Cette université propose le congé menstruel étudiant, "une avancée considérable"

Comme une dizaine d'autres sites en France, l'Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) met en place un congé pour les étudiantes souffrant de règles invalidantes ou d'endométriose. La procédure est simplifiée et ne nécessite que l'envoi d'un simple mail.

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La mesure, très attendue, a été votée ce mardi 28 janvier en Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU). L'Université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) instaure un congé menstruel étudiant. Concrètement, les étudiantes menstruées peuvent bénéficier de dix jours de congé en cas de règles douloureuses, à raison de deux jours maximum par mois, sans avoir à fournir de justificatif d'absence. 

Dans un communiqué, l'URCA explique que "les étudiants souhaitant activer leur congé menstruel devront simplement envoyer un mail à leur scolarité. Ce congé est considéré comme une absence justifiée, tant pour le contrôle de l’assiduité que pour le contrôle continu, à l’exception des examens terminaux. Si un justificatif médical est fourni, l’absence sera traitée dans un autre cadre administratif que celui du congé menstruel." 

Une mesure très attendue par les associations étudiantes

"L’objectif du congé menstruel est surtout de reconnaître les effets invalidants provoqués par les règles et de permettre aux étudiants de ne pas compromettre leur réussite universitaire" précise Christophe Clément, président de l’URCA. Du côté des étudiants, la mesure était très attendue. "Les règles invalidantes peuvent entraîner des crampes, des vomissements, des étourdissements ou une fatigue extrême. Cela peut fortement altérer la concentration et rendre difficile le suivi ou la présence en cours. Il est aujourd’hui essentiel de prendre en compte ces difficultés" explique Anaël Beutin, vice-président étudiant et porteur du projet devant la CFVU. 

"C'est une mesure que nous avons portée en tant qu'étudiants, elle était dans notre programme, on est très content que ça entre en vigueur. Notamment pour les étudiants des sites décentralisés, comme Charleville ou Chaumont, situés dans des déserts médicaux. Le congé permettra d'avoir plus de temps pour poser un diagnostic et bénéficier d'un suivi médical. On est content de se sentir soutenu par la présidence sur des sujets aussi préoccupants. Cette mesure permet une meilleure égalité des chances entre hommes et femmes."

Souffrir pendant la période menstruelle au point de ne pas être en mesure de mener ses activités habituelles est anormal

Service de santé étudiante (SSE) de l'URCA

D'autres universités proposent déjà ce congé menstruel. C'est le cas notamment de Bordeaux-Montaigne (Gironde), Paris-Est Créteil (Val-de-Marne), Angers (Maine-et-Loire) ou encore Clermont-Auvergne (Puy-de-Dôme). Pour mettre en place son congé menstruel étudiant, l'URCA en a contacté certaines d'entre elles. "Elles nous ont expliqué comment fonctionnait leur dispositif et nous ont indiqué qu'il y avait très peu d'abus", explique l'université rémoise. 

Encore aujourd'hui, une amie nous a expliqué que sa petite sœur n'a pas pu se rendre à l'université parce qu'elle était clouée au lit depuis deux jours.

Léa, étudiante à l'URCA

Mais le congé menstruel ne doit surtout pas se substituer à un suivi médical. "Souffrir pendant la période menstruelle au point de ne pas être en mesure de mener ses activités habituelles est anormal : un bilan médical et des solutions de traitement doivent être proposés. Un médecin traitant, un gynécologue, une sage-femme ou un professionnel du SSE (Service de Santé Etudiante) doit être consulté", avertit le SSE de l'URCA. 

L'Uuniversité de Reims Champagne-Ardenne a voté la mesure ce mercredi 28 janvier. Elle entre en vigueur imméditament. © Paul-Antoine Boudet, France Télévisions

Contactée par France 3 Champagne-Ardenne, Léa, étudiante de 21 ans en master d'économie de la santé et de la protection sociale à l'URCA, loue "une avancée considérable pour toutes les étudiantes. Je pense que ça va faire un bien fou. En plus, on n'est pas obligé de justifier, y a pas ce contrôle. Parfois, des étudiantes se confrontent à des professeurs hommes et peuvent se sentir stigmatisées. Il peut y avoir des jours où moi-même, je suis restée clouée au lit. Pas sur les jours de cours, Dieu merci, mais grâce à ça, je me sens couverte si un jour, ça m'arrive. Désormais, il n'y a plus de peur de stigmatisation. Encore aujourd'hui, une amie nous a expliqué que sa petite sœur n'a pas pu se rendre à l'université parce qu'elle était clouée au lit depuis deux jours."

Une mesure qui fait l'unanimité

Une satisfaction partagée par son amie Lou-Marie, 21 ans elle aussi, à condition que les médecins jouent aussi le jeu: "C'était une annonce inattendue. Y avait eu des retours et de professeurs et d'étudiantes qui rencontraient des difficultés pour se rendre en cours en période menstruelle. Les étudiantes vont se sentir légitimes de bénéficier de ce congé. Des douleurs excessives pendant sa période menstruelle au point de ne pas pouvoir se lever et se rendre en cours sont anormales. Il serait donc bien que cela pousse les étudiantes concernées à consulter. Mais il faut aussi qu'en face, la médecine étudiante et le corps médical de manière générale soient d'accord avec ces demandes parce qu'on a pu constater par notre propre expérience que parfois c'était un peu compliqué et qu'il y avait des limites et des difficultés qui se posaient des deux côtés."

La mesure proposée par l'URCA entre en vigueur dès aujourd'hui.

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