Le Sommet de l’élevage 2024 compte de nombreux temps forts pour cette 33e édition. Parmi eux, les célèbres concours qui récompensent les plus beaux bovins selon leur catégorie. Un rendez-vous qui se prépare des mois avant l’événement. Une éleveuse et comportementaliste animalière nous en dit plus sur cette préparation.
Salers, limousines, charolaises...Au Sommet de l’élevage 2024, du 1er au 4 octobre, les concours vont se succéder. Ils récompensent les plus belles représentantes selon les races, à partir de critères très précis. Mais savez-vous que le concours se prépare en amont, dans la ferme, plusieurs mois auparavant ? Pauline Garcia est éleveuse de vaches allaitantes dans le Cantal mais aussi comportementaliste animalière. Elle raconte : “On ne commence pas un entraînement 15 jours avant la date du concours car le jour J, l’animal sera stressé et nerveux. Il faut laisser du temps à l’animal pour intégrer les nouveaux exercices. Il faut commencer le travail d’un bovin qui part au concours le plus jeune possible”.
Se préparer au bruit et aux lumières
L’éleveur ne sait pas forcément quelle bête il va emmener au concours. Il prépare souvent plusieurs vaches, sur lesquelles il y a une bonne génétique et une morphologie satisfaisante. Il peut en préparer 4 ou 5. Sa décision se fait parfois à la dernière minute. Ensuite, l’entraînement des vaches doit se faire le plus tôt possible. Il peut y avoir différentes étapes. Pauline Garcia énumère les différents éléments perturbateurs pour une vache : “Les lumières, les flashs, les écrans sont assez perturbants pour les bovins, mais aussi les spots. Au niveau du bruit, les annonces du speaker au micro peuvent perturber l’animal. Tout cela peut être travaillé en amont, en reconstituant ces conditions particulières”.
"Souvent, l’éleveur veut aller trop vite”
Il est recommandé de mettre des écrans, des spots, d’allumer la torche de son téléphone et de la déplacer autour du bovin pour l’habituer à cet environnement. L’éleveuse prévient : “L’entraînement sonore est le plus simple à réaliser car on a toujours un poste de radio, des sons que l’on peut diffuser près du bovin, plus ou moins fort. Il faut entraîner l’animal aux variations de son”. Selon la comportementaliste animalière, il ne faut jamais atteindre le stade de “saturation” : excitation, stress, qui peuvent conduire à l'embarquement (une vache qui a peur peut embarquer, c'est-à-dire tirer sur la longe). Elle rappelle : “Si l’animal est en stress, c’est que la stimulation est allée trop vite et trop fort. Il faut revenir en arrière et décomposer par étapes. Souvent, l’éleveur veut aller trop vite”.
La présence de la foule peut aussi être un élément perturbateur. Pauline Garcia confie : “J’ai récupéré des sons de bruits de foule pour habituer mes bêtes. Je recommande aussi de faire venir la famille le dimanche auprès des bêtes, avec des enfants qui crient, qui jouent, pour exposer le bovin à de l’agitation”. Elle insiste : “Le bruit est figeant et la lumière est éblouissante pour l’animal. Cela peut occasionner des bovins qui ne contrôlent pas leurs émotions donc ils embarquent. Ils peuvent fuir”.
Penser à l'éleveur
Selon la Cantalienne, si l’éleveur a pris conscience qu’il faut détendre ses bovins, les apaiser, il va prendre le temps de les masser, de les gratter entre les jours de concours. Cela va rassurer l’animal. Elle conclut : “Les concours c’est du 50-50 : une épreuve pour l’humain mais aussi pour le bovin. Si l’éleveur est décontracté, cela aura des conséquences sur l’animal”. Elle recommande ainsi aux éleveurs de pratiquer du sport, des activités sociales avant le concours, histoire d’arriver détendu le jour J.
