégré, travailler, avoir une vie de famille. Parmi, les patients atteints de troubles bipolaires, 30% rencontrent des difficultés d’insertion sociale, mais les deux tiers parviennent à s’intégrer relativement normalement. Au sein de notre centre par exemple, on s’efforce de stabiliser ces troubles et de proposer un soutien adapté pour les patients : cela peut passer par une psychothérapie, un accompagnement social, des traitements médicamenteux…



On ne "guérit" pas à proprement parler des troubles bipolaires, les médecins parlent plutôt de "stabilisation" des troubles par un suivi régulier. Les facteurs sont multiples, mais des recherches montrent qu'il existe une vulnérabilité génétique : il est préconisé pour les personnes atteintes de troubles bipolaires de faire diagnostiquer leurs enfants par précaution.

Des chercheurs en psychiatrie travaillent sur un outil numérique qui pourrait prévenir le déclenchement de phases bipolaires et identifier l'excitation ou la dépression, mais ce qui n'est pas sans poser de question éthique.

 
Une rencontre pour en savoir plus sur les troubles bipolaires à Clermont-Ferrand
Le 29 mars 2019, une conférence-débat portera sur les troubles bipolaires à l’auditorium de la Faculté de médecine de l'Université Clermont Auvergne.
Les experts aborderont la bipolarité, des situations vécues et les interventions possibles pour surmonter ces troubles.
Lieu : 28 place Henri Dunant à Clermont-Ferrand - 18 heures (entrée libre)
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