VIDEO. “Sancy, la dernière ascension” : un docu-fiction pour alerter sur les conséquences du changement climatique en montagne

Sorti le 11 décembre, le docu-fiction “Sancy, la dernière ascension”, retrace l’histoire de Rémi, un jeune passionné de snowboard, qui s’apprête à quitter son Auvergne natale. Une ode à la nature et un cri d’alerte sur les risques du changement climatique.

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Depuis le 11 décembre, le documentaire “Sancy, la dernière ascension” est disponible sur YouTube. Ecrit et réalisé par le Clermontois Justin Labattu, il raconte la passion pour le massif du Sancy à travers les yeux de Rémi. Rémi est un habitué du Sancy. Il décide de monter une dernière fois sur ce volcan en plein hiver avant de partir à l'étranger pour ses études scientifiques. Il accomplit cette dernière ascension pour graver les lieux dans sa mémoire et se souvenir des sessions snowboard avec ses potes. Bien que Rémi connaisse parfaitement le terrain, le volcan lui réserve encore des surprises. 

Comme son personnage, Justin Labattu pratique le snowboard depuis l'âge de 10 ans ainsi que le skateboard. Ces deux passions sportives l’ont naturellement amené vers une autre discipline plus artistique : “Cette passion qui arrive avec la pratique du skate et du snow a été la vidéo et la mise en scène. Ces disciplines sont liées intrinsèquement à la vidéo et on a fait plusieurs projets avec mes amis d'enfance autour du snowboard et du skateboard. Ensuite, avec l'âge et en ayant pris connaissance du réchauffement climatique qui était déjà en marche à l'époque, je me suis dit que le snowboard et le skateboard étaient des moyens intéressants pour faire passer des propos plus profonds. La pratique intensive de ces 2 sports était le moyen pour moi d'exprimer les combats que je voulais mener”. 

"Je voyais au fur à mesure des saisons que ça changeait"

Justin Labattu est originaire de Clermont-Ferrand et l’acteur principal Rémi Fradin vient, quant à lui, d'une commune de Saint-Genès-Champanelle. Si aucun n’est originaire du massif, Justin s’y est pourtant frotté très tôt. “Des amis qui étaient plus âgés que moi m'ont fait naître cette passion pour le snowboard. C'était ensuite un rendez-vous tous les week-ends. Il y a 20 ans de ça, la saison était 2 fois plus grande qu'aujourd'hui. Les quantités de neige étaient également 2 fois plus grandes. Je voyais au fur à mesure des saisons que ça changeait. C'est dingue quand même de se dire qu'à l'échelle d'un massif, on peut voir autant de changements.” 

La réalité mêlée à la fiction

Ce sont ces changements qui ont poussé le vidéaste professionnel à faire du Sancy l’objet principal de son film. “L'enneigement, la limite pluie-neige qui n'arrête pas de monter, je voulais faire passer ces messages-là, mais je sais que ce sont des messages assez durs à entendre et qui ne sont pas forcément distrayants. Le côté fictionnel, je trouve, apporte un peu de légèreté, et même de profondeur. Quand on raconte une histoire, la mémoire est peut-être un petit peu plus vivace que quand c'est juste des chiffres qu'on énumère. On passe un bon moment tout en apprenant plein de choses. Enfin, du moins, c'était mon objectif.” Un documentaire entre la fiction et la réalité : “La frontière est fine parce que mon personnage s'appelle Rémi, comme l’acteur, mais par contre il n'a pas fait d'études scientifiques en Afrique du Sud. Ça, c'est le côté vraiment fictionnel. Lui a eu un parcours qui l'a amené à garder un refuge en haute montagne dans les Alpes. Ses frères Guillaume et Vincent m'ont beaucoup aidé à bien des égards, ils ont permis à des moments de faire croire qu'il y avait une tempête. Il y a des images filmées en réelle tempête, où mon père m'a accompagné, je crois que c'est la tempête Zeus. On a réellement construit l'igloo dans la vallée de Chaudefour sans y dormir. C'était un igloo viable, mais vu les températures qu’il a fait dans la nuit, il a fondu.” 

Des images en avion

Un message porté par les images spectaculaires d’un Sancy enneigé. Pour mettre en valeur ces paysages d’exception, il a multiplié les sources d’images : “Il y a des images de drones, c'est vrai, mais c'est à la marge. Il y a beaucoup d'images qui ont été faites en avion car j'ai dû respecter la législation des réserves naturelles. Par exemple pour la vallée de Chaudefour, il est strictement interdit de voler en drone dedans, donc j'ai dû faire appel à un avion 2 places à Aulnat et faire un vol au-dessus de cette vallée pour pouvoir avoir ce genre d'images. Ce sont des avions vraiment petits, avec une consommation de kérosène relativement basse. En ce qui concerne les visions GoPro, j'avais pour objectif d'utiliser cet outil extraordinaire de la manière la plus originale possible pour mettre en valeur les performances de snow qui sont à notre échelle. On n'est pas des professionnels, on est des passionnés.” 

Une caméra embarquée sur un aigle

Il a même fait le pari d’embarquer une caméra sur le dos d’un aigle royal : “Pour l'aigle royal, c'est une histoire tout à fait à part qui a pris un temps extraordinaire. On a mis un an et demi à les réaliser, du moment où j'ai eu l'idée jusqu’au moment où j'ai pu exploiter ces images-là. J'ai travaillé avec Laurent Lalanne qui est un fauconnier et quelqu'un d'extraordinaire, de passionné au plus haut point. On a travaillé avec son aigle royal Tsar, qui a mis un certain temps à accepter de voler avec 110 grammes sur le dos. Ensuite, il y a aussi le sujet du harnais, il fallait qu'il puisse être flexible parce que l'aigle prend du poids et perd du poids suivant les saisons d'une manière assez significative. S’il est trop nourri en amont, il a tendance à partir loin. Il y avait ces enjeux-là, parmi bien d'autres enjeux pour avoir uniquement ces images-là qui symbolisent la liberté et l'esprit libre de Rémi.” 

Un tournage de 6 ans

La fiction nous amène dans une histoire qui dure 3 jours mais Justin a en réalité mis plus de 6 saisons d'hiver à filmer. “C’est pour ça que c'est un docu fiction, il y a beaucoup de raccords mais on a vécu plein de choses, il n’y a aucune image de synthèse.” Il raconte la difficulté à tourner son œuvre : “Filmer en conditions hivernales, c'est très compliqué. Le scénario était très souvent difficile à appliquer en conditions réelles, donc il fallait faire preuve d'une faculté d'adaptation. Il fallait être à l'écoute de ce qui pouvait se passer autour de nous et adapter le scénario. En 6 ans, il y a eu aussi des saisons quasiment sans neige. On a dû s'adapter aux conditions climatiques.” 

Un film autoproduit

Un projet qui, du fait de sa longueur, a été autofinancé : “Ce projet-là était à fonds perdus. Il y a eu beaucoup de bénévolat, mais tout de même, il y avait un budget à prévoir. Ce budget-là, je l'avais au fur et à mesure des années, cela nous a amené à avancer pas à pas. Chaque décision a été mûrement réfléchie. Sur le volet environnemental, cela nous a permis d'être très peu impactants, vu qu'on était des équipes de 2 à 4 sur les lieux de tournage, mais jamais des équipes d'une dizaine de personnes à monter des camps avec plusieurs véhicules sans bouger. On mangeait tous végétarien pour limiter notre impact. On allait filmer des animaux donc on essayait d'éviter d'en manger à midi !” 

Le témoignage d'une époque

Mais pour lui, le jeu en vaut la chandelle. Justin veut se faire le témoin d’une époque climatique troublée : “La montagne, quand je l'ai connue, j'avais 10 ans. Elle était pour moi très généreuse et elle donnait beaucoup. Au fur à mesure des années, j'ai vu la station de Super-Besse s'étendre continuellement, à tel point qu'on a l’impression d'aller en ville à la montagne. On n’a pas la sensation d'être en montagne, mais dans une zone où on cultive de la neige. La neige en elle-même se fait extrêmement rare parce que la limite pluie-neige n'arrête pas de remonter. Elle va être au-dessus de 1886 mètres dans quelques années, ce qui est le point culminant du massif du Sancy. À partir de là, je pense que le film sera un témoignage d'une époque entière.” 

Il espère, grâce à ce film, éveiller les consciences : “Notre massif du Sancy fait 600 km2. S'il peut avoir les 3/4 sanctuarisés pour les animaux, les humains pourraient exploiter une zone et même la dénaturer au niveau de la faune et de la flore. Je trouve que ça peut être l'une des solutions. C'est dommage de devoir légiférer et que ça ne se fasse pas naturellement, mais ça, c'est encore un vaste débat.” Un film où le cri d’alerte résonne dans une nature millénaire, mise en valeur par une histoire à rebondissements.  

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