Avec la pénurie de chauffeur de bus scolaire en Auvergne et dans toute la France, j’ai voulu voir les différentes étapes pour passer le permis D. En quelques heures, je me suis retrouvée au volant d’un car de 12 mètres de long. De quoi vous donnez des sueurs froides.
Dès la fin de l’été, la Fédération nationale des transports de voyageurs tirait la sonnette d’alarme : 15 000 postes de chauffeurs de car étaient vacants dans le secteur sur toute la France. Du jamais-vu et pourtant, le problème existe depuis déjà plusieurs années. L’Auvergne n’a pas été épargnée.
Repasser le code de la route : pas une mince affaire
La formation est l’une des problématiques mises en avant. C’est ce que nous avons décidé de voir dans ce nouveau « j’ai testé pour vous ». On va voir les différentes étapes du permis D. Mais avant de commencer il y a certains éléments à prendre en compte :
- avoir au minimum 24 ans
- avoir le permis B
- avoir passé un contrôle médical.
Après tout ça, je me suis présentée à l’École de conduite française avec ma carte d’identité (toujours valide) et mon permis de conduire. C’est Olivier Forneris, un des responsables dans l'établissement, qui m’a accueillie et m’a annoncé la bonne nouvelle : « Tu vas devoir repasser ton code de la route ! ». Muni de mes codes, je m’installe donc devant un écran d’ordinateur et tente de répondre aux 40 questions du code de la route. Ça commence à remonter à 2008 la dernière fois que j’ai passé mon code, donc ça a bien changé depuis la dernière fois. « Après avoir consommé 5 verres d’alcool, avant de partir :
- Je m’autoévalue par un éthylotest non usagé
- Je bois 5 cafés
- Je bois 5 verres d’eau »
Ou encore « le récépissé de déclaration de perte ou de vol du permis de conduire est valable :
- 15 jours
- 2 mois
- 6 mois »
À ma grande surprise, je ne m’en sors pas trop mal : cinq fautes au compteur, j’obtiens mon code de la route. Mais on est loin d’en avoir fini avec le permis D, ce n’était qu'une première étape.
La partie hors circulation : l'aspect théorique
Je rejoins Anthony Michel qui s’occupe de la suite. « On va avoir deux parties. Une première hors circulation où il y aura des fiches écrites, ensuite les fiches orales qui concernent la connaissance des dangers et de la sécurité routière sur véhicule. On verra aussi le socle, ça correspond aux vérifications du véhicule. Et enfin, on fera les manœuvres sur circuit avec un autocar ». La partie hors circulation peut être réalisée en une semaine et la partie circulation se fait la deuxième semaine.
Commençons par les fiches écrites. Il y a près de 200 questions dont il faudra connaître les réponses par cœur. Anthony me donne quelques exemples de question. « Comment appelle-t-on un véhicule de transport en commun ne comportant que des places assises ? C’est un autocar. Un bus est un transport en milieu urbain où personne n’aura de ceinture de sécurité ; alors que dans un autocar, il y aura des ceintures comme pour les bus scolaires des enfants ».
Autre exemple : « en France, à partir de quelle quantité d’alcool pur et par litre de sang un conducteur de transport en commun encourt-t-il une sanction ? C’est comme pour un jeune conducteur, c’est 0,2 g/l de sang ».
L’étape fiches orales correspond à un petit livret où il y a tous les aspects sur les dangers et la sécurité routière. Par exemple, on a des questions comme : quelle est, en dehors de la conduite de nuit, la durée maximale de conduite pour un conducteur de véhicule de transport en commun ? C’est 4 h 30.
Pour ce qui est du « socle », c'est ce qui correspond aux vérifications du véhicule. « On va vérifier les voyants, si on n’a pas d’anomalies sur le fonctionnement du moteur. On vérifie l’aspect général du véhicule ».
Il faut savoir qu’on peut passer le permis D pour un usage personnel mais il faut savoir que pour transporter des personnes dans un cadre professionnel, comme le ramassage scolaire, il faut un certificat professionnel : la FIMO, la formation initiale minimale obligatoire.
Les manœuvres : les consignes de sécurité
Lorsque vous avez bien potassé toutes vos fiches, on peut enchaîner avec les manœuvres ou plus communément appelé le « plateau ». Je reste avec Anthony qui m’a préparé quelques exercices pour l’occasion.
Je vais donc être au volant d’un car de 12 mètres de long avec 56 places assises. Impressionnée, je m’installe au volant du car. « A bord de ce véhicule, on a un EAD, un éthylotest anti-démarrage, qui est spécifique aux transports en commun. Ça permet de déceler le taux d’alcool avant la prise de poste. Le véhicule ne démarre pas tant que nous n'avons pas fait le test », m’explique Anthony Michel. Avant de démarrer, comme dans tout véhicule, il faut être bien installé : réglage du siège, vérification des rétroviseurs (qui sont placés un peu plus en hauteur que dans une voiture.
L’avantage, c’est que le car est une boîte automatique, ce qui devrait me faciliter la tâche. « Je vais te donner quelques consignes de sécurité : on n’accélère pas, juste au démarrage et après, tu gères avec ton frein ». Anthony m’explique également le parcours que je vais devoir réaliser : passer dans une porte à gauche entre quatre plots, passer à droite entre deux plots, et refaire les mêmes manœuvres, mais cette fois en marche arrière. La particularité de cette grande « voiture », c’est que les roues avant sont derrière moi. « Il faut aller doucement pour commencer, l’inconvénient, c’est la longueur du véhicule ».
La conduite
Allez, cette fois, j’ai toutes les consignes, on peut se lancer : je démarre la bête, je fais les manipulations de démarrage et c’est parti. J’avance (très doucement). « Il faut attendre que tes roues arrière soient passées entre les plots pour pouvoir tourner ton volant et te mettre en position pour la prochaine porte ». Tout ça n’est évidemment, pas inné. Il faut donc appréhender le véhicule au début et éviter de faire comme pour une voiture. En roulant doucement, j’essaye d’appliquer les conseils d’Anthony. À la fin du parcours, je reprends ma respiration mais tout s’est bien passé. « On va passer maintenant à la marche arrière, c’est plus facile que la marche avant d’ailleurs. Tu tourneras le volant en fonction de ce que tu vois ». Encore une fois, je roule doucement et je passe les portes sans renverser les plots, et on revient à notre point de départ. « C’était bien pour une première fois, il faut être calme, c’est un prérequis pour conduire ce véhicule parce qu’on transporte du monde donc ce n’est pas une conduite égoïste. C’est une conduite pour mettre les personnes en sécurité et que ce soit confortable aussi pour eux », évoque Anthony Michel.
Les manœuvres sont maintenant terminées, il reste une dernière étape pour avoir le permis D, il s’agit de la circulation. Je reste donc au volant de mon car et nous n’allons pas très loin. Cette fois, les plots se transforment en trottoirs. L’exercice que nous avons vu avant avec le plateau nous permet d’appliquer les consignes sur la route.
Et voilà les différentes étapes du permis D : bien entendu elles durent plus longtemps que ce que j’ai pu faire. Il faut savoir que le permis coûte en moyenne 2 000 euros. Si vous passez la FIMO, qui dure plus de 20 jours, il faut compter 2 000 euros également. En fonction de votre situation et de vos choix, elle peut être entièrement prise en charge par la Région Auvergne-Rhône-Alpes ou Pôle emploi.