Une pétition née en Auvergne fait parler d’elle. Il s’agit d’une initiative lancée fin janvier par un collectif d’usagers du train et qui plaide pour mettre Clermont-Ferrand à 2h30 de Paris par le rail. Le collectif dénonce les dysfonctionnements à répétition sur cette ligne.
La barre des 5 000 signatures devrait être franchie ce week-end. Lancée le 21 janvier dernier par le Collectif des usagers du train Clermont-Paris, une pétition en ligne a pour titre « Clermont-Ferrand-Paris en 2h30 par le train, c’est pourtant possible ! ».
Stéphanie Picard, porte-parole du Collectif des usagers du train Clermont-Paris, se réjouit d’une telle mobilisation : « C’est un succès. On vise plus mais on va y arriver. Sur le site change.org, il y a des moyens de doper la pétition et on ne les a pas encore utilisés ». Son collectif a été formé en 2015 autour d’une page Facebook, par des usagers réguliers de la ligne.
Soutenue par 8 associations, dont l’Association des Usagers des Transports d’Auvergne et le Collectif des Usagers des transports du Haut Allier, cette pétition s’insurge contre la non fiabilité de la ligne et contre un temps de parcours qui s’allonge. Stéphanie Picard rappelle le rôle essentiel de l’Etat dans ce dossier : « L’Etat a conscience de ces problèmes et de ces dysfonctionnements. Ce n’est pas une ligne TGV mais un Intercités. Cette ligne est de la responsabilité de l’Etat et non de la SNCF, ce qui en fait une particularité. C’est l’Etat qui doit mettre la main à la poche car il s’agit d’une ligne d’équilibre du territoire. On roule sur du matériel des années 70. Les locomotives sont des années 90. Sous la mandature de François Hollande, l’Etat a compris qu’il y avait un sujet. Puis, sous Emmanuel Macron, l’Etat s’est engagé au remplacement de tout le matériel roulant et à faire des investissements pour moderniser la ligne ».
"En termes de temps de parcours, il y a un problème"
La porte-parole insiste sur la nécessité de raccourcir le temps de parcours : « Ces investissements vont indéniablement fiabiliser la ligne. Aujourd’hui, c’est infernal. Cette semaine, on a le sentiment que moins de la moitié des trains sont arrivés à l’heure. Il y a des dysfonctionnements à répétition. Mais en termes de temps de parcours, il y a un problème. En 2008, on était à 2h58 de Paris. Aujourd’hui on met 3h15 voire plus. Après les travaux, qui s’achèveront en 2028, on sera à 3h06 pour le trajet le plus court. On ne peut pas se satisfaire de cela. On veut que dès maintenant on réfléchisse à l’après 2028, avec une solution pour un Paris-Clermont en 2h30. Le temps du ferroviaire est très long ».
Stéphanie Picard va plus loin et évoque un moyen de réduire le temps de parcours : « Une solution technique existe, celle du Y inversé. Il s’agit de la création d’une ligne à la sortie de Paris, sur quelques kilomètres. On utiliserait des voies existantes pour désengorger la sortie de Paris. Cela permettrait de traiter Limoges et Clermont-Ferrand en même temps. Mais il faut plusieurs milliards et un arbitrage de l’Elysée ».
"Il ne faut pas nous oublier"
Elle en appelle à une mobilisation générale : « De façon générale, c’est tout le Massif Central qui doit taper du poing sur la table et dire qu’il existe encore ! Il ne faut pas nous oublier. Il y a des territoires qui méritent d’être soutenus ». Elle précise : « Beaucoup d’élus en nom personnel ont signé la pétition.
Par exemple, il y a Olivier Bianchi, Frédéric Aguilera, Christine Pirès-Beaune, Eric Gold qui ont signé. A ceux-là s'ajoutent tous les élus et les collectivités qui adhèrent à Objectif Capitales ». La porte-parole du Collectif est persuadée que sa pétition ne restera pas lettre morte : « Avec 5 000 signatures, cela commence à causer. Mais surtout, on est très actifs sur les réseaux sociaux. On interpelle les ministres. On essaie de mettre en avant les atouts de notre territoire. On a le sentiment que les choses bougent ».
Cette pétition s’accompagne d’une lettre adressée au président de la République pour solliciter un rendez-vous. Si vous souhaitez signer la pétition, elle est accessible ici.