TEMOIGNAGE. A Clermont-Ferrand, la mère de la collégienne autiste auteure d’une agression s’exprime

A Clermont-Ferrand, la mère de la collégienne soupçonnée d’avoir agressé au cutter une camarade vendredi 14 février confie son désarroi. Pour elle, une meilleure prise en charge des troubles du spectre autistique de sa fille aurait permis d’éviter ce geste grave.

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A Clermont-Ferrand, quelques jours après qu’une collégienne scolarisée à Albert-Camus a été blessée à la gorge à l’arme blanche, la mère de la jeune fille soupçonnée d’être l’auteure de l’agression confie son désarroi. Sa fille a été diagnostiquée autiste Asperger en 2018, et pour elle, la mauvaise prise en charge de ce trouble est à l’origine du geste de sa fille : « Héloïse* est très solitaire, elle a besoin de calme et l’environnement scolaire n’est pas adapté pour elle. Cela fait des années que je me bats pour qu’elle puisse suivre des cours à domicile, mais il faut une ordonnance d’un psychiatre et jusqu’à présent je n’ai pas réussi à l’obtenir », regrette Sandrine*.

Un mode de scolarisation peu adapté ?

Sa fille est suivie depuis 2 ans par l’association Handi-Cap. Pour la présidente Eléonor Perise, les troubles d’Héloïse n’étaient pas compatibles avec une scolarisation classique : « Elle a un haut potentiel intellectuel mais de fortes difficultés relationnelles. Elle a beaucoup de mal à supporter l’agitation. Lors des années précédentes, le collège avait pris des dispositions particulières pour qu’elle puisse être isolée et au calme lors des récréations. Cette année, elle s’était fait une amie, Elodie*, donc elle sortait un peu plus, mais l’environnement idéal pour les personnes ayant ce genre de troubles reste l’école à la maison. »

Des suspicions de harcèlement

Selon Sandrine, sa fille aurait confié lors de sa garde à vue qu’elle et sa camarade, également impliquée, étaient victimes de harcèlement depuis 3 semaines au collège. La harceleuse désignée par les deux jeunes filles est la victime de l’agression. « On les traitait de « sales gouines », d’handicapées, il y avait des bousculades. La veille des évènements, l’amie de ma fille, Elodie, lui a confié qu’elle allait être passée à tabac le lendemain. Ma fille a voulu la rejoindre pour la défendre, et c’est là qu’elle a eu ce geste horrible », affirme Sandrine. Dans un communiqué, le recteur de l’académie de Clermont-Ferrand Karim Benmiloud affirme néanmoins : « Aucune suspicion de harcèlement entre élèves n’a été évoquée au sein du collège, ni par les élèves, ni par l’équipe pédagogique, ni par les familles concernées. Les services académiques apporteront leur concours plein et entier à l’enquête diligentée. »

"Je me sens abandonnée"

Suivie par l’association Handi-Cap’, Sandrine envisage de déposer une plainte contre le collège et la jeune fille désignée par sa fille comme sa harceleuse, mais surtout, contre le corps médical. En effet, elle explique avoir eu le sentiment que quelque chose n’allait pas la semaine précédant l’altercation et avoir demandé une hospitalisation : « Ma fille s’est mutilée le week-end d’avant. J’ai compris que quelque chose n’allait vraiment pas, qu’elle était un danger pour elle-même et pour les autres. Je me suis rendue aux urgences pour tenter de la faire hospitaliser en psychiatrie, cela m’a été refusé. Je me sens abandonnée et je me dis que tout ça aurait pu être évité ». Contactée, la direction de l’hôpital n’a pas souhaité s’exprimer.

" Tous les matins, je vérifie si elle est vivante ou morte"

Sandrine dit à présent vivre dans la crainte des représailles mais aussi dans la peur que sa fille ne se fasse du mal à elle-même : « Elle a reçu des menaces des proches de la victime, ce que je comprends. Son geste aurait pu avoir des conséquences beaucoup plus graves. Ce n’est pas facile de se dire qu’on est maman d’une enfant qui a mis un coup de cutter dans la gorge d’une autre. Elle m’a dit qu’elle n’allait pas arrêter de se mutiler. Tous les matins quand je me réveille, je vérifie si elle est vivante ou morte. » Sandrine dit avoir à nouveau tenté de faire hospitaliser sa fille, en vain. Elle se dit résignée : « Le soir de l’agression, je suis retournée aux urgences, il n’y avait pas de lit disponible pour Héloïse. J’ai compris que l’on ne m’aiderait pas. »

*les prénoms ont été modifiés
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