Très tôt, Valéry Giscard d’Estaing a maîtrisé l'art de la communication. Lors de ses nombreux passages à la télévision, l'homme politique a cassé les codes de l'époque. En footballeur, en skieur, ou encore en joueur d'accordéon, retour sur des apparitions médiatiques marquantes.
Avec la disparition de Valéry Giscard d’Estaing, mercredi 2 décembre à l'âge de 94 ans, c’est une page de l’histoire contemporaine qui se tourne. Tout au long de sa carrière, ses apparitions médiatiques auront été nombreuses.
1970 : VGE joueur d’accordéon
Nous sommes le 29 septembre 1970. Valéry Giscard d’Estaing n’est encore que maire de Chamalières, près de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme. Il est l’invité d’une certaine Danièle Gilbert, autre Auvergnate célèbre. Elle l’interroge au sujet de son violon d’Ingres : l’accordéon. VGE explique : « C’est mieux qu’un violon, c’est un accordéon. Au moment de la guerre, j’étais dans la première armée, et nous sommes entrés en Allemagne, en Autriche, et nous sommes restés en occupation pendant un certain temps. L’occupation n’était pas quelque chose de très actif, et un jour j’ai rencontré un vieux monsieur, dans la banlieue d’Innsbruck, qui m’a proposé de me donner des leçons d’accordéon. Je me suis dit pourquoi pas, et j’ai pris des leçons il y a assez longtemps, ce qui fait que ma pratique est malheureusement un petit peu éloignée ». VGE tombe alors la veste et se saisit de son accordéon afin d’entonner un morceau. Il interprète « Je cherche fortune au retour du chat noir ». Il joue ensuite un deuxième morceau.1974 : VGE joueur de football
16 avril 1974. Le candidat à l’élection présidentielle veut montrer l’étendue de son talent sur un terrain de football. On le voit courir après le ballon, se confronter à des duels. Il se livre après-match sur sa prestation : « Au début, c’était un match assez dur. Il y a eu des heurts mais enfin c’était très correct ».
19 mai 1974 : la victoire à l’élection présidentielle
« La France a choisi son président. Elle l’a fait au terme d’une campagne démocratique et claire » c’est ainsi que Valéry Giscard d’Estaing apparaît à la tribune, le 19 mai 1974. Il vient de recueillir 50,81 % des voix au premier tout, contre 49,19 % pour François Mitterrand. Il déclare : « J’ai compris dans cette campagne que vous souhaitiez le changement, politique, économique et social. Vous ne serez pas déçus. Car c’est bien le changement que je conduirai avec vous. Je sais que ce jour date une ère nouvelle de la politique française, celle du rajeunissement, et celle du changement de la France ». Il traduit alors ses propos en anglais. A 48 ans, Valéry Giscard d’Estaing va accéder au palais de l’Elysée.
1975 : sur les pistes de ski de Courchevel
Le commentaire du journaliste commence ainsi : « Faire 50 km à ski sur le circuit des 3 Vallées n’est pas à la portée de n’importe quel skieur. En le réalisant lundi, sous un soleil radieux, monsieur Giscard d’Estaing a prouvé qu’il était un sportif accompli ». Un commentaire bien conforme à son époque, que l’on aurait du mal à imaginer de nos jours. Le journaliste poursuit : « Après 48 h de mise en jambe, le président a retrouvé son style aisé et coulé. Tête nue en simple pull-over, débarrassé des journalistes et des gendarmes qui assurent sa sécurité, monsieur Giscard d’Estaing est enfin en liberté ». Le président est filmé dévalant les pentes, ou assis sur les remontées mécaniques. Il discute même avec des vacanciers. Une belle opération de communication.
Un dîner chez les Français en 1975
Dès son arrivée à l'Elysée, le nouveau président de la République souhaite s'inviter chez les Français pour mieux "regarder la France au fond des yeux." Florilège de témoignages des hôtes d'un soir du président. Une Française qui a reçu le président raconte : « Le président est arrivé à 20h20. Tout le monde est passé à table. C’est comme si nous avions reçu des amis, simplement. Toute la famille était là, mes parents et mon futur gendre ». Un routier a aussi eu ce privilège. Il explique : « Le président m’a demandé les trajets, le trafic que j’effectuais, sans chercher parce que le président est très renseigné ».Débat d’entre-deux tours, 1981
Valéry Giscard d’Estaing est à nouveau confronté à François Mitterrand lors d’un débat d’entre-deux tours. Nous sommes le 5 mai 1981. Il sort alors cette petite phrase cinglante : « Il faut que vous annonciez vos couleurs, vous souhaitez le succès d'une majorité de socialistes et de communistes lors des prochaines élections législatives ce que vous appelez le rassemblement, c'est une nébuleuse avec un noyau central qui est l'ancienne union de la gauche et autour il y a la nébuleuse de ceux qu'on peut tromper un certain temps. Je ne veux pas qu’il y ait de Français trompés ». Finalement, quelques jours plus tard, François Mitterrand du Parti Socialiste l’emportera avec 51,76 % des suffrages, contre 48,24 % pour le leader de la droite.