Un groupement d'associations plaide pour l'interdiction de la baignade dans le plan d'eau de Rumilly, en Haute-Savoie. Des traces de PFAS y avaient été retrouvées en 2022. Alors qu'une nouvelle étude démontre que certains de ces polluants peuvent pénétrer dans la peau par simple contact, les associations demandent l'application du principe de précaution.
Avec ses eaux transparentes et son calme absolu, le plan d’eau des Pérouses à Rumilly (Haute-Savoie) a tout d’une parfaite carte postale. Mais de nombreux habitants de la région se méfient de la pollution aux PFAS, dits polluants éternels.
"On fait attention, surtout pour la baignade des enfants et au chien, pour ne pas qu'il boive dans l'étang. Donc on va plus loin, côté Chéran", explique une promeneuse. Des PFAS avaient été détectés dans l’eau potable de la commune haut-savoyarde en août 2022, conduisant à la fermeture des captages pollués.
Quasi-indestructibles, les substances per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS, massivement utilisées dans l'industrie, s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture et jusqu'au corps humain, d'où leur surnom de polluants "éternels".
D'importantes quantités de PFOA, la molécule perfluorée considérée comme la plus dangereuse, avaient notamment été détectées dans l'eau courante à Rumilly et dans le sang d'un panel d'habitants de la commune. Mais aussi dans le plan d'eau des Pérouses où la même molécule avait été retrouvée avec une concentration moyenne de 220 ng/l après des prélèvements menés en mars 2022, selon l'Agence régionale de santé (ARS).
Autour du plan d’eau des Pérouses, ces études restent dans les esprits. Si certains se baignent sans trop de préoccupation, d’autres adoptent quelques réflexes de prudence. "Je prends toujours ma douche en sortant et je n'y vais pas non plus 22 fois. (...) Quand je suis ici, je me laisse tenter. En plus, on est tranquille, il n'y a personne. C'est dur de rester sur le bord et juste regarder l'eau", concède une habitante.
Fermer le plan d'eau par "principe de précaution" ?
Une nouvelle étude, publiée en juin dernier dans la revue Environment International, révèle que 15 PFAS sur les 17 polluants testés peuvent pénétrer dans la peau ainsi que dans les vaisseaux sanguins après un simple contact. Des traces ont été observées dans l'organisme des sujets plusieurs jours après leur exposition.
Le Groupement d’associations mobilisées pour la préservation des milieux aquatiques et de la ressource en eau (Gammare74), qui regroupe plusieurs associations environnementales, demande donc la fermeture du plan d’eau de Rumilly par principe de précaution.
"Cette étude renforce notre position. Initialement, on parlait de principe de précaution sans avoir d'éléments. On estime maintenant que la mairie doit interdire la baignade et a minima publier les résultats de l'étude, informer les gens qui se baignent pour qu'ils soient conscients de ça", défend Virgile Benoît, co-président de l'association Agir ensemble pour Rumilly et l’Albanais (Aera), membre du Gammare74.
"Si (les PFAS) passent aussi par la peau, ajoute-t-il, cela rajoute un risque de contamination, notamment pour les enfants en bas âge." A ce jour, le plan d’eau est toujours autorisé à la baignade. Sollicitée par France 3 Alpes, la mairie de Rumilly n’a pas donné suite à nos demandes d'interview.