VIDEO. Puy-de-Dôme : quand un petit village sert de poubelle au chantier de l’Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand

Il y a un an, l'entreprise Bouygues Immobilier a déposé plusieurs tonnes de gravâts, à Opme situé dans la commune de Romagnat (Puy-de-Dôme). Ces débris proviennent du chantier de l'Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand. Aujourd'hui les habitants s'inquiètent du potentiel toxique de ces déchets. 

Les habitants de Opme (Puy-de-Dôme) ont pour voisin depuis maintenant plus d'un an, un dôme de gravats, issus des travaux de l'Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand. Il y a plus d'un an maintenant que les riverains assistaient impuissants aux ballets incessants des camions de Bouygues Immobilier venant décharger leurs remorques dans leur commune. Et si Bouygues Immobiler parle d'une trentaine de centimètres, le monticule s'élève en réalité à près de 6 mètres de hauteur par endroits, et la nature a totalement recouvert les débris. Ce monticule, que certains comparent à un volcan, pose un véritable problème environnemental puisqu'il est sur ZNIEFF (Zone naturelle d'interêt écologique faunistique et floristique).

Aujourd'hui, plusieurs questions hantent les riverains. Pourquoi une entreprise aussi importante que Bouygues Immobilier, et ses 2 milliards 628 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018, a choisi Opme, pour y déposer les débris de l'Hôtel-Dieu de Clermont-Ferrand. L'autre question porte sur la toxicité de ces gravâts. Bouygues Immobilier a déclaré, que ces déchets étaient "inertes", à savoir, qu'ils ne représenteraient aucune atteinte à l'environnement ou à la santé humaine. Cependant, dans une lettre adressée au maire de Clermont-Ferrand le 4 juillet 2019,  Laurent Brunmurol, maire de Romagnat, fait état d'une toute autre vérité. Selon, lui, des gaines en plastique, ont été retrouvées, ainsi que des tuyaux, et d'autres déchets. De quoi faire douter la véracité des propos avancés par le géant de la construction. "Afin de clarifier l'ensemble de ces points et d'apporter les preuves formelles, une analyse contradictoire des sols par sondages, ou carottages doit être réalisée à la charge exclusive de l'entreprise Bouygues Immobilier, et dans les meilleurs délais c’est-à-dire d'ici deux mois maximum" demande t'il. 

Une zone classée naturelle

Agacés par la situation, des riverains sont montés au créneau. Ils ont fondés le collectif de préservation du Puy Giroux. Monique Raspail, en fait partie. Photos à l'appui, elle constate les changements sur le paysage, causés par ces gravâts. " Là on remarque les arbustes, les genêts qui par la suite vont être enterrés " fait elle remarquer un cliché à la main. Par ailleurs, une inspection de la direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement a été réalisée le 18 octobre 2018. Elle met en évidence "la situation irrégulière de cette installation de stockage de déchets inertes".

Un arrêté a été pris le 9 novembre 2018. Il stipule "une cessation d'activité immédiate" ainsi que la " la remise en état du site" par le propriétaire du terrain. L'affaire a également été signalée au procureur de la République de Clermont-Ferrand. Depuis, peu de choses ont changé. Bouygues Immobilier n'a d'ailleurs pas donné suite à nos demandes.


" Je trouve que par rapport à mes enfants, à mes petits enfants, au devenir de la planète, on ne peut pas laisser ce genre de choses se faire", déplore Coline Ungemuth du collectif pour la préservation du Puy Giroux. Cette parcelle appartient à un particulier, dont les motivations quant au stockage de ces déchets, restent inconnues à ce jour. Nous l'avons contacté, en vain. Pour tenter de faire bouger les choses, une pétition a été lancée. Elle demande notamment une analyse du site par un laboratoire indépendant, une évaluation de la quantité des déchets présents sur le site, ainsi qu'une remise en état.
A Opme dans le Puy-de-Dôme, un dôme de gravats y a élu domicile depuis près d'un an. Ces gravats proviennent du chantier de l'Hotel Dieu de Clermont-Ferrand. Ils sont entreposés sur une zone classée naturelle. Les riverains, se sont alertés au sujet de la dangerosité potentielle de ces déchets. ©M.Morin/R.Beaune/S.Salmon/ Monique Raspail et Coline Ungemuth du collectif pour la préservation du Puy Giroux/ Jacques Schneider adjoint au maire de Romagnat

Actualisation 6/08: Après la diffusion du reportage le vendredi 2 août, le maire de Clermont-Ferrand Olivier Bianchi a publié un communiqué de presse sur son compte Twitter le mardi 6 août, pour faire un point sur la situation.
 
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