"C'est une avancée énorme" : cette université instaure des congés menstruels pour ses étudiantes

L'Université Clermont Auvergne vient d'instaurer les congés menstruels et cela va changer la vie de ses étudiantes. Celles dans l'incapacité d'assister aux cours en raison de règles trop douloureuses n'auront plus à craindre d'être recalées à leurs examens ni de se faire supprimer leurs bourses.

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Ce sont des crampes qui vous clouent au lit pendant plusieurs jours. Parfois, elles causent des nausées ou des malaises. Localisée dans le bas ventre, la douleur peut irradier jusque dans le dos et les cuisses. Les troubles liés au cycle menstruel concerneraient 40 % des femmes réglées de 18 à 48 ans, d'après une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm)

Jusqu'à 10 jours d'absence autorisés

Longtemps considéré comme tabou, le sujet est de plus en plus pris au sérieux. Depuis la rentrée 2024, l'Université Clermont Auvergne (UCA) a mis en place un système de "crédit-jours pour troubles menstruels". Sur le même principe que les congés menstruels instaurés dans les entreprises, les hommes transgenres et femmes inscrits en tant qu'étudiant au sein de l'UCA pourront désormais être dispensés de cours lorsque leurs douleurs de règles seront trop importantes. 

Avant, les étudiantes qui souffraient trop pour assister aux cours étaient obligées de les sécher. Elles avaient donc des absences injustifiées qui mettaient en péril leurs études et leurs diplômes.

Eva Schindler

Présidente de la Fédération Étudiante d'Auvergne (FedEA)

La mesure a été portée par la Fédération Étudiante d'Auvergne (FedEA), qui regroupe tous les collectifs étudiants de la région et travaille à améliorer les conditions de vie sur le campus. "Nos étudiants-élus ont porté cette motion devant la présidence de l'université en avril. C'est un sujet d'actualité, on ne pouvait pas passer à côté. D'autant que des étudiants nous avaient fait remonter les difficultés qu'ils rencontraient à cause de ces troubles. C'était beaucoup de stress à chaque fois de devoir l'expliquer aux enseignants", explique Eva Schindler, la présidente de la FedEA. 

"Ne pas encombrer la médecine de ville" 

À l'université, le principe est simple. Un étudiant absent parce qu'il est malade doit fournir un certificat médical et, de façon générale, toute absence doit être justifiée. Dans le cas contraire, les étudiants peuvent être déclarés "défaillants" et se voir retirer les bourses qui leur permettent de financer leurs études. Ils s'exposent aussi à ne pas recevoir de note dans la matière qu'ils auront manquée et filer tout droit aux rattrapages. 

Nous avons conscience qu'il peut être compliqué d'obtenir un certificat médical. Les petites maladies qui sont passagères ou les troubles menstruels, qui reviennent tous les mois, ne nécessitent pas forcément d'aller encombrer la médecine de ville.

Françoise Peyrard

Vice-présidente de l'Université Clermont Auvergne

Les étudiants ont jusqu'à la fin du mois d'octobre pour se déclarer. Près de 200 se sont déjà inscrits depuis la rentrée. Lorsqu'ils seront indisposés, ils n'auront qu'à le signaler sur leur espace numérique. La procédure est simple et concerne autant le campus clermontois que ses antennes à Montluçon, Vichy, Moulins, Aurillac et au Puy-en-Velay. Les étudiants sont prêts à jouer le jeu. "C'est une avancée énorme. On n'a aucune raison de tricher ou de l'utiliser pour sécher les cours !", assure Eva Schindler, dont la fédération étudiante tient également une épicerie solidaire à l'université où sont distribuées gratuitement des protections périodiques. 

Consultation avec le service santé de l'université

Une limite de 10 jours d'absence pour troubles menstruels par an a été déterminée par la direction de l'Université Clermont Auvergne. Autre modalité fixée : la participation à un rendez-vous avec le service santé de l'université. Loin de vouloir surveiller les élèves, cette consultation a pour but de mieux les accompagner. "Ce dispositif repose sur la confiance. On voulait aussi qu'il puisse être un moyen pour eux de s'informer sur leurs symptômes et les pistes de soins. Tout ce qui peut faciliter la réussite de leurs études nous semble important", appuie Françoise Peyrard. Les troubles peuvent être annonciateurs des pathologies plus lourdes comme le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ou de l'endométriose qui concerne environ 1 femme sur 10.

La fac auvergnate n'est pas la seule à avoir franchi cette étape importante pour le bien-être des étudiants. Depuis la rentrée 2024, la Sorbonne Nouvelle, l'Université de Bordeaux, mais aussi celle de Toulouse proposent le même dispositif. Les conditions d'accès varient selon les établissements, par exemple certaines ont décidé de ne pas limiter le nombre de jours par an. L'Université Clermont Auvergne réfléchit maintenant à l'étendre à l'ensemble de son personnel. 

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