Clermont retrouve son premier amour : Vern Cotter, l'entraîneur qui l'a fait tant grandir (2006-2014) et lui a apporté son premier titre, revient à la tête de Montpellier, leader du Top 14 qui peut enfoncer un peu plus le champion de France dimanche 28 janvier 2018.
"J'imagine qu'il sera bien accueilli." L'euphémisme est signé Franck Azéma, qui fut son adjoint pendant quatre saisons (2010-2014) avant de succéder au Néo-Zélandais en tant qu'entraîneur en chef du club auvergnat."J'ai beaucoup appris de lui, le club a beaucoup construit avec lui. Cela va faire plaisir de le croiser, d'échanger avec lui à la fin du match et j'espère de boire un coup ensemble", a ajouté celui que Cotter avait fait venir de Perpignan pour diriger les lignes arrières.
Une belle aventure
"C'était une belle aventure pour moi", se rappelle Vern Cotter, que ses joueurs avaient surnommé Jules en référence, évidemment, à l'écrivain. "J'avais des gens bien autour de moi, ma famille était bien en Auvergne qui est une région très attachante."
Il y a surtout ce titre de champion de France, le tout premier pour l'ASM, obtenu en 2010 après des décennies de disette. "Après avoir perdu trois finales consécutives (2007, 2008, 2009), on avait gagné la quatrième. Gagner, cela a fait du bien à tout le monde, au peuple en particulier et à ce public extraordinaire."
Cotter n'a pas seulement apporté à Clermont son "charisme, une rigueur dans son travail, une autorité naturelle", énumère Azéma. "Avec son approche très structurée, il a su s'adapter pour faire basculer la partie sportive vers le haut niveau", estime le vice-président du club Jean-Marc Lhermet, à l'époque directeur sportif.
Outre l'obsession de ramener enfin le bouclier de Brennus, place de Jaude, Cotter a développé deux bonnes habitudes dans le Puy-de-Dôme: le goût pour l'Europe, que Clermont n'a toujours pas conquise malgré trois finales disputées (2013, 2015, 2017), et la suprématie à domicile. "En huit ans à Clermont, je n'ai connu que quatre défaites à la maison", s'enorgueillit l'ancien troisième ligne.
Après trois années à redresser l'Ecosse (2014-2017), Cotter le francophone a retrouvé son deuxième pays, où il avait terminé sa carrière de joueur dans les années 1990 (Rumilly, Lourdes). À Montpellier, le club de l'ambitieux Mohed Altrad dont l'armoire à trophées est toujours vide, hormis un modeste Challenge européen (2016) et malgré un recrutement à l'arme lourde.
"J'aimerais bien que les gens de Montpellier, qui n'a pas gagné encore un titre, puissent avoir le même plaisir que Clermont en 2010", glisse-t-il malicieusement.
Écarter le champion
Pour le leader du Top 14 avant cette 16e journée, cela passe par une victoire à Michelin dimanche, afin d'assurer un peu plus sa place en phase finale. Et d'écarter Clermont, champion dénudé de la course.
Pour enterrer l'ASM, le MHR, éliminé sans gloire en Coupe d'Europe, doit faire bien mieux que lors de ses deux dernières prestations à l'extérieur, soldées par de sévères défaites.
"Jusqu'à maintenant, nos déplacements, en terme de résultats et de contenu, ne sont pas terribles. À chaque déplacement, on est en tong", déplore le technicien, qui a haussé le ton cette semaine à ce sujet afin de rendre l'exploit en Auvergne possible.
Cotter ne se mobilise pas seul : ses adjoints Nathan Hines et Alex King ainsi que son analyste vidéo Stéphane Boiroux, déjà autour de lui en Auvergne, l'ont suivi à Montpellier, où évolue également le troisième ligne Julien Bardy, un Clermontois historique qui a connu les deux titres (2002-2017). "Ils ont vécu une belle histoire ici. Ils auront envie de bien figurer", prévient Azéma.
"C'est leur histoire. Nous, ce qui est important, c'est notre équipe, comment elle se comporte. On partagera avec eux après le match, mais pas pendant." Sinon, l'ASM peut quasiment dire adieu à un troisième Bouclier en 2018.