Au cœur des montagnes auvergnates, le cheval d’Auvergne, robuste et têtu, a bien failli disparaître. Heureusement, Laurent Pradier, éleveur passionné, a décidé de se battre pour sa survie. Il nous raconte son amour et son engagement pour cette race emblématique.
C’est au cœur des monts d’Auvergne que Laurent Pradier, éleveur passionné et membre fondateur de l’association pour la préservation du cheval d’Auvergne, a relevé un défi audacieux : sauver cette race de l’oubli. Autrefois indispensable aux travaux agricoles et aux transports en terrain escarpé, cette race a failli disparaître, emportée par l’évolution des pratiques agricoles et militaires. Aujourd'hui, Laurent Pradier nous raconte son engagement et son amour pour ces chevaux robustes et élégants.
Une race presque oubliée
Laurent Pradier se souvient encore des débuts incertains de son aventure : “Il y a 30 ans, j'ai décidé de m’installer sur un vaste domaine près d’Issoire pour me lancer dans le tourisme équestre. Je voulais que mes chevaux soient près du bâtiment, donc je me suis naturellement tourné vers l’élevage. Mais je me suis dit : hors de question d’élever des chevaux de Camargue ou des Pyrénées ici. Il fallait privilégier le cheval du pays", se souvient-il. En fouillant dans les traditions locales, Laurent retrouve alors quelques spécimens de chevaux d’Auvergne, une race presque oubliée, et se passionne rapidement pour sa relance. Cette passion, pour lui, est enracinée dans son identité d’Auvergnat.
"Quitte à accueillir des touristes en Auvergne, autant que ce soit avec des chevaux de race Auvergne"
Laurent Pradieréleveur et fondateur de l'association pour le cheval de race Auvergne
Mais son intérêt ne s’arrête pas à une simple fierté régionale. Pour Laurent, le cheval d'Auvergne est un allié idéal pour le tourisme équestre : robuste, calme et parfaitement adapté aux chemins de montagne, il est taillé pour accompagner randonneurs et passionnés à travers les paysages escarpés.
Un combat pour sauver la race
Mais ce retour n'a pas été sans obstacles. Laurent Pradier se souvient encore des débuts incertains de son aventure : "En 1996, il ne restait plus que 32 chevaux typés Auvergne. La race, autrefois florissante, était sur le point de s’éteindre". Les raisons de cette disparition progressive sont multiples, selon l’éleveur. “L'armée préférait les mulets en montagne, la mécanisation de l'agriculture a réduit le besoin de chevaux de trait, et la mode du tourisme western avec ses chevaux américains n’a pas aidé. Sans oublier le marché de la viande, qui a accéléré le déclin", énumère-t-il.
Alors pour relancer la race, Laurent Pradier et les membres de l’association ont dû répondre à des critères stricts : "Il fallait plusieurs lignées pour éviter la consanguinité, plusieurs générations pour assurer la continuité, et une bibliographie pour légitimer la race". Grâce à leurs efforts, la population est passée de 32 chevaux en 1996 à 150 dix ans plus tard. Aujourd'hui, selon Laurent, on compte environ 1 000 chevaux de race Auvergne en France.
La "2cv" des chevaux
Laurent Pradier décrit le cheval d'Auvergne avec une tendresse non dissimulée. "C’est un cheval trapu, calme et incroyablement polyvalent. Il a la mentalité d’un cheval de trait. Et comme on dit ici, il est têtu comme l'Auvergnat ! ", plaisante-t-il. Selon lui, cette obstination est une force. "Il a ce caractère qui fait qu’il sait ce qu’il veut, mais une fois qu’il est au travail, il est fiable, endurant et incroyablement patient".
Pour expliquer la place du cheval d’Auvergne dans l'univers équestre moderne, Laurent utilise une comparaison évocatrice :
Les chevaux, c’est comme les véhicules : il y a la camionnette, la voiture de sport, le tracteur ou encore la voiture familiale. Le cheval d’Auvergne, c’est la 2CV camionnette, le cheval qui sert à tout. Et ça tombe bien, car la 2CV est née en Auvergne, tout comme ce cheval !
Laurent Pradieréleveur de chevaux de race Auvergne
Aujourd'hui, le rôle du cheval d’Auvergne a bien évolué. Autrefois utilisés pour les travaux agricoles, le transport, et même la cavalerie lourde au XIXe siècle, ces chevaux servent maintenant pour le tourisme équestre lors de randonnées en montagne, mais aussi dans des petits travaux agricoles comme le maraîchage.
La relance du cheval d'Auvergne est bien plus qu'un projet personnel pour Laurent Pradier, c’est une mission pour préserver un patrimoine vivant. "Ce cheval est un témoin de notre histoire et de nos traditions. Il est parfaitement adapté à nos montagnes et il répond aux besoins d’un tourisme plus écologique. Nous avons fait beaucoup de chemin, mais il reste encore du travail. Tant qu'il y aura des passionnés pour perpétuer cette race, le cheval d'Auvergne continuera de fouler les sentiers de ses montagnes", affirme-t-il avec conviction.
À entendre Laurent, ce cheval robuste, têtu comme un Auvergnat, pourrait bien être le secret du tourisme équestre de demain. Alors, si vous cherchez une monture pour gravir les montagnes et traverser les siècles, ne cherchez plus : la "2CV" chevaline auvergnate est faite pour vous.