L’endométriose pariétale touche majoritairement les femmes ayant bénéficié d’une chirurgie et notamment une césarienne. Elle peut créer des douleurs au niveau des cicatrices. Pour soigner cette maladie, les médecins ont recours le plus souvent à un geste chirurgical. Mais depuis peu, le CHU de Clermont-Ferrand pratique la cryothérapie, une technique mini-invasive prometteuse.
C’est une maladie encore méconnue et pour laquelle on a du mal à évaluer le nombre de femmes qui en souffrent. Des cellules de l’endomètre (muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus) se mettent dans la paroi abdominale, (dans le muscle, dans l’aponévrose, en sous-cutané). Ce nodule provoque des douleurs « cycliques » : ces douleurs sont liées aux règles. Le Dr Benoît Chauveau, radiologue au CHU de Clermont-Ferrand, explique : « Quand on sort l’enfant, des cellules endométriales vont se déposer dans le muscle et la paroi. Ces cellules devraient réussir à être éliminées mais parfois elles ne le sont pas. Elles continuent de grandir comme si elles estimaient qu’elles étaient dans l’utérus alors qu’elles ne sont pas au bon endroit. A chaque cycle, les lésions peuvent être douloureuses de façon permanente, même si certaines femmes n’ont aucune douleur. Il faut traiter cela parce que cela peut dégénérer en cancer ». Les symptômes sont des douleurs cycliques au niveau d’une cicatrice, un ou des nodules palpables, ou des saignements de la zone cicatricielle. Pour lutter contre cette endométriose pariétale, on a deux solutions : la chirurgie ou la cryothérapie. Cette dernière technique est pratiquée au CHU de Clermont-Ferrand depuis peu : « On réalise des cryothérapies chez nous depuis avril dernier : c’est une technique qui a été développée depuis deux ans. Les premières études sont sorties en mars et c’est pour cette raison que nous avons attendu. La cryothérapie existe depuis longtemps pour traiter les cancers du rein, du sein et pulmonaires. Il s’agit d’une brûlure par le froid des cellules de l’endomètre qui sont dans la paroi ».
Un traitement rapide
L’intervention dure 1 heure à 1h30 environ. Pour se débarrasser du nodule, le traitement dit « mini-invasif » consiste à utiliser un gaz réfrigérant pour refroidir l’aiguille insérée dans le nodule : à -40° C, un glaçon apparaît et prend place dans la grosseur. Suite à l’intervention, une fibrose se forme, et se résorbe par la suite. L’intervention chirurgicale est plus longue et plus contraignante mais reste parfois nécessaire. Elle n’est plus la solution privilégiée : « La chirurgie essaie de reprendre la cicatrice de la césarienne alors qu’avec la cryothérapie, on va juste placer une aiguille. La patiente repart avec un pansement et c’est tout. L’intervention se fait dans la journée. Les patientes ont une semaine d’arrêt de travail maximum. En chirurgie, la patiente doit être hospitalisée et 3 à 4 semaines d’arrêt de travail sont souvent nécessaires. Suivant la taille du nodule, les chirurgiens vont parfois devoir enlever une partie du muscle et de l’aponévrose de la paroi en essayant de diminuer au maximum le risque de fragilité secondaire. Avec la cryothérapie, le processus est plus léger et la récupération plus rapide ».
"Une nouvelle alternative"
Pour le Dr Chauveau, la cryothérapie constitue un traitement novateur : « La cryothérapie n’était pas utilisée pour cette pathologie-là. On dispose d’une nouvelle alternative. On travaille en collaboration avec les gynécologues. Ils voient les patientes puis, lors d’une réunion pluridisciplinaire, on discute du traitement puis on propose soit la chirurgie soit la cryothérapie ». La cryothérapie se révèle bien souvent efficace : « On revoit les patientes un mois après l’intervention. Puis elles ont une IRM de contrôle à trois mois et à un an. On estime que la douleur va disparaître dans le mois. Souvent, elle disparaît même en 10 à 15 jours ».
Le CHU de Clermont-Ferrand à la pointe
En France, le CHU de Clermont-Ferrand est l’un des pionniers pour utiliser la cryothérapie pour soigner l’endométriose pariétale : « Il y a assez peu de centres en France qui font cette technique. On est les premiers à le faire en Auvergne-Rhône-Alpes. On a déjà traité une douzaine de patientes, ce qui correspond à ce qu’on faisait en chirurgie sur les dernières années. Paris, Valenciennes et Strasbourg pratiquent cette technique. On doit être le quatrième centre à l’utiliser. Cette réussite est aussi due à un travail d’équipe avant tout ». Cette cryothérapie s’inscrit dans une prise en charge multidisciplinaire impliquant chirurgien gynécologue et digestif, spécialiste de l’aide médico-psychologique, de la douleur, radiologue, sexologue. Le CHU Estaing bénéficie d’une expertise reconnue au niveau national et international pour la prise en charge de l’endométriose.