Confinement : une étude menée à Clermont-Ferrand montre que l'on peut être sportif et sédentaire

Pendant le confinement, les Français ont été trop souvent assis. Une étude nationale menée à Clermont-Ferrand pointe les dangers de la sédentarité pendant cette période. Ils auraient été victimes du syndrome de la chaise, car leur temps passé assis a augmenté de 60 %. 
 

Durant le confinement lié au coronavirus, des chercheurs de l’Onaps, l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité, ont mené une étude. Martine Duclos est chef du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand et directrice de l’Onaps. L’étude révèle, sans véritable surprise, que les Français ont passé beaucoup trop de temps assis.

Pas moins de 24 300 réponses

Elle explique : « On avait 4 catégories d’âges : les enfants de 6 à 10 ans, les adolescents, les adultes et les seniors. On a reçu 24 300 réponses utilisables à partir d’un questionnaire et on est en train d’analyser les résultats. Sur les premiers résultats, il apparaît que quelle que soit la tranche d’âge, si on compare avec ce que faisaient les gens avant et pendant le confinement, on note une augmentation très importante du temps passé assis. Il a augmenté de 60 %. C’est énorme. Les adolescents l’ont même augmenté de 70 %. On savait avant le confinement que les Français passaient trop de temps assis. On n’avait le droit qu’à une heure d’activité physique dehors. Si on n’avait pas la chance d’avoir accès à un jardin, on était chez soi et pour bouger chez soi, c’est quand même assez limité. On était derrière les écrans, en train de lire, en train de travailler donc ce sont des activités assises et les résultats ne nous étonnent pas tellement ».

Un risque de développement de maladies chroniques

Martine Duclos rappelle que la sédentarité est un danger pour certaines personnes. Elle souligne : « On sait que le temps passé assis est un facteur de risque de développer des maladies chroniques, des maladies non transmissibles, comme le diabète de type 2, l’obésité, des maladies cardio-vasculaires et certains cancers. C’est un fardeau en termes de santé publique car ces risques sont indépendants du niveau d’activité physique ».

On peut être sportif et sédentaire

Elle précise : « Même si vous suivez des recommandations d’activité physique, c’est-à-dire que  si vous pratiquez 150 minutes d’activité physique par semaine, et si vous passez beaucoup de temps assis par jour, au moins 6-7 heures par jour, vous pouvez avoir des effets délétères pour votre santé. Vous n’êtes pas protégé par votre activité physique. Pour résumer, on peut être sportif et être sédentaire ». La sédentarité est un facteur de risque de mortalité précoce indépendamment du niveau d’activité physique. Rappelons que l’insuffisance d’activité physique est la 4ème cause de mortalité dans le monde et qu’elle est responsable d’autant de décès que le tabagisme.

Les Français ne bougent pas assez

La directrice de l’Onaps indique les dangers de la sédentarité : « Pendant le confinement, les gens ont été physiquement inactifs et encore plus sédentaires qu’avant. Les Français ne bougent pas assez. Ils sont soumis à un double fardeau, en plus du tabagisme et de l’alimentation qui n’est pas toujours très bonne, et la majorité de la population ne suit pas les recommandations, et encore moins chez les jeunes. Comme dans les autres pays européens, on passe beaucoup trop de temps assis. Une étude Nutrinet a montré qu’en moyenne, les adultes qui travaillaient, passaient 12 heures par jour assis : il y a le temps dans les transports, le temps au travail, et le temps à la maison lors des loisirs. Mais lors d’une journée non travaillée, le temps assis est de 8 heures ».

Une moins bonne condition physique

Le médecin ne redoute pas pour autant d’une explosion de pathologies liées au confinement : « On ne craint pas cela, mais une diminution de la condition physique des Français. Pour tous les gens qui avaient des pathologies chroniques, comme les diabétiques, les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires, les sujets obèses, on redoute une aggravation de leur état de santé. Chez les sujets qui étaient en bonne santé, du fait de l’arrêt total de l’activité physique et du temps passé assez, on va avoir un véritable déconditionnement. Ils vont se sentir fatigués, plus ou moins anxieux et déprimés. Il y a d’autres causes comme l’isolement social, l’angoisse économique et le fait d’assurer l’école à la maison en plus du travail. Mais le déconditionnement entraîne une fatigabilité, des douleurs musculaires, des douleurs dorsales, une mauvaise qualité du sommeil. C’est un cercle vicieux : on dort mal car on ne fait pas d’activité physique, on est encore plus fatigué par manque de sommeil, on est plus énervé et plus anxieux ».

Des recommandations simples

Afin de lutter contre la sédentarité, Martine Duclos propose des conseils faciles à appliquer : « Les préconisations sont simples, car on a tous un travail assis. Il faut bien penser, toutes les 30 minutes, ou toutes les heures, à se lever une minute et à se bouger. Il ne s’agit pas d’une activité intense, comme marcher dans le couloir à toute vitesse, c’est juste se lever et déambuler. Ca peut juste être de ranger un livre, aller ramasser une feuille de papier et la mettre à la poubelle, prendre un verre et boire. Il s’agit de gesticuler, faire bouger ses jambes, se mettre en mouvement, et une faible intensité est largement suffisante. Le fait de se lever toutes les heures élimine l’effet de l’heure précédente passée assis ».

Le recours à un swiss ball

Elle préconise aussi de bannir la traditionnelle chaise de bureau : « Le problème de la chaise est aussi celui de la mauvaise attitude que l’on adopte par rapport au dos. Il est recommandé d’avoir un swiss ball, un gros ballon, car assis sur cela, on n’est pas affaissé et on est obligé de se tenir droit. On a un certain tonus au niveau des jambes. Cela n’empêche pas de se lever toutes les heures ».

Un minimum de 30 minutes d'activité par jour

Trente minutes d’activité quotidienne sont recommandées. Surtout chez les personnes plus âgées, pour lutter contre la fonte musculaire. Il faut surtout veiller à travailler les jambes. Chez les enfants les recommandations font état d’une heure d’activité par jour. Martine Duclos conclut : « Pendant le confinement, les Français ont pris conscience à quel point il leur était insupportable de passer autant de temps assis et à quel point l’activité physique leur manquait. Notre étude a montré que les gens qui profitaient de leur heure pour faire de l’activité physique étaient ceux qui ne bougeaient pas assez avant le confinement. Le confinement a permis de faire comprendre aux Français que la sédentarité n’était pas bonne ».
 
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