Climat : les oiseaux à l'épreuve de la sécheresse

La sécheresse n’épargne pas les oiseaux. Il s’agit d’un véritable problème en pleine période de nidification. Illustration au cœur de l'espace naturel sensible du Bec de Dore aux confins du Puy-de-Dôme et de l'Allier.

C’est un petit paradis de nature, situé à la confluence de la Dore et de l’Allier, une mosaïque de milieux, façonnés par la rivière. Dans la réserve naturelle du Bec de Dore, cohabitent près de 180 espèces d’oiseaux, 42 espèces de libellules, 54 de papillons et plus de 300 espèces de végétaux. A la fin du printemps, après des jours de pluie soutenue, la rivière Allier est particulièrement haute. Pierre Chaud fait le même constat d’année en année. Le chef de projets conservation et gestion des milieux naturels, explique : « La grève sur laquelle on marche fait normalement plus de 15 m de large. On est sur une immense plage de graviers. Là, elle est complètement inondée ». 

Des oiseaux menacés

Sur ces berges, les petits gravelots et les chevaliers guignette ont déjà pondu leurs œufs, emportés par la crue. Pierre Chaud indique : « Quand ces épisodes sont ponctuels et rares, ils ne sont pas dramatiques. Mais c’est leur récurrence d’année en année à cette époque-là, au printemps, qui devient menaçante pour ces oiseaux ». Le problème vient de la répartition des précipitations sur l’année : moins de pluie en hiver, davantage en fin de printemps, avec des phénomènes de plus en plus intenses voire violents. Pierre Chaud poursuit : « Les guêpiers d’Europe et les hirondelles de rivage qui nichent dans la falaise derrière nous vont voir leurs nids se retrouver sous l’eau. Cela fait deux ou trois printemps que cela arrive, en période de reproduction de ces oiseaux. A long terme, cela peut menacer la démographie de ces espèces ». 

Les arbres qui abritent les hérons fragilisés

Malgré ces crues printanières, la rivière Allier est aussi sujette à la sécheresse. Toute cette forêt alluviale qui pousse les pieds dans l’eau est alors menacée. Ses habitants aussi. Le cœur de la ripisylve forme un écrin pour la biodiversité. C’est là que niche notamment l’emblématique héron cendré, à la cime de très grands arbres comme les peupliers. Pierre Chaud souligne : « Tous ces arbres qui vont souffrir du manque d’eau vont vieillir prématurément. Ils vont être cassants. Le héron, qui aime ces grands arbres, va voir disparaître de plus en plus des sites de reproduction et de nidification probable ».

Des zones préservées

Ce qui sauve la forêt pour le moment, ce sont des boires, d’anciens bras de la rivière, désormais déconnectés. Pierre Chaud précise : « Cela va être de bonnes zones de pêche pour le héron car ce sont des endroits où l’on va trouver beaucoup de petits poissons et des amphibiens ». Dans la réserve du Bec de Dore, on trouve une vingtaine de kilomètres de réserves d’eau. Pierre Chaud conclut : « Ces boires, ces mares, ces bras morts ont deux fonctions très indispensables : en cas de crue, cela va être des zones éponges qui vont absorber la quantité d’eau excédentaire. Cela va limiter l’impact des crues à l’aval. En période de sécheresse, ce sont autant de réserves d’eau qui vont soutenir l’étiage des cours d’eau et limiter l’assèchement des cours d’eau ». Patrimoine naturel bercé par la rivière, parfois chahuté, le Bec de Dore est aujourd’hui indispensable tant à la vie sauvage qu’à la régulation du climat.

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