Injecter du biogaz dans le réseau GRDF à partir de deux sources, des ordures ménagères méthanisées et des déchets verts : c’est la prouesse que vient de réaliser à Clermont-Ferrand le Valtom, un syndicat de valorisation des déchets, avec une entreprise. Il s’agit d’une première en Europe.
Depuis le 18 décembre, le Valtom, la collectivité publique en charge de la valorisation et du traitement des déchets du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire, a démarré à Clermont-Ferrand avec Waga Energy, une entreprise spécialiste de la production de biométhane, une unité de biométhane alimentée par une source de biogaz hybride. Il s’agit d’une première en Europe. Laurent Battut, président du Valtom, explique : “Cette unité de production de biométhane est une injection de biogaz dans le réseau GRDF. C’est une première en Europe car cette production de biométhane est alimentée à la fois par le biogaz retiré du site de stockages des déchets de Puy-Long et par l’unité de méthanisation de Vernéa, qui traite les biodéchets et les déchets verts produits sur le territoire puydômois. La nouveauté tient à ce qu’il y a deux sources de biogaz différents”. Il s’agit d’une première au niveau technologique, mais aussi d’un point de vue réglementaire. “Lorsqu’on a élaboré le projet, on avait demandé un tarif au ministère de l’Environnement et le ministère nous avait dit que cette technique n’existait pas. C’est l’ancien préfet du Puy-de-Dôme, qui a dérogé à la règle nationale pour nous donner un tarif de rachat. Cela nous a permis de monter cette unité de production” raconte Laurent Battut.
Du méthane à partir de déchets
Ce biogaz est ensuite réinjecté dans le réseau de GRDF. Cela représente 15 GWh de biométhane par an, ce qui correspond à la consommation de 2 000 foyers ou la consommation de 60 bus roulant au bioGNV. Il explique comment est produit ce biométhane : “Ce biogaz est fait à partir du site de stockage de Puy-Long, où l’on enfouit depuis l’après-guerre des déchets ménagers de la région de Clermont-Ferrand. La fermentation de ces déchets produit du méthane. Jusqu’à maintenant, il était turbiné pour produire de l’électricité. Comme ces installations étaient en fin de vie, on s’est posé la question de comment mieux valoriser ces déchets, en épurant ce méthane. Le biométhane est aussi produit par des biodéchets collectés sur la métropole clermontoise”.
Objectif : 2 500 tonnes d'équivalent CO2 en moins dans l'atmosphère
Le président du Valtom espère une montée en puissance de cette unité de production : “Avec l’obligation qui est faite de trier à la source les biodéchets et l’amélioration de la qualité de la collecte, on espère produire encore plus de biométhane”. Cette mise en service évitera l’émission d’environ 2 500 tonnes d’équivalent C02 par an, dans l’atmosphère.
Ce projet d’injection du biogaz a nécessité un investissement de 3,5 millions d’euros, que le Valtom a financé en partenariat avec Waga Energy, via une société commune baptisée « Valtom Énergie Biométhane », qui perçoit désormais les revenus générés par la vente du biométhane. L’Ademe a également participé à hauteur de 339 000 euros, tout comme la Caisse des Dépôts, qui a investi 60 000 euros. Enfin, un financement participatif lancé au printemps 2024 a permis de collecter 180 000 euros.
Un biométhane épuré
Le biogaz est ensuite réinjecté dans le réseau de GRDF mais certaines opérations sont nécessaires avant cette étape. Pierre-Anthony Jabot, délégué territorial GRDF du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire et du Cantal, indique : “Ce biogaz produit par le Valtom, avant d’être injecté dans notre réseau, est épuré. Par un système de filtre, on enlève les gaz qui ne nous intéressent pas et on ne conserve que du carbone et de l’hydrogène pour reconstituer du CH4, du méthane. Il s’agit de biométhane et il présente les mêmes qualités que le gaz naturel, aussi appelé gaz de ville. On récupère ce méthane dans un poste d’injection dans lequel on contrôle le pouvoir calorifique de ces molécules, on les odorise, on compte ces molécules puis on les injecte dans le réseau, pour alimenter la métropole”. Pierre-Anthony Jabot poursuit : “Ce biométhane se dilue avec le gaz de ville dans le réseau et va alimenter les clients qui sont raccordés. Il y a aussi une station de ravitaillement en carburant alternatif : on parle de GNV (gaz naturel véhicule), qui alimente des bennes à ordures ménagères, des camions de la Métropole”.
L'essor des gaz verts
Ce projet permet de mettre la lumière sur les gaz verts, une énergie en plein développement. Le délégué territorial insiste : “GRDF a notamment la mission de promouvoir les gaz verts et de les développer. D’ici 2030, on vise 20% de biométhane dans le réseau. En 2050, on pense qu’on aura 100%. On espère être complètement indépendant en gaz”. On compte aujourd’hui 4 unités de méthanisation qui injectent du gaz dans le Puy-de-Dôme. D’ici la fin 2025, il y en aura 3 de plus. En juin, les boues de la station d’épuration de la métropole seront méthanisées.