Elle est arrivée ce lundi 24 juin, dans la nuit : Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, est désormais détenue à la prison de Riom près de Clermont-Ferrand. Son arrivée suscite de nombreuses réactions, et une manifestation est même organisée.
Figures marquantes d'un collectif d'indépendantistes kanak soupçonné d'avoir orchestré les troubles en Nouvelle-Calédonie, sept militants ont été envoyés en métropole pour y être incarcérés. Parmi eux, Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan, a été incarcérée à Riom, près de Clermont-Ferrand. Une manifestation est organisée ce lundi 24 juin, jour de l’arrivée de la détenue, devant l’établissement pénitentiaire à 18 heures par le collectif Solidarité Kanaky.
Rassemblement devant la prison de Riom (Puy-de-Dôme) pour protester contre le transfert en prison de Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie. 🎥Romy Ho-A-Chuck, @F3Auvergne pic.twitter.com/8VvLAbBFpM
— Catherine Lopes (@lacatch) June 24, 2024
Benoît Daudé, représentant de FO Justice au centre pénitentiaire de Riom, ignore quel pourrait être l’impact de la manifestation : “Les forces de l'ordre sont quand même mobilisées au cas-où. La direction dit qu’il n’y aura pas grand monde, que ça va bien se passer et que ça va être une petite manifestation. On n'a pas de nombre, on n'a pas de chiffres, on ne sait pas quelles proportions ça pourrait prendre.” Pour lui, le principal problème réside dans le fait que la prison n’est pas adaptée pour recevoir des détenus aussi médiatiques : “A titre syndical, ça nous pose un problème sur le plan sécuritaire puisqu’on est un établissement, au niveau de la sécurité, qui est un peu léger. S'il devait y avoir un gros mouvement à l'intérieur ou à l'extérieur, s'il devait y avoir des appels à rentrer dans la prison, ou même une effraction lors d'un transfert par exemple, ça pourrait nous mettre en difficulté. Les détenus médiatiques, c'est toujours embêtant dans cet établissement-là. Ce n’est pas au niveau de la gestion de la détention que cela pose problème. On a un a un quartier d'isolement qui est en capacité d'accueillir des détenus qu'il faut isoler. C'est la gestion avec l'extérieur qui risque de poser des problèmes.”
"La structure n’est pas forcément adaptée à recevoir un profil médiatique comme celui-là"
Les détenus concernés ont été mis en examen, notamment pour complicité de tentative de meurtre, vol en bande organisée avec arme, destruction en bande organisée du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime. “On ne comprend pas trop comment on se retrouve avec un profil comme ça, réagit le syndicaliste FO Laurent Dona. Elle est prévenue pour des infractions qui sont quand même extrêmement graves, puisqu'on parle de faits criminels en bande organisée, participation à l'association de malfaiteurs... De plus, la structure n’est pas forcément adaptée à recevoir un profil médiatique comme celui-là. On s'interroge. Comment va se passer la gestion de la détention ? Il va falloir la sortir à l'extérieur, que ce soit pour aller voir le juge ou pour aller à l'hôpital. On voit qu'on a des gros problèmes pour organiser la sécurité des escortes. Elle dit qu'elle va avoir des soutiens locaux, c’est ce qu'elle a affirmé à l'audience en arrivant. Qui dit soutiens locaux veut dire des possibilités de se soustraire à notre surveillance. On attend de voir comment va s'articuler la gestion de sa détention”. Cette détenue inhabituelle est placée à l'isolement. Par ailleurs, Laurent Dona précise qu'une tentative d'évasion a eu lieu samedi 22 juin. Il ajoute que les forces de l'ordre ont dû intervenir pour éviter la fuite du détenu.
Une série d'incarcérations controversées
Il est plus rassuré quant à la manifestation : “Le but ne serait vraiment pas de mettre en difficulté les personnels mais de manifester contre le fait que les personnes aient été incarcérées sur le continent.” En effet, l’Union calédonienne (UC), parti politique impliqué dans la création de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain) en novembre 2023, a réagi : "Les responsables de la CCAT ne sont en rien des commanditaires d'exactions mais aujourd'hui des martyrs de la justice coloniale", réclamant "l'annulation de cette déportation politique". Le procureur à Nouméa a justifié cette mesure "en raison de la sensibilité de la procédure et afin de permettre la poursuite des investigations de manière sereine, hors de toute pression ou concertation frauduleuse". Onze personnes avaient été interpellées mercredi lors d'un vaste coup de filet visant la CCAT, commanditaires présumés des violences commises depuis six semaines sur l'archipel du Pacifique sud ayant fait 9 morts.