Santé : le surpoids et l'obésité liés à la crise "n'épargnent aucun pays" d'Europe

Le dernier rapport de l’OMS, publié ce mardi 3 mai, alerte sur une "épidémie" de surpoids et d’obésité en Europe. Elle a été accentuée avec la crise sanitaire qui a entraîné de nombreux confinements. L’étude indique qu’il y a 60% des adultes européens dans l’une de ces deux situations, et près d’un enfant sur trois.

"Il n’y a pas un seul pays qui est épargné." Ce sont les mots forts de Martine Duclos,  chef du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand. Il y a un an, avec l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS), elle avait démontré les conséquences de ces changements brutaux sur la sédentarité des Français.

"On avait apprécié les effets du confinement sur les enfants. Sur les capacités physiques et sur les capacités intellectuelles […] On avait montré que cette année de confinement avait induit une diminution des capacités physiques de 25%.  En un an, ils avaient perdu ce qu’on avait perdu en 30 ans", par rapport à d’autres études à l’échelle mondiale.

Moins d'activités physiques et plus de temps assis, "deux facteurs qui favorisent la prise de poids"

Le rapport de l’OMS, tombé ce mardi 3 mai, fait écho à ce premier constat. "C’est vraiment une diffusion dans tous les pays européens et de façon extrêmement importante", déplore Martine Duclos.

Ce phénomène exponentiel s’explique essentiellement par la diminution de l’activité physique, que ce soit pour l’adulte ou pour l’enfant. "Pendant le premier confinement, on ne pouvait sortir qu’une heure par jour. Et comme le travail, on le faisait à la maison, on était encore plus assis." Moins d’activités physiques et plus de temps assis "sont deux facteurs qui favorisent la prise de poids" insiste Martine Duclos. Pour rappel, on parle de surpoids, quand l’IMC est supérieur à 25, et d’obésité quand ce dernier est supérieur à 30.

L'augmentation du grignotage est l'autre conséquence de ces confinements et du télétravail. "Il y a des tas de stimuli qui font qu’il est extrêmement facile de manger" souligne la chef du service de médecine du sport du CHU de Clermont-Ferrand. "C’est aussi un bon moyen de diminuer le stress de façon aiguë". Seulement, les effets sont ressentis par la prise de poids.

Les enfants les plus touchés par ce phénomène

Comme le rapporte l’OMS, les enfants sont particulièrement touchés par cette augmentation de surpoids et d’obésité. "Quand il y a eu le confinement,  il y a eu beaucoup d’école à domicile. De ce fait, ils n’avaient pas de sport. Ils n’ont pas pu reprendre les activités sportives à l’extérieur, et encore moins à l’intérieur pendant longtemps. Tout ça cumulé fait que la prise de poids a été plus importante chez les enfants" explique Martine Duclos.

Comme chez les adultes, l’obésité est un facteur de risques chez l’enfant, liés à des troubles métaboliques, des problèmes cardio-vasculaires, et à une diminution du quotient intellectuel. "Tout ça est réversible s’ils reviennent rapidement à un poids normal" tient à rassurer la directrice de l'ONAPS.

On a des outils, mais on manque de coordination entre les différents acteurs.

Martine Duclos - chef du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand

Pour contrer cette "épidémie", plusieurs moyens existent. Le premier est d'avoir une alimentation équilibrée, faire sa propre cuisine. Deuxièmement, pratiquer une activité physique régulière et diminuer son temps passé assis. "Lorsqu’on est souvent assis au travail, le conseil est de se lever toutes les heures, et de bouger pendant une minute ou deux" indique Martine Duclos. Et troisièmement, diminuer les temps d'écran. Ce sont "les règles générales".

Elle exprime surtout l'importance de la prise en charge précoce sur le long terme. "Il faut qu'il y ait plus de dépistage à l'école, de prise en charge des enfants, de la famille, des étudiants, et des personnes âgées. Il faut qu'il y ait vraiment une prise en charge coordonnée parce que c'est vraiment multidisciplinaire. C'est l'activité physique, c'est la nutrition, c'est aussi la prise en charge des problèmes psychologiques qui vont avec. On a des outils, mais on manque de coordination entre les différents acteurs."

Tous les moyens pour diminuer cette courbe ascendante sont donc connus. Il ne reste plus qu'à les appliquer. 

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